Social learning : les salariés, acteurs de leur formation

Après les serious games, les Moocs, voici le salarié qui forme ses collègues, en réalisant ses propres vidéos pédagogiques. Une formule qui a déjà conquis Orange, Leroy Merlin ou Airbus…

SpeachMe

Equipe de SpeachMe © DR

On n’est jamais si bien servi que par soi-même ! Ce proverbe résume le nouvel esprit qui souffle sur la filière de l’e-learning. Un nombre grandissant d’acteurs propose aux salariés de former leurs collègues, en créant eux-mêmes des contenus pédagogiques. Une formule « Do It Yourself » qui se veut économique, valorisante et attractive pour les apprenants. Un collaborateur, expert dans un domaine, aurait plus de crédit auprès de ses collègues qu’un formateur externe, qui ne maîtrise pas forcément aussi bien le sujet.

Transmettre son savoir-faire en vidéo

Si l’objet de la formation doit être couvert par le patrimoine de compétences de l’entreprise, les domaines d’applications, selon les éditeurs de ces nouvelles solutions, couvriraient des thématiques aussi diverses que les RH, le marketing, le commercial ou même la production. « L’été dernier, nous avons réalisé une série de vidéos pédagogiques autour de différentes problématiques RH, comme, par exemple, le recrutement de travailleurs étrangers. Ces vidéos de deux à trois minutes sont diffusées sur notre réseau social d’entreprise », explique Mireille Costerg, responsable du domaine Expertise carrière chez Orange. Ces contenus sont principalement des animations, mettant en scène des avatars, auxquelles sont ajoutées des voix off.

Pour l’aider à réaliser ces vidéos, l’opérateur a fait appel à une start-up : « Orange a exploité notre solution FabLab Pédagogie Numérique. Elle intègre l’accès à une sélection de logiciels et l’encadrement par des professionnels pour aider les salariés à fabriquer, en une ou deux journées, leurs médias pédagogiques, explique Juliette Brunelot, directrice associée de mySkillFactory. Il en coûte 900 euros la journée par utilisateur. Si ces vidéos étaient réalisées en externe, par une agence de communication, cela coûterait près de quatre fois plus cher. » Idem chez Airbus France, depuis 2014, avec SpeachMe (en photo, ci-dessus). Cette startup propose une plateforme en ligne permettant aux collaborateurs de réaliser des séquences vidéo en « vue immersive », depuis leur smartphone ou via des lunettes spéciales, intég chiffres social learning rant une caméra. « Airbus France utilise notre solution pour former ses techniciens aux bonnes pratiques en matière d’isolation des carlingues d’avions et afin que des seniors transmettent leur savoir-faire avant de partir à la retraite », détaille Najette Fellache, CEO de SpeachMe. 

Autre exemple : Leroy Merlin a mis en place en 2016 un SPOC (Small Private Online Course), pour former aux techniques de vente de nouveaux produits. Il s’agit d’une formation en ligne, ponctuée par différentes étapes, menant à l’obtention d’une validation de connaissances. Cette formation s’articule autour de vidéos pédagogiques, mais aussi de quiz et de forums. « Des collaborateurs, identifiés comme experts, animent les confé- DR rences vidéo en live ; et répondent aussi aux questions sur les forums », confie Nils Romier, directeur du développement chez Learning Tribes, partenaire de l’enseigne de bricolage pour la réalisation de ce SPOC.

Mais former ses salariés par d’autres salariés n’est pas toujours une formule adaptée. Pour une formation en management, les entreprises préfèrent encore faire appel à un intervenant extérieur, reconnaissent les éditeurs. « On ne peut pas tout faire avec les contenus pédagogiques réalisés par des salariés », estime Jérôme Bruet, directeur de la business unit Learning chez Talentsoft. Le leader européen du cloud RH a acquis, en juin dernier, E-doceo. Elle propose SkillCatch, une application mobile permettant aux collaborateurs de réaliser des vidéos pédagogiques depuis leur smartphone. « Plus qu’une alternative, la transmission du savoir-faire entre collègues, grâce au digital, est un complément aux autres formules de formation », conclut-il.

*The Deloitte Millenial Survey, 2014

Cet article est extrait du magazine Alliancy n°16 « Quelle gouvernance pour le numérique » à commander sur le site.

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