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Société générale, une autre vie à l’est

Depuis septembre 2016, plus de 5 000 collaborateurs de la Société générale s’installent peu à peu aux Dunes à Val de Fontenay, à l’est de Paris. Un site « symbole » de la transformation numérique de la banque où tout a été pensé pour et avec l’utilisateur.

Societe Generale © Jean-Pierre Porcher

Société générale, Les Dunes © Jean-Pierre Porcher

Telle une « ville » de verre et d’acier, le nouvel ensemble immobilier de la Société générale, situé à Val de Fontenay (Val de Marne), est une opération « pilote » pour le groupe bancaire dans tous les sens du terme. Appelée les Dunes (le nom a été trouvé par l’un des salariés du groupe), cette « technopole à l’ère digitale » abritera, dès janvier 2017 et sur 126 000 mètres carrés, 5 500 salariés du groupe, dont 30 % de prestataires. Ce sont les services IT en priorité (infrastructure et applicatifs des métiers) et les directions centrales de la banque issus des réseaux de la banque de détail en France ou de la banque d’investissement qui ont « emménagé » depuis le siège de La Défense à l’est de la capitale. Ils ont rejoint d’autres salariés du groupe déjà installés dans la ville depuis 1995.

Partout chez soi

Une technopole à l’ère digitale

Conçue par l’architecte Anne Demians
 5 bâtiments
 8 étages
76 000 m² de bureaux
 500 espaces collaboratifs
 14 000 m² d’espaces collectifs

Pour autant, en visitant les Dunes, rien de très habituel… Fini les places attribuées et les bureaux individuels ; oublié le téléphone, l’imprimante et, même, la corbeille à papier ! Place aux espaces collaboratifs et aux « quiet zones » en libre-service, de toutes tailles et à tous les étages ; et aux bureaux et sièges identiques, réglables à souhait. Tous les collaborateurs, au-delà de disposer chacun d’un casier sécurisé, sont équipés des mêmes outils informatiques : une carte à badger une seule fois le matin en arrivant, un PC portable (Dell/HP) doté d’un casque et d’un softphone, un outil de visioconférence Skype, une connexion Wi-Fi et c’est parti ! Ici, tout a été pensé sous le signe de l’ouverture. « L’idée est d’insuffler une nouvelle culture. Il y a une ambition d’ensemble dans le groupe de trouver cette capacité à nous réinventer, y compris dans la relation avec nos clients. On ne peut se transformer qu’en avançant, avec de nouvelles méthodes de travail, de management, plus horizontales et ici, on peut le faire de façon simple », explique Françoise Mercadal-Delasalles, membre du Comex et à l’initiative du concept des Dunes. La directrice des Ressources et de l’Innovation du groupe, qui se voulait loin d’un open space désincarné, a également tenu à conserver « des quartiers dans lesquels les gens s’en retrouvent » par service et un nombre de postes de travail équivalent à celui des collaborateurs. Chacun dispose donc d’un « lieu de rattachement » dans l’un des cinq bâtiments de la technopole.

Un bar à expérimentations

Toutefois, un tel changement d’habitudes ne se fait pas si… naturellement. 65% des Français travaillant dans un bureau sont intéressés par le télétravail, dont 24 % qui le pratiquent déjà* « Ce lieu nous invite à changer, nous met en mouvement, mais le naturel peut rapidement revenir au galop. Nos espaces de cocréation par exemple, certains n’en voient pas encore l’utilité… Il faut trouver comment s’en saisir », reconnaît Véronique Poulard, DRH de la direction des Ressources et de l’Innovation. Aussi, pour inciter au dialogue entre collaborateurs et managers ; et régler certains points d’achoppement, un « bar à expérimentations » a été instauré chaque vendredi pendant une heure. Coachés par les experts de DSides (Entreprise et Personnel), qui ont également travaillé sur la « Villa Bonne Nouvelle » d’Orange, tous les sujets autour des nouveaux formats de travail et modes de management sont abordés. « Chacun s’exprime sur des irritants, des souhaits… Ensuite, nous mettons en place des micro-expérimentations sur deux à trois
semaines, qui sont stoppées rapidement si elles ne conviennent pas. La difficulté est surtout pour les managers, précise Françoise Mercadal-Delasalles. Ils ont à gérer des équipes plus autonomes,réparties là où elles veulent, et des collaborateurs qui sont le plus souvent 1 à 2 jour(s) par semaine en télétravail. A eux de réinventer une posture managériale. Il leur faut basculer du contrôle à la confiance. C’est un grand pas. » De nouvelles règles de vie commune (ou chartes de quartiers) restent de fait à construire. L’originalité de ce projet, notamment inspiré de lieux existants dans la Silicon Valley et ailleurs, tient effectivement à l’implication des collaborateurs dès sa conception. Durant plusieurs mois, un comité Utilisateurs (avec une core team de 12 personnes) a travaillé en étroite collaboration avec les ressources humaines et tous les services concernés pour imaginer les Dunes (aménagements, technologies, usages…). « Nous avons créé une gouvernance différente, non-itérative, ultra- collaborative, en boucle continue d’amélioration, détaille Xavier Lofficial, directeur transformation processus et système d’information du groupe et responsable de ce comité.

Un objectif immobilier

 Rééquilibrer les pôles Ouest/Est
 16 000 postes de travail à La
Défense/9 000 à Val de Fontenay
 Rationaliser les frais de
fonctionnement du groupe

Avec deux axes de réflexion : réfléchir à l’utilisateur du bâtiment et regarder comment travailler autrement. » C’est ainsi qu’est notamment né le « Flexwork », ce concept adopté aux Dunes, et basé sur le partage des bureaux pour faciliter et encourager la mobilité et l’autonomie et le télétravail pour améliorer la qualité de vie au travail. Très en amont, 200 « ambassadeurs » volontaires avaient été réunis pour émettre des avis et échanger avec le reste des équipes. Puis, dans un esprit « Test and Learn », cela s’est vite élargi à 500 pilotes, puis à 1 000… afin d’appliquer  la méthodologie à une plus grande échelle dans les tours de La Défense, bien avant l’emménagement aux Dunes. « D’un projet immobilier d’envergure, c’est devenu un projet d’entreprise », confirme Françoise Mercadal-Delasalles. Depuis l’installation, une nouvelle équipe « projet » a été créée sur la partie « changement de comportement » à partir du comité Utilisateurs, qui a évolué dans sa composition. « Au départ, elle était très opérationnelle par rapport au déménagement et à l’installation. Aujourd’hui, elle est plus sur des problématiques de l’accompagnement au changement, des comportements managériaux, précise Véronique Poulard. On oriente et réoriente en permanence, au fur et à mesure. »

A terme, si cette organisation séduit, elle pourrait s’étendre au reste du groupe. En attendant, il y a des équipes mixtes entre les lieux, et le personnel de La Défense, est invité à organiser divers événements aux Dunes. « Tout le monde peut venir ici. On compte sur la viralité », insiste Francoise Mercadal-Delasalles, qui entend utiliser au mieux les différents espaces. Le groupe a d’ailleurs travaillé avec Schneider Electric sur une appli permettant d’analyser l’occupation des postes et des salles de réunion, pour optimiser l’immobilier. Si l’investissement total reste confidentiel, la direction indique néanmoins qu’un poste de travail tout compris s’élève ici à 7 000 euros annuels (contre 11 000 à La Défense). Ce qui fait également des Dunes, un « projet d’efficacité opérationnelle », conclut la dirigeante.

Cet article est extrait du magazine Alliancy n°16 à commander sur le site.

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