[Tribune] La gouvernance des données, un outil majeur au service de votre démarche RSE

À l’heure de l’“infobésité”, les entreprises ont à gérer un nombre croissant de données, collectées par les métiers en interne ou auprès des clients et utilisateurs finaux. Virginie Guillard Hardy, Consultante et Manager Data chez SQLI estime que si les données sont devenues un atout business indéniable, elles peuvent aussi représenter un casse-tête coûteux quand leur gestion n’est pas structurée.

Virginie-Hardy,-Consultante-et-Manager-Data-chez-SQLI

Virginie Guillard Hardy, Consultante et Manager Data chez SQLI

L’énergie humaine colossale à déployer pour naviguer dans cette montagne d’informations disparates, peut rapidement devenir contre-productive tandis que le stockage massif que cela demande n’est pas sans conséquence environnementale, entre alimentation électrique des datacenters, refroidissement des infrastructures grâce à l’eau.

A lire aussi : RSE : des tendances accentuées par la crise de la Covid-19

La gouvernance des données devient alors une nécessité pour répondre à ces défis mais aussi pour adopter un rapport plus responsable au numérique. Déployée par étape et en totale cohérence avec l’ensemble des métiers, elle devient même un outil indispensable pour toute entreprise ayant à cœur de déployer une démarche RSE solide et pérenne.

Une gouvernance en plusieurs étapes pour instaurer un rapport plus vertueux au numérique

Si la gouvernance de la donnée représente indéniablement un chantier coûteux, c’est aussi un projet porteur de nombreux bénéfices, tant financiers qu’écologiques et internes, vous permettant de fédérer vos équipes autour de cette nouvelle culture plus vertueuse.

Le stockage en datacenter peut rapidement représenter un coût important pour une entreprise et chaque donnée stockée consomme en électricité pour l’alimentation de la structure, en eau pour le refroidissement des salles et des serveurs, etc. Un des premiers axes de travail sera donc de cartographier et de trier les données en votre possession pour ne garder que les plus pertinentes et réellement exploitables, réunies dans un référentiel harmonisé où le cycle de vie de chaque donnée est clair. En réduisant ainsi le nombre de données exploitées et en ne conservant que celles nécessaires au traitement, votre demande en stockage sera réduite et le bénéfice immédiat sera tant financier qu’environnemental. Moins de données, mais plus pertinentes pour un stockage et un coût écologique rationalisés.

Le bénéfice est également interne. Alors que vos équipes se débattent peut-être dans une foule de données hétérogènes, non classifiées ou même labellisées, et perdent temps et énergie, la mise en place d’une gouvernance vous permettra de créer une source de données fiables et harmonisées pour tous. Cette gestion éclairée et structurée de la donnée, de son cycle de vie et de sa finalité pour l’entreprise permettra à vos collaborateurs d’être plus efficaces et d’optimiser leur énergie pour la consacrer aux axes stratégiques de leurs projets.

Une telle gouvernance vous permet alors d’amorcer un rapport plus vertueux et serein au numérique grâce à deux piliers : la rationalisation de votre impact écologique et la création d’un environnement de travail structuré pour préserver l’énergie de vos équipes.

Evitez l’écueil de la précipitation, optez pour un déploiement progressif et réfléchi

Quand la volonté de déployer une véritable gouvernance des données est actée, il existe plusieurs pièges à éviter, au premier rang desquels, la précipitation. La tentation peut être grande d’établir un programme global de gouvernance, pour l’ensemble des données et des métiers. Une telle démarche s’avèrerait rapidement très coûteuse pour l’entreprise, sans garantie de résultats avec l’installation d’un effet tunnel empêchant la priorisation efficace des chantiers à mener. Si la mise en place d’une gouvernance de la donnée est globalement bénéfique pour les entreprises, il convient de veiller à ne pas délégitimer le projet et le voir prendre l’eau quelques mois plus tard par manque de ressources et de temps.

Privilégiez une segmentation des chantiers sur un périmètre de données restreint, ce qui vous permettra de dégager rapidement des « quick wins ». Cette définition des premiers champs d’action doit être effectuée relativement tôt et en parfaite coordination avec l’ensemble des métiers qui seront impliqués dans le déploiement de cette gouvernance. Il est primordial que vous ayez conscience de vos propres moyens, humains comme financiers, avant de vous y lancer corps et âme.

A lire aussi : Véronique Torner (Syntec Numérique) : « On voit naître un élan collectif, qui dépasse les seules fonctions RSE »

Cette gouvernance des données doit concrètement être déployée dans une vraie volonté d’optimisation. Il est primordial qu’elle soit pensée comme une démarche pérenne et durable, et non pas seulement pour “verdir” votre image en tant qu’entreprise. Si elle est bienvenue dans votre stratégie de représentation notamment vis-à-vis de l’interne et de vos clients, elle ne doit pas servir cet unique intérêt, au risque d’être taxée de “green washing”.

Elle devra reposer sur un chef d’orchestre garant que le projet suivra une logique RSE : le Chief Data Officer. Ce dernier pourra insuffler le tempo du déploiement de cette gouvernance, vous accompagner dans la priorisation des chantiers à mener et en être le défenseur auprès des instances décisionnaires de l’entreprise. Il sera également le garant du partage de cette stratégie avec l’ensemble des collaborateurs qui en sont les acteurs de premier plan, pour fédérer les équipes et favoriser une culture d’entreprise autour de la démarche engagée.

C’est un projet impliquant et potentiellement coûteux qui, s’il est mené de façon progressive et réfléchie, pourra engendrer de nombreux bénéfices allant bien au-delà de votre image d’entreprise engagée.