Réalité virtuelle : Inetum croit en l’open source

La réalité virtuelle est toujours un sujet lors du salon VivaTech… jusqu’aux dernières annonces du Président de la semaine dernière. Une occasion d’échanger avec Jean-François Gaudy d’Inetum et de revenir sur la plateforme open source proposée par l’ESN pour créer divers univers numériques virtuels.

Un exemple d'univers immersifJean-François Gaudy, Corporate Vice-President Innovation & Digital de l’ESN Inetum, est enchanté des dernières annonces du Président Macron en matière de metavers et culture immersive (lire l’encadré). Une occasion d’échanger sur VivaTech la semaine dernière.

A la tête des sept fablabs du groupe, dont trois situés en France (Lyon, Nantes et Paris), il revient sur cette organisation originale par sa force de frappe. « Au total, 150 personnes y travaillent, entièrement dédiées à l’innovation, explique-t-il. Elles développent des procédés, des technologies pour et avec nos clients jusqu’à atteindre leurs marchés. »

Le groupe veut en effet être proactif dans sa veille et sa recherche sur de nouvelles technologies, en vue de rencontrer le marché au travers des métiers de ses clients. « Si on s’engage avec l’un d’eux, nous savons ce qu’il veut et cette collaboration pourra nous servir dans d’autres secteurs ou d’autres partenariats », poursuit-il.

Dans cette logique, les exemples ne manquent pas… à commencer par l’IA générative (réseaux de neurones) à laquelle le groupe s’intéresse depuis  longtemps. « Nous avons commencé par la génération d’images de défauts pour entraîner nos modèles utilisés par exemple pour le contrôle qualité dans les usines », détaille-t-il, rappelant que l’IA générative permet de créer des modèles très complets à partir d’images qui n’existent pas (qu’il s’agisse de visages ou d’objets). Cette technologie permet aussi de créer de la donnée de synthèse par exemple : « Nous avons des modèles qui savent générer des articles à partir d’informations qui n’existent pas. On parle alors d’IA du langage comme d’IA au service des données chiffrées (prospective) ».

L’expert détaille alors un exemple récent mené avec la Métropole de Montpellier, où il sera par ailleurs organisé une « convention citoyenne » sur l’intelligence artificielle à l’automne prochain. L’objectif ? Promouvoir une intelligence artificielle souveraine, responsable et éthique, en conviant des acteurs publics et privés travaillant avec cette technologie. A noter qu’en mars dernier, Montpellier interdisait l’utilisation de ChatGPT à ses agents et fournisseurs…

Présent dans plus de 27 pays, le Groupe Inetum a réalisé un chiffre d’affaires de 2,4 milliards d’euros en 2022. Il compte près de 27 000 collaborateurs, dont 10 000 en France (400 à Montpellier). Cliquez pour tweeter

En attendant, la Métropole met en place des expérimentations, comme un démonstrateur d’IA générative permettant aux citoyens de rechercher, facilement et de manière conversationnelle, des informations dans les délibérations et comptes rendus des conseils municipaux.

Avec les équipes d’Inetum et en collaboration avec les acteurs locaux, ce démonstrateur, installé sur les supercalculateurs de l’université de Montpellier hébergés au Cines, a été réalisé en seulement deux semaines. Surtout, en complément, et pour respecter les attentes de la Métropole, celui-ci est basé non pas sur un modèle propriétaire OpenAI (comme l’est ChatGPT), mais sur un modèle communautaire et Open Source (Open Assistant – Pythia).

La réalité virtuelle accessible pour les entreprises

« Notre but dans ce projet est d’être au service du citoyen pour leur apporter les réponses les plus pertinentes, précise Jean-François Gaudy. La puissance du modèle est ce que l’on va y ajouter, soit des éléments d’informations pour en améliorer les résultats. Dans ce cas précis, les réponses sont piochées directement dans les délibérations et les comptes rendus de conseils municipaux. Ce qui apporte également plus de transparence pour les citoyens. »

Face à cet engouement autour de l’intelligence générative, le groupe annonce également avoir développé un protocole standard UMI3D (versé en open source) sur lequel est basée sa plateforme « Intraverse », qui permet de créer des univers numériques virtuels dans lesquels les utilisateurs peuvent interagir entre eux, mais aussi avec leur environnement. Une déclinaison du metavers en quelque sorte pour le secteur du BtoB…

Alors, quelles sont les cibles ? « Il y a le secteur de la formation des opérateurs dans des environnements complexes bien sûr, ou encore des étudiants en mode collaboratif dans une salle de classe, mais nous imaginons aussi embarquer les collaborateurs qui s’apprêtent à rejoindre l’entreprise dans des parcours d’onboarding virtuels », illustre-t-il.

Cela peut aussi concerner la défense pour les simulations de situations à risques ou encore le sport pour retravailler des actions de jeu sur lesquelles on veut imaginer des variantes ; enfin, le bâtiment pour concevoir, restaurer et utiliser les données du BIM.

« Nous proposons la plateforme, à utiliser seule ou avec l’aide de nos équipes, qui permet de créer différents types de contenus ou d’univers… On peut tout y modéliser », sachant que cette plateforme peut s’adapter à différents types ou générations de casques de réalité virtuelle.

Aujourd’hui, issus de ses fablabs, le groupe compte à 7 à 8 produits opérationnels mis sur le marché. « Nous sommes un industriel de l’IT qui, avec ses innovations et ses propres briques technologiques, donne une longueur d’avance à nos clients », conclut-il enthousiaste.

Un appel à projets en préparation

Lors du salon VivaTech la semaine dernière, le président de la République a fait plusieurs annonces concernant le secteur de la Tech (plan Tibi 2, soutien à l’IA…), dont, grande nouveauté, une allocation de 200 millions d’euros pour un prochain appel à projets « Culture Immersive et Metavers » dans le cadre du plan France 2030.

Plus précisément, 150 millions d’euros seront dédiés aux « pratiques de culture immersive et de métavers », les 50 millions restants allant dans les briques technologiques souveraines.

Pour le Président, il est essentiel d’être un acteur impliqué dans le développement de ces technologies pour s’assurer notamment que le droit d’auteur soit respecté et que la valeur n’échappe pas à nos artistes.