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Investissements en hausse dans les applications pratiques de l’IA

Le Syntec Numérique a révélé les résultats d’une étude consacrée à l’intelligence artificielle à l’occasion de sa conférence semestrielle de juin. Le syndicat professionnel note la maturité encore faible des entreprises et le focus porté sur l’optimisation de l’existant.

Godefroy de Bentzmann, président de Syntec Numérique (DR)

Godefroy de Bentzmann, président de Syntec Numérique (DR)

Le Syntec Numérique peut se réjouir : la croissance des professionnels qui accompagnent la transformation des entreprises, éditeurs de logiciels, ESN, cabinets de conseil, est supérieure aux prévisions. Lors de son point semestriel, le syndicat a indiqué que le secteur continue à accélérer avec une croissance globale de +4,2% en 2018, contre +3,9% il y a un an. Le marché est tiré par le déploiement des technologies dites « SMACS » (pour Social, Mobile, Analytique, Cloud et Sécurité), par deux secteurs majeurs, l’industrie et la banque-assurance, et par les deux leviers que sont la transformation numérique elle-même et la mise en conformité réglementaire, notamment vis-à-vis du RGPD

Cette réussite qui remplit les carnets de commande des prestataires de tout horizon met cependant également une pression croissante sur les équipes de ceux-ci, les compétences restant un enjeu de premier plan tant sur le plan quantitatif que qualitatif. Ainsi 81% des membres du syndicat indiquent des difficultés de recrutement en 2018, contre 61% l’été dernier, et appellent à renforcer les rapprochements avec le monde de la recherche et des écoles. Le Syntec Numérique compte en parallèle renforcer son action pour encourage l’utilisation de CPF (compte personnel de formation), des contrats de professionnalisation et des POEI (préparation opérationnel à l’emploi individuelle). Il mène également des actions collectives sur les thèmes du Big Data, du Cloud et de la cybersécurité, sur lesquels les manques sont les plus criants. Plus de 14 500 personnes ont été formés en ce sens en 2017.

Les entreprises s’emparent lentement de l’IA

Régler ce problème de compétences va devenir un casse-tête d’autant plus urgent que le Syntec Numérique commence à percevoir l’arrivée d’un prochain point d’inflexion notable du marché autour de l’intelligence artificielle. Ainsi, la dernière étude menée sur le sujet par l’organisation professionnelle montre que si la maturité des entreprises est encore faible sur le sujet, la croissance des investissements est, elle, de plus en plus soutenu. De fait, 27% des entreprises mènent déjà des projets ou ont lancé des initiatives IA, tous sujets d’application confondu. Le même nombre ne mène aucune réflexion sur la question. Entre les deux, près d’une entreprise sur deux s’interroge en essayant de mieux comprendre le sujet ou en menant une réflexion sur les gains métiers à débloquer. Les administrateurs du Syntec Numérique soulignent que la majorité des projets lancés sont souvent des expérimentations, mais notent aussi la multiplication des « modules et composants IA » dans les produits déjà existant, notamment les logiciels, ce qui contribue à la difficulté de déterminer un périmètre réel de l’IA dans les entreprises.

Quoiqu’il en soit, 52% des répondants prévoient une croissance des budgets alloués à l’intelligence artificielle sous deux ans, dont 25% estiment que cette croissance sera de plus de 20%. Cette croissance est à ramener à la petitesse des budgets concernés pour le moment : pour près d’une entreprise sur deux, ils sont de moins de 100 000 euros en 2018. Cependant 6% des organisations admettent consacrer entre 500 000 et 1 millions d’euros à la thématique.

Motivation pour investir : optimiser l’existant

Cette prudence se retrouve aussi dans le choix très pragmatique des applications sur lesquelles les entreprises se concentrent. « L’efficacité et l’optimisation sont au cœur des projets IA » note le rapport du Syntec Numérique. Les points clés qui motivent les entreprises à investir sont ainsi la réduction du temps des processus (71%), l’optimisation des opérations et processus internes (66%) et la réduction des coûts grâce à l’automatisation (56%). Le développement de nouveaux services et produits n’arrivent qu’en 6e position, juste devant l’enrichissement de la connaissance client et la capacité de personnalisation des interactions.

Cette logique se retrouve quand on s’intéresse aux projets déjà déployés dans les entreprises en 2018. Le podium accueille l’utilisation d’algorithme de machine learning (28% déjà déployés, 23% en projet), d’assistants intelligents (31% déjà déployés, 16% en projet) et de robots logiciels pour l’automatisation de processus (30% déjà déployés, 3% en projet).  Pour comparaison, seules 8% des entreprises utilisent déjà des outils d’analyse d’images et 11% comptent le faire.

Plus surprenant, parmi les organisations qui ont déjà une idée du modèle de développement pour leur initiative IA plus d’une entreprise sur cinq compte avancer sur ses projets grâce à des développements spécifiques menés par les équipes interne. A l’inverse, plus d’un tiers d’entre elles comptent avoir recours à une solution toute prête disponible sur le marché. Une césure que pourrait expliquer à nouveau la lutte croissante autour des compétences : parmi les entreprises qui se sont lancés, 27% estiment manquer de data scientists, 18% de spécialistes métiers ayant des compétences en IA et 18% de spécialistes de l’expérience utilisateur.

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