Real Estate : Quelles priorités en 2022 face aux hésitations post-crise de l’immobilier professionnel ?

Les conséquences de la pandémie ont poussé de nombreuses entreprises à faire des déclarations clivantes sur l’avenir de leurs bâtiments et bureaux. Mais jusqu’où iront vraiment les organisations dans cette réinvention ? La situation actuelle est loin d’être limpide et stabilisée. Pour les acteurs de l’immobilier, il faut gérer l’adaptation des bâtiments non seulement suite au décret tertiaire, mais aussi face à cette évolution en cours de l’organisation du travail. Les projets immobiliers majeurs, tel ceux d’un changement de siège social, seront d’autant plus observés dans ce contexte. Reconfiguration de l’existant, adaptabilité des bâtiments de demain, performance énergétique… les sujets ne manquent pas, notamment sous l’influence du numérique qui ouvre le champ des possibles.

Le 7 décembre dernier, Alliancy réunissait des dirigeants du secteur pour faire le point sur ces questions et recueillir leurs visions sur les évolutions en cours. Ce dîner de la rédaction a rappelé à quel point il est devenu urgent pour les acteurs de l’immobilier, investisseurs, promoteurs et foncières, d’envisager de nouvelles synergies pour s’adapter dans la durée face aux nouvelles attentes.

Sylvain Fievet, directeur de publication Alliancy

« En tant qu’observateurs chez Alliancy, nous souhaitons aller au plus près de ceux qui mènent la transformation, comme vous, dans les entreprises et ce d’autant plus en ces temps incertains que nous traversons depuis dix-huit mois. En terme d’immobilier tertiaire, beaucoup de nos interlocuteurs se posent la question du devenir du bureau et de sa fréquentation post-Covid par les collaborateurs, notamment du fait de la généralisation du télétravail... Le sujet de l’accessibilité devient aussi un sujet car la mobilité dans son ensemble doit être repensée et les bâtiments adaptés à cette nouvelle réalité. »

Aurélie Deyirmendjian, COO et secrétaire générale de Sogeprom (filiale de Société Générale)

« La ville intelligente et durable sera mixte. Dans ce contexte, l’immeuble tertiaire peut être une véritable valeur ajoutée en étant beaucoup plus ouvert sur le quartier et attractif. Le bureau en tant que hub social, situé dans un quartier vivant, où l’on se retrouve pour échanger et performer collectivement, doit offrir des services ouverts aussi à l’extérieur. Les espaces collaboratifs, modulables et parfaitement équipés pour permettre la collaboration in situ ou à distance, doivent pouvoir être partagés pour travailler en mode projet et en faciliter la réalisation. Le bureau doit être pensé désirable, sain et connecté et intégrer nativement les enjeux liés à la digitalisation et au traitement de la donnée. Devant nous, professionnels de l’immobilier, s’ouvre un champ de réflexions, d’expérimentations et de réalisations, nous offrant une période créative particulièrement stimulante pour participer de façon active à la transition urbaine en la concevant avec toutes les parties prenantes puis en la finançant et en la construisant. »

Eric Cosserat, président de Perial

« En tant qu’acteur européen, nous sommes très engagés dans l’ISR immobilier depuis 2009. Le produit immobilier n’est pas un produit financier, il doit intégrer des performances extra-financières qu’attende la clientèle finale. Le bureau a toujours eu des enjeux depuis les années 1970, mais je reste persuadé qu’il a de l’avenir, même si je crois aux vertus du télétravail, à condition que les bureaux répondent aux besoins des utilisateurs en matière de services notamment. Il faut jouer la carte du collectif, mais cette approche est totalement différente entre petites et grandes entreprises, qui rationalisent aujourd’hui leur patrimoine immobilier. La pandémie n’a fait qu’accélérer des tendances qui existaient auparavant… A nous de considérer les locataires comme des clients pour les fidéliser et savoir innover dans nos offres. »

Romain Frémont, directeur général de Freo France

« Nous sommes à un moment charnière ! On voit déjà que les utilisateurs prévoient de prendre 20 à 30 % de surfaces en moins… ce qui pousse a contrario à proposer des espaces plus qualitatifs pour faire revenir les collaborateurs. Comme investisseur, nous avons un rôle spécifique dans la chaîne en étant créateurs de mètres carrés novateurs, digitalisés et intégrés dans la ville. La performance en matière énergétique et parties communes servicielles devient très importante pour être attractif. Je crois beaucoup à la mixité d’usages au sein d’une même enveloppe physique, mais mixité qui va progressivement jusqu’à la convergence des codes, comme ceux de l’hôtellerie par exemple qui s’instaurent dans les bureaux ou les résidences services. Tout cela a un coût supplémentaire, mais il va falloir l’intégrer à terme. Toute la différence viendra de l’agilité que peuvent procurer les locaux à l’entreprise locataire qui n’a pas forcément de visibilité au-delà du moyen-terme. Cela devrait renforcer les échanges fructueux et vertueux entre locataires et propriétaires. »

