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Un an après, La Factory de Vinci Energies voit plus loin

En mars dernier, Vinci Energies inaugurait La Factory, un lieu multidisciplinaire, dédié à la convergence et à l’open innovation, ouvert quelques mois plus tôt à La Défense. Retour sur cette initiative avec Lydia Babaci-Victor, directrice du développement et de l’innovation du groupe.

| Cet article fait partie du dossier « Industrie : l’heure des alliances

En mars dernier, Vinci Energies inaugurait La Factory, un lieu multidisciplinaire, dédié à la convergence et à l’open innovation, ouvert quelques mois plus tôt à La Défense. Retour sur cette initiative avec Lydia Babaci-Victor, directrice du développement et de l’innovation du groupe.

La Factory de Vinci Energies

2 000 mètres carrés entièrement dédiés à l’innovation ouverte pour rapprocher les différents métiers du groupe et mieux travailler avec des start-up, c’était le pari lancé il y a un an par Vinci Energies en ouvrant « La Factory », dans le quartier des affaires de La Défense, à l’ouest de Paris.

Alors, un an après, où en est ce « lieu d’interaction » d’un nouveau genre ? « Ce sont 1 200 visiteurs par mois, se félicite Lydia Babaci-Victor, directrice du développement et de l’innovation. A tel point que nous sommes victimes de notre succès. On n’arrive plus, nous les habitants de La Factory, à organiser nos réunions ici ».

Internes ou externes en effet, les visites s’enchaînent. Il y a, d’une part, ceux qui y étaient attendus, c’est-à-dire les opérationnels du groupe. « Ici, on leur fait toucher du doigt l’innovation, en les invitant à prendre pied dans un écosystème qu’ils ne connaissent pas forcément et qui va inclure les start-up, les incubateurs, les accélérateurs, mais aussi, le monde académique et leurs pairs au sein même de notre groupe », poursuit la dirigeante. Le premier écosystème à faire fructifier étant évidemment le sien !

Le groupe compte plus de 65 000 collaborateurs répartis entre quatre grands domaines d’expertise que sont les infrastructures, l’industrie, le tertiaire et l’ICT. « Dans des métiers aussi variés, sur la transformation digitale en particulier, qui est une colonne vertébrale transverse à nos activités, on peut se rendre compte que l’esprit d’entreprendre des collaborateurs va s’exprimer dans différents endroits du monde et que l’on va parfois faire deux ou trois fois les mêmes recherches ou les mêmes POC (proove of concept). L’objectif de La Factory est d’arriver à leur faire gagner du temps en les connectant via notre offre de services. Ici, ils peuvent « vivre une expérience », dans laquelle ils pourront se projeter immédiatement ».

Ils sont ainsi nombreux à organiser leurs réunions sur place (codi, réunions de clubs…), mais surtout, les opérationnels font venir de plus en plus souvent leurs clients, pour des ateliers de co-création par exemple. « Le lieu est très convivial et crée de la fierté, de l’appartenance. Il est favorable à la créativité, grâce aux différents espaces modulaires à disposition, tous équipés… », confirme Lydia Babaci-Victor.

Surtout, La Factory dispose d’un Living Lab, qui héberge seize start-up en expérimentation actuellement… et trois autres en résidence, dont HAL24K dans laquelle le groupe a investi au titre d’Inerbiz (lire encadré). « Cette start-up néerlandaise fait un POC d’une direction « Sales France » avec 2 data scientists, 1 technicien et 1 vendeur, au contact de nos collaborateurs », précise-t-elle.

Chiffres clés 2016 de Vinci Energies

  • 10,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires (réalisés à 49 % hors de France).
  • 65 400 collaborateurs.
  • 1 600 entreprises dans 51 pays sur les 5 continents.

Bientôt, LiveMon, l’une des vainqueurs du « Startup Challenge » de Vinci Energies lors du salon Vivatech 2017, intègrera le lieu également. La jeune pousse brestoise a mis au point, pendant deux ans, une solution de monitoring qui permet de prédire la majorité des pannes survenant dans les systèmes informatiques des entreprises. L’intelligence artificielle identifie les éléments clés spécifiques à chaque environnement, pour anticiper les problèmes et améliorer les performances. De même pour AeonX, une des lauréates du premier hackaton du groupe (autour des technologies IoT et big data), et aujourd’hui à l’origine du ChatBot de Vinci Facilities, dédié aux activités de Facility Management. « Le fait qu’il bénéficie de notre programme d’accompagnement, entre la date d’incubation et aujourd’hui, nous avons aujourd’hui un produit que l’on va porter sur le marché. La Factory, pour les jeunes pousses, c’est un lieu qui n’est pas habituel, parce que ce n’est pas juste un incubateur où ils croisent d’autres start-up, mais surtout, c’est un lieu où ils rencontrent ceux avec qui ils vont faire des POC et du business… On avance ensemble, c’est la grande différence »

Mais, à La Factory, viennent aussi ceux qui y étaient moins attendus. « Notre concept séduit aussi des externes et l’on a des demandes aujourd’hui que l’on appelle les Learning Expeditions, pour venir visiter le site ». Aujourd’hui, plus d’une vingtaine de Comex se sont déplacés à La Défense, à commencer par Renault Nissan qui, par exemple, a déjà fait venir trois équipes d’environ 25 collaborateurs à chaque fois, mais aussi Solvay, Areva, Total (qui dispose, de son côté, du Booster), Air France, Technip, l’Andra, Juniper Networks, Sanofi, Enedis, RTE…

Ce qui les intéresse ? « Le côté atypique du lieu. A La Factory, nous avons réuni les forces vives transversales du groupe pour réfléchir à la fois aux offres de demain, mais aussi pour les créer », explique Lydia Babaci-Victor. Car le vrai challenge pour Vinci Energies, comme pour tous ces groupes, c’est de ne pas se transformer en « usine à POC », ni en « zone start-up »… « Il faut que tout cela soit suffisamment tangible et incrémental dans la façon d’avancer pour que l’on se projette dans les phases suivantes », résume-t-elle.

