Cette article fait partie du dossier
Les articles du dossier

[Entretien] Sobriété numérique : mesurer, un enjeu prioritaire pour la SNCF

>> Cet entretien est issu du Guide à télécharger Sobriété numérique : comment les DSI vont peser ?

Réalisation de bilans carbone, maîtrise du cycle de vie complet du matériel, appropriation par les métiers des enjeux environnementaux… La Directrice du Numérique Responsable de la SNCF, Sophie Sabos, nous détaille ses actions pour l’année à venir.

Quels sont les grands axes de votre stratégie numérique responsable ?

L’un des premiers axes, c’est de mesurer. Et l’un de nos grands enjeux de 2022 va être d’outiller cette mesure à différents niveaux (groupe, projets et individus), voire de l’industrialiser. Nous avons pour cela fait le choix de réaliser des bilans carbone, même si on connait les limites actuelles des méthodologies utilisées.

A lire aussi : [Entretien] Sans mesure, pas d’amélioration continue dans la sobriété numérique

Cela nous permettra d’obtenir, sur une base a minima annuelle, un grand indicateur qui nous indiquera où nous en sommes, quelles sont les grandes masses et où nous allons porter l’attention dans les années à venir, les programmes de transformation étant réalisés sur le temps long.

Le second enjeu du groupe est de reprendre la maîtrise de son matériel sur l’ensemble de son cycle de vie. Cela passe tout d’abord par les achats, qui intègrent désormais 20 % de critères RSE dans la notation des appels d’offres.

Cela concerne ensuite la rationalisation de la dotation du matériel. La question est de savoir quel niveau d’équipement nous voulons proposer à nos collaborateurs, qu’ils travaillent dans les bureaux ou sur le terrain, et comment nous gérons le BYOD (Bring Your Own Device, NDLR) avec nos partenaires. Sur ce dernier point, nous souhaitons que les salariés de nos prestataires et fournisseurs – lorsque c’est envisageable – utilisent leur propre équipement, ce qui permet d’éviter la fourniture de matériel en doublon.

Quid de la fin de vie des matériels ?

Sophie Sabos, Directrice du Numérique Responsable de la SNCF

Sophie Sabos, Directrice du Numérique Responsable de la SNCF

Concernant la fin de vie et la récupération des équipements, l’enjeu est de savoir comment nous pouvons réinjecter les matériels dans un circuit d’économie circulaire. Nous travaillons notamment sur la durée de vie de nos matériels, qui est très dépendante des logiciels utilisés et de leur obsolescence programmée. Windows 10 est un cas très concret au sein du groupe SNCF nous ayant obligés à renouveler un certain nombre de PC (plusieurs dizaines de milliers).

Ces PC sont récuprés dans une filière de seconde vie, que nous avons appelée « La grande collecte », qui a été élargie à tous les matériels disposant de données personnelles, comme les smartphones et tablettes. Cela représente pour nous des parcs conséquents : environ 100 000 PC et 200 000 smartphones / tablettes.

Justement, cette initiative « La grande collecte » a récemment vu son champ d’application étendu au-delà de la SNCF. Pour quelle raison ?

Lors d’une présentation que nous avons réalisée, une société a manifesté de l’intérêt pour cette opération. « La grande collecte » s’appelle désormais « Pour un numérique engagé » et propose à d’autres organisations de s’appuyer sur nos processus (logistiques et de cybersécurité) en envoyant leur matériel informatique usagé à l’entreprise du secteur adapté Olinn. Celle-ci se charge de les remettre en état. Une partie des produits de la vente est reversée à des associations.

Quels sont les principaux défis que vous devez relever ?

L’un de nos principaux challenges est de faire en sorte que toutes les activités, tous les collaborateurs comprennent et s’approprient ces enjeux, en intégrant dans leurs missions quotidiennes ces considérations environnementales. D’où la nécessité de les accompagner, de les aider grâce à des outils adaptés à leurs besoins.