Henry-Aurélien Natter, Head of Research de Primonial REIM

« Face à un monde où les incertitudes dominent, la reprise de l’activité mondiale se poursuit. Le bureau connaît un certain attentisme de la part des investisseurs et des utilisateurs malgré un marché du travail très dynamique. On voit ainsi que les bureaux les plus attractifs sont aujourd’hui ceux localisés dans des zones très bien desservies avec des locataires solides. Il faut aussi que le bâtiment assure le bien-être et le confort des occupants du lieu, grâce à une offre de services différenciante autant sur les commodités, la connectivité que l’accessibilité. Il faut coupler les codes de l’hôtellerie et de la santé pour attirer les talents et créer ainsi un avantage compétitif. »

Olivier Selles, Head of Innovation de BNP Paribas Real Estate

« L’innovation devient majeure. Nos interlocuteurs, principalement les directeurs immobiliers, attendent de plus en plus de conseil et de valeur ajoutée. Nos métiers évoluent quand on sait que l’entreprise peut aujourd’hui compter 20 % de son personnel à distance et qu’elle doit fonctionner dans ces conditions... Face à cette hybridation, à nous de proposer une plateforme de services adaptée à chaque client et qui contribue à faire de l’immeuble un actif de l’entreprise pour attirer les collaborateurs et leur donner envie de (re)venir. Au sein d’un nouvel écosystème, le property manager devient un activateur du bâtiment aux côtés du promoteur et du preneur. »

Lionel Merck, directeur France Real Estate de Schneider Electric

« Malgré la pandémie, le bureau, comme hub social, montre toujours son intérêt et l’on voit aujourd’hui que des bureaux attractifs facilitent le retour des salariés. La crise sanitaire, le changement climatique et la transition énergétique des bâtiments sont des sujets complexes qui nous arrivent, d’où l’importance au sein de ce cercle de décloisonner nos expériences et les enjeux. C’est un réel enrichissement collectif de partager nos perceptions dans les différentes phases de la construction d’un bâtiment entre preneurs et utilisateurs, de façon à mieux s’orienter sur ce que sera le bureau de demain. C’est en jouant la carte de l’écosystème que l’on y arrivera. »

Catherine Moal, rédactrice en chef d’Alliancy

Ce que j’ai retenu de ce dîner :

  • Une entreprise n’est pas une somme d’individualités, mais du collectif.
  • Le bureau est un lieu important de sociabilisation, c’est le lieu de l’égalité où l’on partage.
  • Ce « hub social », situé au cœur d’un nœud de transport, doit être tourné vers l’extérieur.
  • Il doit offrir les codes de l’hôtellerie pour faire revenir les salariés et attirer de nouveaux talents.
  • L’immobilier tertiaire remet en question le modèle de ville en termes de mobilité, de services, d’énergie… La complexité prend le pas : qu’est-ce qu’un immeuble « écosystème » ? Comment le rendre plus inclusif ?
  • Tout ceci amène des coûts supplémentaires qu’il va falloir intégrer. Nous sommes à la veille de gros changements. Il va falloir être créatifs et unis.
  • La digitalisation reste à faire.

 

Un dîner organisé en partenariat avec Schneider Electric

Schneider Electric mène la transformation numérique de la gestion de l’énergie et des automatismes dans le résidentiel, les bâtiments, les centres de données, les infrastructures et les industries. Présent dans plus de 100 pays, Schneider Electric est le leader incontesté de la gestion électrique – moyenne tension, basse tension et énergie sécurisée, et des systèmes d’automatismes. Nous fournissons des solutions d’efficacité intégrées qui associent gestion de l’énergie, automatismes et logiciels. 

L’écosystème que nous avons construit nous permet de collaborer sur notre plateforme ouverte avec une large communauté de partenaires, d’intégrateurs et de développeurs pour offrir à nos clients à la fois contrôle et efficacité opérationnelle en temps réel. Chez Schneider Electric, nous sommes convaincus que nos collaborateurs et nos partenaires font la différence. Ils nous permettent de nous engager toujours plus loin dans l’innovation, la diversité et le développement durable. Ainsi nous répondons chaque jour aux besoins de chacun, partout et à tout instant, pour enrichir la vie, Life is On.