Ville intelligente, des territoires à co-construire et à sécuriser

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Gérard Le Bihan, Directeur Général du pôle de compétitvité Images & Réseaux

Les premières expérimentations de la ville intelligente ont commencé il y a plus de 10 ans, hors de nos frontières. Depuis, de nombreuses initiatives ont vu le jour en France. Gérard Le Bihan, Directeur Général du pôle de compétitvité Images & Réseaux, et expert en matière d’énergie et des TIC, décrypte les nouveaux enjeux de la ville. La sécurité se place au premier plan.

La ville de demain sera intelligente, c’est une certitude. La transformation numérique facilite la création chaque jour d’une multitude de solutions afin d’optimiser bâtiments, réseaux, transports, énergies… Les nouvelles technologies transforment nos habitudes de vie offrant des services toujours plus connectés. À ces progrès se confrontent la vulnérabilité des villes et la crainte du grand public, notamment en termes d’accès aux données, individuelles ou collectives, facilitant les piratages et le détournement de systèmes.

La sécurité, clé de réussite du développement numérique d’un territoire

Au-delà des données personnelles et face aux menaces qu’implique un monde connecté, il est impératif aujourd’hui, de prendre davantage en compte la dimension cybersécurité dans chacune des applications liées aux smartcities. Au niveau des réseaux électriques intelligents, que se passe-til, par exemple, si quelqu’un décide de hacker le système de gestion des lampadaires intelligents d’une ville et d’accéder ensuite au réseau des opérateurs d’énergie ?

Nous sommes persuadés que les smartgrids ne se déploieront que dans un contexte de produits et services de confiance. Cette confiance numérique est essentielle et doit être complétée par une validation du point de vue cybersécurité des solutions déployées ensuite à grande échelle. C’est un des nouveaux enjeux de la ville.

Disposer d’une infrastructure à laquelle chacun viendra connecter sa solution, avec un réseau de référence, avec des outils de vérification de leur interopérabilité et de leur ‘non nocivité’ du point de vue sécurité, s’avère désormais essentiel dans le cadre d’expérimentations. C’est ce que propose le projet SMILE dans sa réponse à l’appel à projets du Gouvernement pour déployer à grande échelle les Réseaux électriques intelligents.

La confiance numérique au cœur de la co-construction de la ville intelligente

Pour les acteurs du numérique l’enjeu est de choisir la bonne technologie pour chaque application. Aucune technologie ne sera capable de tout faire dan une ville qui est un système de systèmes complexes. Il conviendra donc d’exploiter la meilleure technologie par rapport aux contraintes, problématiques ou encore objectifs fixés.

À la sécurisation des applications de gestion des biens, transports et personnes vient s’ajouter un autre enjeu, à la frontière de la sécurité : l’acceptation de ces technologies par le principal utilisateur, le citoyen. Comment une ville intelligente peut-elle être efficiente si ses utilisateurs la rejettent ? Malgré une fracture de génération – les générations plus jeunes étant sans doute majoritairement plus laxistes sur ce point là – il convient d’assurer au grand public que les données ne sont pas n’importe où, et pas accessibles à n’importe qui, certifiant le respect de sa vie privée. Ainsi, le citoyen sera prêt à adopter les applications qui lui permettront de vivre dans une ville intelligente.

La ville de demain se construira avec ses habitants. Nous devons travailler avec des outils de modélisation et prévisualisation permettant de concevoir la ville, de simuler son évolution et d’en exploiter les résultats. Avec un double niveau d’exploitation : par l’exploitant opérationnel de la ville (les élus), et au travers du citoyen dans la relation qu’il entretient avec ces derniers.

Sur le territoire du pôle, à Rennes, la Métropole pionnière dans l’ouverture des données (open data) a développé un partenariat avec un des adhérents du Pôle, 3DS, autour de la plateforme 3DExperiencity, un outil permettant de penser collectivement la ville de demain, tant avec décideurs politiques, les professionnels de l’aménagement et de la vie du territoire qu’avec ses habitants. Dans le monde, d’autres pays ont déjà mis en place leurs villes intelligentes. Je pense notamment à la Corée grâce à une connectivité très développée, le haut débit étant présent au sein de nombreuses villes. En Europe, citons l’approche innovante de Barcelone qui, pour être indépendante, a choisi de faire développer sa propre plateforme de ville intelligente. A Santander 20 000 capteurs ont été installés pour instrumenter la ville et les applications développées permettent aux citoyens d’aider à la gérer avec plus de 200 000 informations environnementales par jour envoyées par les usagers de la ville.