Des projets hors ses murs

Les projets pour la directrice de l’innovation en 2018 sont donc nombreux. D’une part, le groupe souhaite industrialiser ce qu’y est fait à La Factory, d’abord dans l’accueil des opérationnels, au travers du programme d’animation (formation de mentors dès janvier 2018, animation des projets incubés autour de conférences thématiques, y compris ceux des intrapreneurs* et appels à projets en fonction des thématiques que le groupe veut porter…).

En 2018, le groupe compte aussi créer un réseau de « Factories »… Une deuxième « Factory » ouvrira sur 500 mètres carrés au printemps prochain à Francfort en Allemagne, le deuxième pays de Vinci Energies. « Et c’est là, lors de l’inauguration courant avril, que nous organiserons notre prochain hackathon, poursuit Lydia Babaci-Victor. Notre objectif est de dupliquer La Factory, même à une échelle moindre. Mais, de la même manière, partout, nos équipes disposeront de formations, d’animations, d’appels à projets… Avec, en plus, pour les collaborateurs, de la co-création avec les clients ». D’autres factories sont également à l’étude, sur d’autres continents notamment.

Le groupe travaille également à un accord avec la Cité de l’Objet Connecté d’Angers (49), avec laquelle il compte collaborer pour accompagner le développement de produits connectés. « Tout ne se passe pas qu’à Paris et si, en tant que grand groupe, nous voulons avoir un impact sur le tissu économique local et de proximité, comme sur les ETI, il faut que nous soyons présents dans ces écosystèmes d’une façon ou d’une autre. Par exemple, la Cité de l’Objet Connecté d’Angers est le seul FabLab de ce genre en Europe, c’est-à-dire capable de produire des vraies mini-séries jusqu’à 10 000… On ne le dit pas assez », insiste Lydia Babaci-Victor.

La Factory veut co-créer avec ses clients et s’inspirer, son objectif désormais est de se mettre en réseau, de créer son propre écosystème « qui viralise tout ce que nous faisons ! ». D’où la réflexion actuellement en cours de la création d’un club interne (ExpertConnect), dans lequel le groupe réunirait partenaires et clients de Vinci Energies pour travailler ensemble, avec des experts scientifiques du monde entier, sur ses « gain changers » d’ici trois à cinq ans.

Lors de son inauguration, La Factory se voulait « le lieu de toutes les convergences, celles du physique et du digital ; de la transformation digitale et de la transition énergétique ; des différents métiers des marques du groupe »… C’est désormais chose faite. Ne reste plus qu’à dupliquer l’exercice.

thecamp, le campus d’innovation numérique

Vinci Energies, comme Vinci Construction d’ailleurs, fait partie des « partenaires fondateurs » de thecamp, le campus d’innovation numérique consacré à la ville de demain, ouvert cet automne à Aix-en-Provence, sur le plateau de l’Arbois.

* qui passent, durant leur incubation, un temps à La Factory et un temps dans leur entreprise d’origine. En général, ils dédient un jour par semaine à leur projet. Aujourd’hui, le groupe accompagne 7 projets d’intrapreneurs.

 

Inerbiz, le fonds d’investissement de Vinci Energies

Lors de l’annonce, sur Vivatech 2016, de la création d’Inerbiz (en blanc, Lydia Babaci-Victor)

Lors de l’annonce, sur Vivatech 2016, de la création d’Inerbiz (en blanc, Lydia Babaci-Victor)

En lançant mi-2016, Inerbiz, un fonds d’investissement managérial et financier dédié à l’accompagnement et au financement de start-up innovantes dans ses secteurs d’activités, Vinci Energies a souhaité accélérer l’innovation pour mieux accompagner ses clients à la fois dans la transformation numérique et la transition énergétique.

Une première prise de participation était annoncée au moment du lancement d’Inerbiz dans la start-up néerlandaise HAL24K, spécialisée dans l’analyse et le traitement de données issues des sources les plus diverses (historiques, publiques et privées), pouvant servir la maintenance préventive des grandes infrastructures dans les villes, la résolution des problèmes de stationnement, l’optimisation des services de santé publique, les prévisions de circulation à l’intérieur et autour des villes, ou encore, les possibilités de génération de revenus des villes et des instances gouvernementales…

Depuis, d’autres annonces ont été faites. Par exemple, en octobre 2016, le groupe a choisi d’accompagner Pysae via une prise de participation minoritaire. La start-up parisienne développe des systèmes d’aide à l’exploitation et à l’information des voyageurs pour le transport dans les villes et dans les territoires ruraux, afin de rendre la mobilité connectée accessible à tous les réseaux de transport.

En novembre 2016, idem pour la société autrichienne Augmensys, créée en 2011 et spécialisée dans la réalité augmentée à usage industriel, qui voit entrer Inerbiz à son capital. Partenaires depuis 2015, les deux entreprises ont mené ensemble plusieurs projets grâce à Ubik®, une plate-forme de gestion mobile des données créée par Augmensys.

Plus récemment, en septembre 2017, Inerbiz est entré au capital d’Alci, une PME montpelliéraine créée en 2007 et spécialisée dans la robotique sur les marchés de l’industrie agro-alimentaire, et en contrôle qualité dans la filière semences. Le groupe compte sur les synergies à venir avec Actemium, la marque industrielle de Vinci Energies, pour booster le développement de ses solutions robotiques.

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