A lire aussi : Numérique responsable : la prise de conscience des autorités

Vous avez effectivement précisé en début d’entretien que l’un de vos grands enjeux 2022 serait d’outiller la mesure, voire de l’industrialiser. Comment cela va-t-il se matérialiser ?

Bannière 600x500-Nexthink Nous avons la volonté de développer deux outils cette année. Un premier outil à destination de tous les collaborateurs du groupe et un second outil spécifique à l’IT. Concernant le premier outil, nous nous sommes aperçus que nous avions beaucoup de demandes liées aux mails. Nous voulons donc créer une application qui permettra à tout salarié de l’entreprise d’obtenir son impact environnemental individuel et de connaître ses leviers d’action, notamment via les bonnes pratiques relatives à la gestion d’Office 365 et du matériel.

Notre objectif n’est pas de créer une application informative, il en existe déjà de très nombreuses, mais un outil qui soit en mesure de lancer des scripts sur Outlook et OneDrive pour supprimer directement les mails et documents les plus volumineux ou les plus anciens. Notre démarche va au-delà de la sensibilisation, elle est orientée « passage à l’action ».

Quid de l’outil à destination des collaborateurs IT ?

Le second outil que nous souhaitons développer est à destination des chefs de projet et product owners. Il aura un objectif de sensibilisation de ce public cible qui est pour nous une population clé, car elle gère au quotidien le coeur de nos systèmes informatiques via les projets, la relation partenaires, le run des solutions. Nous souhaitons lui donner les clés pour savoir ce qu’il faut rechercher et ce sur quoi il faut s’interroger.

Notre but est de fournir une application permettant de répondre à la question suivante : « Pourquoi concrètement changerais-je mes pratiques pour aller vers de l’écoconception ? ». En un mot, quels sont les gains – financiers, environnementaux et sociétaux – pour ces chefs de projet et product owners s’ils s’engagent dans la voie du numérique responsable ? Nous souhaitons pouvoir fournir à cette population quelques indicateurs clés à suivre sur les grandes thématiques que sont : la conception, l’hébergement, le codage… Les collaborateurs ne sont pas contre le fait de changer, ils ont juste besoin de savoir pourquoi ils le font.

Avez-vous mis en place des actions ciblant les dirigeants ?

Oui, nous avons un grand programme de formation Groupe intitulé « Label dirigeant numérique ». L’une des thématiques abordées est le numérique responsable et nous avons l’ambition de former 30 % du top management du groupe SNCF à ce sujet. Cette formation a pour vocation de leur faire comprendre les principaux enjeux et comment ils peuvent agir sur leur périmètre respectif : meilleure gestion du matériel informatique, diffusion de bonnes pratiques sur les outils, etc.

Notre démarche est de sortir le thème du numérique responsable du milieu « tech » où il a l’habitude d’être afin que les considérations environnementales rentrent dans les prises de décision métiers.

Pour conclure, quels sont vos principaux leviers d’action pour atteindre vos objectifs ?

Un des premiers leviers est d’aller chercher du sponsoring en interne, que ce soit au niveau du numérique, de la RSE ou des métiers, et de les inclure dans nos réflexions. Un autre levier est la démultiplication : nous n’avons pas vocation, en tant que direction centrale, à tout faire par nous-mêmes. Nous devons créer la culture permettant le changement et la transformation.

Le dernier levier est notre capacité à fédérer d’autres groupes sur ces mêmes problématiques. C’est important, car face à nous, nous avons des acteurs du « numérique » qui ont un poids tel que c’est parfois compliqué d’avancer dans le sens dicté par les clients.

Justement, cette initiative « La grande collecte » a récemment vu son champ d’application étendu au-delà de la SNCF. Pour quelle raison ?

Lors d’une présentation que nous avons réalisée, une société a manifesté de l’intérêt pour cette opération. « La grande collecte » s’appelle désormais « Pour un numérique engagé » et propose à d’autres organisations de s’appuyer sur nos processus (logistiques et de cybersécurité) en envoyant leur matériel informatique usagé à l’entreprise du secteur adapté Olinn. Celle-ci se charge de les remettre en état. Une partie des produits de la vente est reversée à des associations.

