Ahmed Mhiri (Travelcar) : « On assiste ainsi à une professionnalisation des services collaboratifs »

Le commerce collaboratif s’est intensifié avec une fréquence d’achat individuelle en hausse, selon le baromètre 2017 de PriceMinister-Rakuten et Mondial Relay, réalisé par OpinionWay. 30% des cyberacheteurs achètent une fois par mois à un particulier. Ahmed Mhiri, fondateur et CEO de TravelCar, analyse la situation du point de vue de la location de véhicules entre particuliers.

Ahmed Mhiri, fondateur et CEO de TravelCar. ©Célia Garcia-Montero

Ahmed Mhiri, fondateur et CEO de TravelCar. ©Célia Garcia-Montero

Ressentez-vous également une hausse de la pratique collaborative dans le domaine du transport ?

Ahmed Mhiri. Nous connaissons en effet une croissance exponentielle avec une multiplication par quatre, chaque année depuis notre création en 2012, du nombre d’utilisateurs – aujourd’hui au nombre de 500 000. Partager sa voiture se fait dorénavant sans le sentiment d’une prise de risque. Nous avons ainsi élargi les parkings où nous sommes présents. Notre application, qui permet au propriétaire d’effectuer lui-même un état des lieux de son véhicule avant de la laisser en location, renforce la confiance dans ce modèle.

L’étude de PriceMinister-Rakuten souligne que si le prix est un critère expliquant le succès du commerce collaboratif, 59% des sondés ne veulent pas courir le risque d’acheter un article à bas prix. Que pensez-vous de cette tendance ?

Ahmed Mhiri. C’est un taux légitime, je m’étonne même qu’il y ait 41% des internautes attirés par des prix bas. Car lorsque l’on propose un tarif peu cher, les acheteurs se méfient, imaginant qu’il s’agit d’un piège. Nous avons nous-mêmes constaté que les consommateurs ont davantage confiance en notre service quand nous proposons une location 15% moins chère que les prix du marché plutôt que si elle est à un prix inférieur de 70%. Le chiffre de 59% pourrait même augmenter selon moi dans les années à venir puisque au plus les gens consomment, plus ils s’attendent à de la qualité. Le commerce collaboratif ne représente pas à leurs yeux une pratique peer to peer mais un canal comme un autre.

Constatez-vous de nouvelles exigences de la part des usagers ?

Ahmed Mhiri. Les clients veulent le prix du commerce collaboratif avec une qualité identique à celle des professionnels. On assiste ainsi à une professionnalisation des services collaboratifs. Concernant la location de véhicules, les utilisateurs ne prennent pas en compte que la voiture appartient à un particulier, ils s’attendent à ce qu’elle soit propre, disponible et ils veulent avoir un service client à tout moment en cas de problème. Par ailleurs, pour satisfaire à leurs attentes, nous avons instauré la possibilité de laisser sa voiture dans un parking et de la récupérer dans un autre.

Selon la 12e édition du baromètre

  • Le commerce collaboratif est en hausse, passant de 17% en 2015 à 29% en 2017, en raison d’une plus forte fréquence individuelle.
  • Les jeunes de 15 à 24 ont le plus augmenté leur fréquence d’achat (+30%).
  • Le livre (33%), les vêtements (26%) et les jeux vidéo (18%) sont les produits les plus vendus entre particuliers.
  • 81% des acheteurs du commerce collaboratif comparent toujours les prix des articles vendus en ligne avec ceux du commerce classique pour s’assurer de faire une bonne affaire.
  • 59% des sondés ne veulent pas courir le risque d’acheter un article à bas prix.
  • Pour 84% des acheteurs, le fait de ne pas avoir à se déplacer pour récupérer l’article représenterait un avantage à passer par une place de marché.