Transfert de technologies : les innovations sportives grandissent chez les SATT 

Santé, robotique, green, réalité virtuelle… tous ces sujets sont structurels dans le portefeuille des SATT (Sociétés d’Accélération du Transfert de Technologies). Aujourd’hui le sport prend place à part entière, avec des innovations parfois plus faciles à “vendre” auprès des investisseurs. 

SattLe milieu académique est historiquement un secteur d’innovation. Et celui du sport également. A la croisée de ces deux mondes, les Sociétés d’Accélération du Transfert de Technologies (SATT) estiment avoir une belle carte à jouer. “Notre mission est de regarder tout ce qui sort des laboratoires”, indique Vincent Lamande, président de la SATT Ouest Valorisation. “Ensuite, on va évaluer le potentiel innovant de la technologie et le degré d’application”. C’est le chemin qu’a suivi la technologie à vocation sportive conçue par Jean-Philippe Jehl, dans l’Est de la France. “On nous a confié des sujets liés aux troubles musculosquelettiques d’une championne d’aviron”, raconte-t-il. “Nous avons conçu une poignée rotative lui permettant de reprendre l’entrainement”. Par la suite, Jean-Philippe Jehl a étendu ses recherches sur l’usure cutanée et la décontraction de certains membres : “La solution est devenue intéressante au niveau de la commercialisation”.  

Un encadrement sur la propriété intellectuelle 

C’est alors qu’intervient le réseau des SATT. Composé de 13 SAS qui maillent l’ensemble du territoire, il a pour vocation de transférer des technologies qui viennent du monde académique, vers des réalités économiques. “On mutualise beaucoup d’actions au sein du réseau comme la prospection commerciale ou l’identification de besoins auprès des entreprises”, explique Vincent Lamande, membre du réseau. En effet, l’avenir des technologies peut résider au sein d’entreprises déjà existantes ou dans la création de start-up. “Parfois il y a la volonté du chercheur de mener le projet seul”, note Bruno Westell, directeur marketing et communication de SATT Ouest Valorisation, qui couvre la Bretagne et les Pays de la Loire. 

Les technologies fondées par Jean-Philippe Jehl dans l’un des 185 centres de recherche que couvre le réseau SATT, ont débouché par la création de la start-up Caremosim. “On s’est rapproché de la SATT SAYENS et on a été accompagné sur tout ce qui concernait la propriété intellectuelle”, confie-t-il. “On était complètement novice dans la rédaction d’un brevet. On rédige des articles scientifiques mais c’est un tout autre métier. Entre la notice technique scientifique et ce qu’avait rédigé l’ingénieur brevet, on avait l’impression que ce n’était pas le même descriptif. Si on veut favoriser le développement de propriété intellectuelle, on doit s’appuyer sur des spécialistes. Ce partenariat avec le réseau SATT est un complément de compétence”. 

Aller là où la recherche s’arrête

Mais les sociétés du réseau ont également vocation à apporter un soutien financier. “Il y a un côté fonds d’investissement”, souligne Bruno Westeel. “On va là où la recherche s’arrête. On investit quand les fonds classiques ne le font pas parce que c’est encore trop risqué”. Vincent Lamande poursuit : “Une fois qu’on a investi sur la propriété intellectuelle et qu’on a sécurisé ces inventions, on investit sur la faisabilité, la preuve du concept, pour avoir des premiers produits opérables. Ça nous donne un niveau de crédibilité et permet de présenter une démonstration à des investisseurs ou partenaires industriels. On a un mandat d’exploiter ces inventions et de les amener sur le marché avec des phases de financement de preuve de concept”. 

Cet accompagnement peut durer plusieurs années. “En général, ce sont des cycles de 5 à 7 ans. Mais les entreprises sont pilotes de leur destin. On a vocation à sortir du capital social des start-up », indique Vincent Lamande. Mais pour bien lancer ces entreprises, il faut parfois trouver des personnes pour porter le projet aux côtés des chercheurs. Ainsi chez Caremosim, Pascale Tassel a rejoint le projet comme CEO aux côtés de Jean-Philippe Jehl, pour gérer les recrutements, la commercialisation et les statuts de l’entreprise. Vincent Lamande, membre du réseau SATT voit cela comme un travail d’équipe. “On avance à la fois sur le projet technologique et en même temps sur la maturation économique pour renforcer les équipes projet”. 

“La plupart du temps on va chercher à les consolider par des profils capables d’adresser le marché. On a des outils qu’on utilise pour faire de la quotation de chef de projet ou de CEO. On a également un dispositif tandem qui cherche à faire un couple entre chercheur et business développeur ou CEO. Ensuite, on travaille énormément avec des fonds d’investissement. La start-up va avoir besoin de fonds de roulement. Même avant la création d’entreprise on accompagne ce moment où le projet se transforme en startup, pour qu’elle puisse lever des fonds”. 

“Tout le monde fait du sport” 

Les start-up et projets technologiques dans le monde du sport se multiplient. “Le monde académique est de plus en plus impliqué dans ces innovations”, assure Vincent Lamande. “Nous suivons ces sujets mais ce n’est pas un effet d’aubaine lié aux JO. C’est quelque chose de structurel dans notre portefeuille aux côtés de la santé, du green ou de la robotique”. Selon son collègue Bruno Westeel, ces projets ont un avantage auprès des investisseurs : “Je pense que l’incarnation différencie les innovations liées au sport. Tout le monde fait du sport. Quand on a des projets qui émergent, on voit rapidement en quoi cela consiste contrairement à un médicament par exemple. C’est très concret”, conclut-il.