Des signes contraires pour l’emploi selon l’Apec

Les cadres du secteur privé sentent le vent tourner… Ils craignent le risque de licenciement pour près d’un quart d’entre eux, selon la dernière étude de l’Apec publiée mercredi. Pour autant, 10 % des entreprises ont recruté au moins un cadre au quatrième trimestre 2020.

La crise sanitaire s’installe et le moral des cadres du secteur privé baisse…Ils voient d’ailleurs de moins en moins clairement leur avenir. L’année 2021 en termes de destructions d’emplois de cadres pourrait en effet être identique à 1993, estime Gilles Gateau, directeur général de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec).

Selon la dernière étude de l’Apec publiée mercredi*, le « risque de licenciement » est ressenti par 24 % d’entre eux (contre 19 % en septembre dernier !). On comprendra alors leurs réticences à jouer la carte de la mobilité pour 57 %. Cette crainte d’être licencié est même plus accentuée chez les cadres de moins de 35 ans (28 % en décembre, contre 16 % en septembre). « Si les chiffres du 1er trimestre se maintiennent, l’impact des plans sociaux serait ainsi devant nous… », poursuit le dirigeant.

L’Apec estime le nombre de cadres dans le secteur privé à 4 millions (dont 30 % dans les entreprises de moins de 50 salariés). Selon l’Insee, la France compte plus de 5 millions de personnes exerçant un emploi de cadre ou dans une profession intellectuelle supérieure (19 % des emplois).

Tous anticipent donc la crainte de perdre leur poste, avec toutes les conséquences que cela suppose dans le climat économique actuel. Chez les cadres au chômage, l’inquiétude augmente aussi concernant leur recherche d’emploi (76 %, contre 70 %), en raison notamment des confinements successifs et de l’incertitude sur l’évolution de la crise sanitaire.

Pour autant, des projets de recrutement se maintiennent dans les entreprises : 10 % d’entre elles ont recruté au moins un cadre au quatrième trimestre 2020, selon l’étude. Et 41 % des entreprises de plus de 50 salariés conservent l’intention de recruter un cadre ce premier trimestre 2021 (60 % pour la même période l’an dernier).

Le chiffre tombe toutefois à 11 % pour l’ensemble des entreprises françaises, du fait de la situation de plus en plus difficile des TPE, qui ne sont que 6 % à envisager une embauche de cadres début 2021. « Et ce malgré les aides du plan d’urgence du gouvernement… »

Le nombre d’offres d’emploi de cadres publiées sur le site Apec.fr (45 % du marché) a lui plongé de 29 % en 2020 par rapport à 2019, « avec de très fortes disparités selon les secteurs d’activité ». Moins 50 % par exemple dans le secteur automobile, contre une chute de 17 % seulement dans l’industrie pharmaceutique. Dans un sens, « malgré la situation, nous ne voyons ni rebond, ni plongeon à ce sujet pour 2021… au moins sur le 1er trimestre. L’industrie va tirer cette tendance en valeur relative, le commerce également, tout comme les services à forte valeur ajoutée », détaille l’expert.

Toutefois, l’Apec constate un décrochage « historique » du nombre d’offres d’emploi proposées aux jeunes diplômés. « Il y a 30 % d’opportunités en moins pour les jeunes par rapport à la même période l’an dernier, relève le directeur général… A l’inverse de l’alternance qui s’est bien tenu. »

L’Apec, qui affiche dorénavant sa raison d’être : « Avoir une action efficace inclusive et prospective », va devoir certainement y mettre toute son énergie très rapidement, à l’image de ce qu’elle fait déjà avec le « Plan 50 000 jeunes » accompagnés par l’Apec d’ici à l’été 2021 (lancé en septembre 2020), qui représentent aujourd’hui un tiers de l’activité de l’Apec en direction des cadres et des jeunes. De même que pour les cadres seniors, l’Apec expérimente « Talents Seniors pour les plus de 50 ans dans plus de sept régions françaises (mentoring). Un domaine dans lequel l’Apec veut faire évoluer ses pratiques…

En parallèle, 71 % des cadres reconnaissent ainsi « réfléchir à leur projet professionnel » du fait de la pandémie… Un tiers d’entre eux auraient même le souhait de changer de région dans l’année. Reste à savoir si les opportunités d’embauches seront là. En Ile-de-France, ce sont les jeunes qui y réfléchissent en priorité. « On ne reviendra plus en arrière sur le télétravail, constate Gilles Gateau. Ce qui entraîne également de nombreux besoins en matière de formation… « Beaucoup de cadres sont demandeurs d’une formation au leadership, à l’innovation, au digital, à la gestion des conflits, à la communication, à la conduite du changement… « Le télétravail nécessite clairement de nouvelles pratiques managériales. 9 cadres sur 10 le pensent », conclut-il. Il va falloir continuellement s’adapter.

* Cette étude repose sur une enquête en ligne menée en décembre auprès d’un échantillon représentatif de 2 000 cadres du secteur privé (avec ou sans emploi), sur une enquête téléphonique réalisée en décembre auprès d’un échantillon représentatif de 1 000 entreprises du privé employant au moins un cadre, ainsi que sur les offres de postes de cadres publiées sur apec.fr en 2019 et 2020.

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