Quels sont les principaux défis que vous devez relever ?

L’un de nos principaux challenges est de faire en sorte que toutes les activités, tous les collaborateurs comprennent et s’approprient ces enjeux, en intégrant dans leurs missions quotidiennes ces considérations environnementales. D’où la nécessité de les accompagner, de les aider grâce à des outils adaptés à leurs besoins.

Vous avez effectivement précisé en début d’entretien que l’un de vos grands enjeux 2022 serait d’outiller la mesure, voire de l’industrialiser. Comment cela va-t-il se matérialiser ?

Nous avons la volonté de développer deux outils cette année. Un premier outil à destination de tous les collaborateurs du groupe et un second outil spécifique à l’IT. Concernant le premier outil, nous nous sommes aperçus que nous avions beaucoup de demandes liées aux mails. Nous voulons donc créer une application qui permettra à tout salarié de l’entreprise d’obtenir son impact environnemental individuel et de connaître ses leviers d’action, notamment via les bonnes pratiques relatives à la gestion d’Office 365 et du matériel.

Notre objectif n’est pas de créer une application informative, il en existe déjà de très nombreuses, mais un outil qui soit en mesure de lancer des scripts sur Outlook et OneDrive pour supprimer directement les mails et documents les plus volumineux ou les plus anciens. Notre démarche va au-delà de la sensibilisation, elle est orientée « passage à l’action ».

Quid de l’outil à destination des collaborateurs IT ?

Le second outil que nous souhaitons développer est à destination des chefs de projet et product owners. Il aura un objectif de sensibilisation de ce public cible qui est pour nous une population clé, car elle gère au quotidien le coeur de nos systèmes informatiques via les projets, la relation partenaires, le run des solutions. Nous souhaitons lui donner les clés pour savoir ce qu’il faut rechercher et ce sur quoi il faut s’interroger.

Notre but est de fournir une application permettant de répondre à la question suivante : « Pourquoi concrètement changerais-je mes pratiques pour aller vers de l’écoconception ? ». En un mot, quels sont les gains – financiers, environnementaux et sociétaux – pour ces chefs de projet et product owners s’ils s’engagent dans la voie du numérique responsable ? Nous souhaitons pouvoir fournir à cette population quelques indicateurs clés à suivre sur les grandes thématiques que sont : la conception, l’hébergement, le codage… Les collaborateurs ne sont pas contre le fait de changer, ils ont juste besoin de savoir pourquoi ils le font.

A lire aussi : Retour sur le Workshop « Sobriété numérique : comment les DSI vont peser ? »

Avez-vous mis en place des actions ciblant les dirigeants ?

Oui, nous avons un grand programme de formation Groupe intitulé « Label dirigeant numérique ». L’une des thématiques abordées est le numérique responsable et nous avons l’ambition de former 30 % du top management du groupe SNCF à ce sujet. Cette formation a pour vocation de leur faire comprendre les principaux enjeux et comment ils peuvent agir sur leur périmètre respectif : meilleure gestion du matériel informatique, diffusion de bonnes pratiques sur les outils, etc.

Notre démarche est de sortir le thème du numérique responsable du milieu « tech » où il a l’habitude d’être afin que les considérations environnementales rentrent dans les prises de décision métiers.

Pour conclure, quels sont vos principaux leviers d’action pour atteindre vos objectifs ?

Un des premiers leviers est d’aller chercher du sponsoring en interne, que ce soit au niveau du numérique, de la RSE ou des métiers, et de les inclure dans nos réflexions. Un autre levier est la démultiplication : nous n’avons pas vocation, en tant que direction centrale, à tout faire par nous-mêmes. Nous devons créer la culture permettant le changement et la transformation.

Le dernier levier est notre capacité à fédérer d’autres groupes sur ces mêmes problématiques. C’est important, car face à nous, nous avons des acteurs du « numérique » qui ont un poids tel que c’est parfois compliqué d’avancer dans le sens dicté par les clients.