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Rotterdam connecte entièrement son port

Aux Pays-Bas le port de Rotterdam a déployé de nombreux capteurs pour améliorer son activité et fournir de nouveaux services à ses clients.

| Cet article fait partie du dossier « Internet des objets : quand les services se réinventent »

Le port de Rotterdam, le plus grand d’Europe, prend en charge 140 000 navires chaque année. ©DR

Le port de Rotterdam, le plus grand d’Europe, prend en charge 140 000 navires chaque année. ©DR

Désigné meilleur port au monde en 2017 pour la sixième année consécutive par le Forum économique mondial, le port de Rotterdam – qui gère plus de 461 millions de tonnes de marchandises par an – s’est engagé dans un projet d’internet des objets (IoT) à grande échelle pour améliorer sa compétitivité. L’idée est de relever les mesures météorologiques et maritimes, pour la prévision des marées, et ensuite les relier aux informations sur le transport portuaire. L’équipe s’est fixée comme objectif de parvenir à gagner une heure de temps dans l’accostage pour les quelque 140 000 navires pris en charge chaque année, ce qui représente une économie de 80 000 dollars.

Une cinquantaine de capteurs ont été répartis sur les 42 km du site, sur les bouées et les murs de quais, pour permettre aux opérateurs portuaires d’identifier le moment et le lieu d’accostage optimaux. L’ensemble des données recueillies sont traitées dans un dataflow. « Nous disposons d’une bonne couverture réseau, la difficulté a plutôt été de trouver les bons capteurs », précise Vincent Campfens, Business Consultant IoT au port de Rotterdam, en évoquant leur nécessaire résistance à la corrosion. Les navires disposent quant à eux d’un tableau de bord commun pour avoir une information identique en temps réel.

L’IA pour renforcer le prédictif

Le port de Rotterdam travaille sur ce projet depuis près de deux ans et l’a vu se concrétiser avec un partenariat noué avec IBM via sa société The Weather Company, spécialisée dans la prédiction météorologique. « Nous avons choisi cet acteur en raison des caractéristiques de sa solution, sécurisée, flexible et assurant l’intégrité des données. Il nous fallait aussi une structure qui nous fournisse l’information adéquate au bon moment pour nous permettre de tester différents scénarii et prendre la bonne décision », détaille Vincent Campfens, en rappelant qu’un port forme un environnement complexe doté d’une infrastructure importante.

Les possibilités en machine-learning des solutions IBM ont aussi retenu son attention. Le port de Rotterdam projette en effet d’introduire de l’intelligence artificielle (IA) dans ses projets futurs pour renforcer le prédictif. « L’IA est un bon outil permettant de nous conforter dans nos décisions et de réduire les facteurs de risques », affirme le business consultant.

« Connecter le port… une suite logique »

Vincent Campfens imagine déjà apporter de nouveaux services à ses clients. « L’IoT est présente depuis longtemps dans le port, avec les capteurs pour informer les clients des places de stationnement disponibles ou ceux sur les conteneurs. Son introduction au cœur de notre activité et à cette échelle est nouvelle mais elle était logique. Si nous sommes désormais capables de prévoir quand un bateau arrive, où et quand exactement, nous pourrons optimiser le transport et le travail de chacun », souligne-t-il, prévoyant de pouvoir orienter à l’avance un camion vers le bon terminal pour lui permettre de se tenir prêt à l’arrivée des conteneurs.

CARNET Iot

D’autres projets numériques voient le jour : le port de Rotterdam s’est lancé dans la création d’un jumeau numérique du port, dans l’impression 3D de pièces de navires et dans la maintenance prédictive. « L’IoT est aussi un moyen pour nous de faciliter la transition énergétique. Je ne veux pas que les gens considèrent les ports de manière négatives, comme source de pollution », confie Vincent Campfens, souhaitant faire de Rotterdam un port durable.

Ailleurs dans le monde, d’autres ports misent sur l’IoT pour répondre à l’augmentation du flux de marchandises, diversifier et optimiser leurs services. Au Brésil par exemple, le port d’Açu travaille depuis 2015 avec Gemalto sur une solution permettant de surveiller les conditions océaniques afin d’améliorer la sécurité de la navigation, rationaliser la circulation des navires et augmenter la productivité des ports.

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