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SlimPay grossit en Europe, l’œil rivé sur l’Amérique…

La Fintech française SlimPay, le leader européen du paiement d’abonnements par prélèvement, a ouvert un bureau en Californie pour évangéliser les acteurs de cette nouvelle économie de l’usage, tout en poursuivant à grands pas sa conquête de l’Europe.

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Jérôme Traisnel, CEO de SlimPay, médaille d’or du classement Technology Fast 50 de Deloitte, qui récompensait en novembre 2015 les entreprises à la plus forte croissance © DR

Après avoir ouvert des bureaux à Londres, Berlin, Amsterdam et Madrid en Europe, la start-up Slimpay s’installe à San Francisco. « C’est aux Etats-Unis, et particulièrement sur la côte ouest, que l’on trouve le noyau dur de l’économie de l’abonnement avec des leaders comme Dropbox, Evernote, iTunes, Netflix, Google… », explique Jérôme Traisnel, CEO de SlimPay. Des acteurs qui privilégient tous l’usage de biens et de services (et donc l’abonnement), sur la propriété… Et la « formule d’abonnement par prélèvement » est justement le créneau de la Fintech française née en 2009 à Paris.

Ainsi, à un site marchand qui utilise la solution de paiement direct par compte bancaire de SlimPay, le consommateur fournit simplement son « Iban » pour autoriser un prélèvement en ligne, qu’il valide ensuite via un code reçu par SMS sur son portable pour engager son abonnement. Oubliés donc l’échange postal, comme les limites liées à l’obsolescence dans le temps d’une carte de paiement traditionnelle…

« Pour autant, si ce pays est très en avance côté consommateurs, notre première mission outre-Atlantique sera d’évangéliser ces entreprises sur les moyens de paiement utilisés en Europe, où nous bénéficions d’un marché totalement harmonisé au niveau des réglementations. Ce qui n’est pas encore le cas entre les différents Etats américains. »

Dans une récente étude (*) réalisée par Elabe pour SlimPay, 40 % des consommateurs européens interrogés ont enregistré leurs données de paiement pour simplifier les achats récurrents et 25 % supplémentaires se déclarent prêts à le faire dans un futur proche…

Aussi, en attendant de se faire connaître aux Etats-Unis et mieux maîtriser les habitudes des jeunes consommateurs américains, c’est en Europe que SlimPay concentre pour l’instant ses efforts. D’où sa levée de 15 millions d’euros réalisée fin 2015 auprès du fonds de capital développement néerlandais Prime Ventures. « Nous n’envisageons pas d’autre levée de fonds pour l’instant », précise-t-il.

Une offre intégrée dans Zuora

Suite à l’accord signé ce printemps avec la start-up américaine Zuora, l’intégration de la solution de paiement de SlimPay dans la plateforme de facturation du leader de la gestion de l’économie de l’abonnement, est désormais effective. La cible : les clients européens de cette start-up américaine en très forte croissance ! « Notre solution technique commune va de l’achat et la gestion de l’abonnement jusqu’au paiement, explique le dirigeant. Notre objectif était de construire un système propre aux métiers de l’abonnement avec nos deux savoirs complémentaires, explique le dirigeant, SlimPay sur la partie des paiements récurrents et Zuora sur la partie gestion des abonnements en amont ».

SlimPay tient en effet à développer les business models de demain en collaboration avec ses clients : « Nous participons avec le marchand à une réflexion globale. Par exemple, avec Icon, filiale de Novartis, nous avons mis au point une offre d’abonnement pour des lentilles de contact, accessible dans toute l’Europe. C’est vers cela que nous voulons de plus en plus aller que ce soit dans les secteurs des télécoms, de l’énergie, des transports, mais également dans bien d’autres domaines. Notre volonté est de « disrupter » l’offre par la technologie pour aboutir à une nouvelle expérience utilisateur. » Une problématique que le dirigeant connaît bien pour accompagner déjà plusieurs grands comptes dans leur transformation numérique (parcours client, souscription de produits…).

En Europe, les secteurs dans lesquels l’abonnement est le plus souvent utilisé sont les télécommunications, les services d’utilité publique et l’assurance. En France, en Espagne, au Benelux et en Allemagne, 75 % en moyenne des personnes interrogées utilisent un abonnement pour les télécommunications, les services d’utilité publique et l’assurance et 9 % supplémentaires sont disposées à utiliser l’abonnement pour ces services. La moyenne européenne représenterait ainsi une croissance potentielle de 16 % de l’usage d’abonnements pour le paiement des achats quotidiens… De quoi proposer de nombreuses opportunités de développement (**).

Aussi, dans les mois à venir, la start-up compte intégrer les spécificités locales auxquelles elle est confrontée par pays, « pour devenir la meilleure dans la mise en place du paiement » facilité, à l’image de ce que peut faire un Uber… chez qui l’acte de payer est devenu quasiment transparent. « La nouveauté nous permet d’être légitime. Nous ne sommes pas une banque », conclut Jérôme Traisnel, toujours à l’affût de nouvelles technologies dans son domaine.

Créée à Paris en 2009, autour de la problématique du passage au prélèvement européen Sepa, la fintech Slimpay (70 salariés, 90 fin 2016) compte plus de 2 000 clients comme EDF, SFR, Nespresso ou Deezer… et a déjà réalisé 5 milliards d’euros d’opérations. Fin 2015, elle a levé 15 millions d’euros auprès du fonds de capital développement néerlandais Prime Ventures, afin d’attaquer l’ensemble du marché européen.

(*) Retrouvez l’étude ici : https://www.slimpay.com/fr/ressources/livre-blanc-economie-abonnement-paiement/

(**) Etude sur l’impact de l’économie de l’abonnement sur les habitudes de consommation des européens