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[Afterwork Alliancy Connect] « Transition écologique et numérique : le défi d’un bilan carbone honnête » 

La communauté Alliancy Connect tenait son premier Afterwork de l’année ce mercredi 16 mars, afin de permettre à tous ses membres – nos lecteurs – de rencontrer la rédaction et les personnalités que celles-ci juge inspirantes face aux enjeux actuels de résilience numérique des entreprises. 

Afterwork du 16 mars 2022 au sein d'Alliancy sur la transition écologique et numérique : le défi d’un bilan carbone honnête

Afterwork du 16 mars 2022 au sein d’Alliancy sur la transition écologique et numérique : le défi d’un bilan carbone honnête

La neutralité carbone correspond à un état d’équilibre entre les émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine et leur retrait de l’atmosphère. L’objectif actuel au niveau de l’Europe est d’atteindre cette neutralité d’ici à 2050, afin de limiter le réchauffement climatique à une hausse de 1,5°C en raison de la corrélation directe entre le réchauffement climatique et les émissions de gaz à effet de serre.   

Mais pour y parvenir, des efforts très conséquents sont à faire dès maintenant. Sans cela, notre « budget carbone » sera consommé dans la décennie à venir, hypothéquant toute chance de rester en-dessous de cet objectif ensuite. Pour que les entreprises relèvent ce défi urgent, diverses aides, technologies et solutions (notamment numériques) sont à leur disposition pour aller vers cette recherche d’efficacité énergétique et de décarbonation de leurs activités. A condition de le vouloir pour ne pas subir demain.   

La durée de vie des matériels, l’enjeu majeur 

En 2020, le numérique a été responsable entre 2 à 4 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, une part qui devrait atteindre les 6 % en 2025. Cela peut sembler peu si l’on compare avec d’autres secteurs d’activité, mais « on observe une augmentation très forte des équipements numériques dans le monde. On parle d’un triplement de l’impact sur l’effet de serre en quinze ans », avertit Lise Breteau, avocate au barreau de Paris, spécialiste en droit des technologies et contributrice du collectif GreenIT.fr, le collectif des experts de la sobriété numérique, du numérique responsable, et de l’écoconception de service numérique. 

« La première chose à faire est d’augmenter la durée de vie des outils, assure l’avocate. La France s’est dotée en 2021, d’une loi visant à réduire l’impact environnemental du numérique (REEN), qui va notamment mettre en place un indice de durabilité des produits qui pourra servir d’un critère concret pour les politiques d’achats des DSI. Ces indices vont également être intégrés aux marchés publics ». 

« Aujourd’hui, on s’intéresse à la performance environnementale, poursuit Gilles Mezari, CEO de TaaS, société spécialisée dans la gestion des équipements mobiles des entreprises. La fabrication d’un ordinateur de deux kilos nécessite 800 kilos de matières premières et 1 500 litres d’eau »… TaaS propose une gestion plus durable des flottes des équipements numériques : « Nous mettons en place des solutions mixtes entre produits et durabilité pour jouer sur la durée de vie des outils et permettre d’avoir une politique RSE au sein des entreprises », explique le dirigeant, par ailleurs, membre du conseil d’administration de Numeum, en charge du collège des éditeurs de logiciels. 

Le numérique pour aider d’autres secteurs 

En comparaison avec le numérique, le secteur du bâtiment a un impact bien plus conséquent sur les émissions de carbone dans l’atmosphère. Il représente 23 % de l’ensemble des émissions, soit l’équivalent du secteur du transport. Damien Cuny, fondateur de Kompozite, plateforme permettant d’aider l’ensemble de la chaîne de valeur du bâtiment à calculer son impact environnemental l’explique : « Des seuils existent mais ils sont assez pédagogiques. L’objectif est de baisser de 35 % en dix ans. Notre solution prend également en compte la pollution des matières premières, la consommation en énergie ou encore en eau. » 

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Pour appuyer les démarches des écologiques des entreprises, la société EcoTree propose une solution pour leur permettre d’arriver au zéro carbone. “On va se lier à des entreprises bas carbones, valider leurs démarches et planter des arbres pour compenser les émissions” indique Baudouin Vercken, cofondateur de la société. « Il faut agir vite parce que la création de puis de carbone va se faire dans des temporalités qui nous dépassent ». 

Lise Breteau rappelle qu’il est nécessaire de ne pas se contenter de réduire l’impact carbone car cela peut engendrer d’autres risques : « Il y a une vigilance à garder sur le fait de se limiter aux analyses monocritères car il y a un vrai risque de transfert d’impact et de pollution ». Il est donc essentiel d’observer l’ensemble des aspects pour ne pas diminuer l’empreinte carbone en augmentant d’autres empreintes comme celle de l’eau ou de l’énergie, qui est un autre enjeu majeur des décennies à venir. 

La réglementation, clef du changement 

Présente lors de cet afterwork dans les locaux d’Alliancy mercredi 16 mars, Catherine Croiziers, responsable du numérique chez SCC, estime que cette prise de conscience ne se fera pas toute seule : “Pour que ça avance, il faut que nos grands dirigeants soient incités parce qu’il y a toujours le maitre euro derrière. J’y crois uniquement par l’argent”. “Il faut passer par la réglementation avec des quotas carbone à respecter, répond Damien Cuny. Ensuite, l’utilisation de produit bas carbone va certainement augmenter faire baisser les prix”. 

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La question de l’obsolescence prématurée est également clef pour lutter contre la surconsommation des objets numériques et augmenter leur durée de vie. “Comment en sortir ?” interroge Michel Juvin, directeur cybersécurité au sein du Cesin. Pour Lise Breteau, la réglementation est une nouvelle fois la solution : “Il faut imposer un allongement des durées des mises à jour des logiciels.” “Il existe des industries où on se doit de fournir des pièces détachées pendant 10 ans, pourquoi pas dans le numérique”, conclut Gilles Mezari.