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L’IA à la base de la voiture autonome

Encore au stade d’expérimentation, la voiture autonome continue à faire toujours plus parler d’elle. L’intelligence artificielle tient une place importante dans l’ensemble des projets. Panorama.

Les véhicules autonomes sont encore en phase d’expérimentation auprès des constructeurs. ©Transatel

Les véhicules autonomes sont encore en phase d’expérimentation auprès de la plupart des constructeurs. ©Jaguar Land Rover

Cette année, le Mondial de l’Auto (1-14 octobre) se dote d’une nouvelle marque : Mondial Tech. Les professionnels auront ainsi un salon dédié pour échanger et favoriser l’émergence de solutions pour le véhicule de demain. « Nous voulons mêler les expériences de différents secteurs pour enrichir l’écosystème automobile », annonce Jean-Claude Girot, commissaire général du Mondial de l’Auto, qui prévoit d’organiser cet événement de manière annuelle. L’intelligence artificielle est notamment perçue comme source de potentiel dans un marché de la voiture intelligente prévu avec une croissance de 75% d’ici à 2025 selon une étude de JP Morgan.

Et les annonces se multiplient ces derniers mois. Après le livre blanc de l’Inria sur les véhicules autonomes et connectés publié en mai dernier, Ford a annoncé en juin étudier les interactions entre les véhicules autonomes et les habitants de Miami lors de la livraison sur le dernier kilomètre, tandis que la ville de Rouen a lancé son expérimentation pour faire rouler dans ses rues quatre Renault électriques Zoé autonomes sans chauffeur. Pour les acteurs du monde de l’automobile, l’appropriation de ces technologies est une priorité au vu des travaux menés par les GAFA.

Une voiture intelligente génère 1 Go de données par seconde

Une urgence confirmée par l’entreprise spécialiste des processeurs dédiés aux nouveaux systèmes intelligents Kalray. « C’est maintenant que les constructeurs doivent trouver des solutions innovantes, une compétition mondiale est en cours », affirme Éric Baissus, directeur général. Kalray a annoncé son introduction en bourse pour développer un nouveau processeur intégrant, lui aussi, de l’intelligence artificielle. Reposant sur un type d’architecture comprenant plusieurs centaines de cœurs, dit many-core, ces processeurs –  actuellement en phase d’évaluation chez sept constructeurs – permettent d’analyser des flux importants de données grâce à une puissance de calcul 100 fois plus importantes que les anciennes puces et de réagir en temps réel. « Augmenter les performances est vitale pour les constructeurs, une voiture intelligente génère 1 Go de données par seconde », ajoute Éric Baissus, qui considère l’automobile comme un marché stratégique.

Les applications de l’intelligence artificielle dans la voiture autonome se révèlent nombreuses. « Les cas d’usage sont vastes. Ils concernent principalement l’apprentissage de la conduite par machine-learning pour apprendre à la voiture comment se comporter en cas d’accident par exemple, rappelle Gérard Cambillau, délégué Transport et Mobilité à Télécom ParisTech, la première grande école à proposer depuis 2017 un Mastère Spécialisé Smart Mobility et CES Systèmes de transport intelligents (STI) et mobilité dans les transports. L’IA intervient également dans la vérification de la qualité des organes de la voiture en maintenance prédictive ; dans la connaissance de l’environnement grâce aux données remontées de capteurs ; dans l’analyse du comportement du conducteur ou encore dans la cybersécurité pour surveiller l’état de la connectivité et éviter tout piratage. »

Pour lui, l’enjeu principal reste la sécurité : « Il faut que le véhicule autonome soit sécurisé. C’est une condition essentielle pour ne pas que les utilisateurs rejettent ce type de véhicule. » Se basant sur ce constat, l’éditeur néerlandais Here Technologie a conçu une nouvelle solution sans fil, OTA Connect, pour garantir le transfert sécurisé de données, de logiciels et de firmwares entre le cloud et un véhicule pour mettre à jour et améliorer les fonctions d’une voiture à distance.

La voiture connectée, une offre de la mobilité as a service

Pour Jacques Bonifay, CEO de Transatel, la prochaine étape sera l'identification du conducteur pour personnaliser le parcours client. ©Transatel

Pour Jacques Bonifay, CEO de Transatel, la valeur d’une voiture, aux yeux du consommateur, résidera aussi dans ses services connectés. ©Transatel

Les usages de l’intelligence artificielle sont au croisement d’autres technologies, comme l’internet des objets et la 5G. Les travaux sur la connectivité promettent aussi des avancées pour les constructeurs, qui auront accès à la donnée plus rapidement et pourront proposer de nouveaux services. A la différence de la voiture autonome qui analyse les données de manière indépendante, principalement pour aller vers une conduite automatisée, la voiture connectée permet à l’utilisateur d’être connecté à internet via la 4G ou le wifi.

Le groupe Jaguar Land Rover lance ainsi le wifi à bord de ses modèles au Royaume-Uni, en Italie et en Allemagne. « Nous avons élaboré une carte sim pour doter les voitures d’une connectivité cellulaire permettant de couvrir le service de navigation, l’accès à internet depuis le tableau de bord et le wifi à bord, précise Jacques Bonifay, CEO de l’opérateur mobile Transatel, en charge du projet. Avec l’arrivée de la 5G, les constructeurs ont intérêt à devenir des opérateurs mobiles virtuels dès aujourd’hui. » La connectivité, qui pousse l’essor du big data pour le traitement de l’information, est par ailleurs encouragée par la réglementation européenne, avec l’obligation d’installer dans tous les véhicules neufs le système d’alerte eCall fonctionnant grâce au modem. 70% des véhicules neufs devraient ainsi être connectés en 2020.

Au-delà de ces nouveaux services, Télécom ParisTech encourage la réflexion autour de la mobilité en général. « Le véhicule connectée doit être pensé dès maintenant dans un contexte de « mobility as a service », c’est l’intermodalité qui est importante », soutient Gérard Cambillau, qui accueille la loi d’orientation des mobilités comme un accélérateur d’expérimentations. La ville de Rennes met au point une application du réseau de mobilité de la métropole s’appuyant sur les usages des citoyens. « Accessible à la rentrée auprès du grand public, cette application proposera un calculateur d’itinéraires avec les possibilités de transports en commun et de covoiturage », détaille Jean-Jacques Bernard, élu chargé des transports à Rennes. La voiture connectée ou autonome s’inscrit au final pleinement dans les projets de villes intelligentes. Une réflexion également au cœur du festival « Building Beyond » sur la ville de demain.