Emmanuel Routier (OBS) : « La maintenance en temps réel est un cas d’usage industriel de la 5G »

Orange est l’opérateur français ayant remporté le plus de fréquences lors des enchères 5G début octobre. Emmanuel Routier, VP Industry 4.0 chez Orange Business Services (filiale d’Orange qui fournit des services de télécommunication et informatiques aux entreprises), a accepté de répondre à nos questions sur le potentiel industriel de la technologie.

Emmanuel Routier, VP Industry 4.0 chez OBS.

Emmanuel Routier, VP Industry 4.0 chez OBS.

Alliancy. Où en êtes-vous dans le déploiement de la 5G ?

Emmanuel Routier. Nous travaillons sur la 5G avec différents partenaires opérateurs et équipementiers pour répondre à leurs besoins et aller plus loin. Nous rencontrons aussi des associations mondiales d’industriels et d’opérateurs pour identifier les cas d’usage possibles. Et il est clair que la 5G peut bénéficier à l’industrie européenne. 

Nous avons par exemple en ce moment des tests dans le port d’Anvers en Belgique. Nous accompagnons nos clients partout où la technologie peut être déployée. La 5G est nécessaire pour les acteurs européens qui ont des technologies vieillissantes et qui souhaitent réduire leurs coûts, tout en gagnant en agilité. Tous ces cas d’usage peuvent être fédérés autour d’une technologie. Et pour l’industrie, la 5G est là pour répondre à l’appel en termes de bande passante, de latence, de massification des données et de sécurité.

Je suis donc convaincu que les acteurs opérationnels dans les industries et les usines ont tout intérêt à l’adopter pour accéder à de nouvelles technologies et remplacer les solutions vieillissantes. La 5G va apporter beaucoup sur ce point et les entreprises pourront également en tirer profit en mettant en place un mobile workspace.

Ne vaut-il pas mieux se concentrer sur les réseaux déjà existants et investir davantage dans la R&D plutôt que de courir après la 5G ?

Emmanuel Routier. Aujourd’hui beaucoup de cas d’usage industriels peuvent être adressés par la 4G. Mais il y a parfois des problèmes de latence et c’est notamment sur ce point que la 5G est plus adaptée. Nos solutions ne s’arrêtent pas à la 4G ou la 5G, il existe aussi les technologies bluetooth et waveband pour aider nos clients à améliorer leur performance industrielle.

Nos clients viennent nous voir pour que nous puissions mettre en place plusieurs types de solutions telles que les réseaux privés virtuels, des licences 4G et une fourniture d’infrastructure, en cloud public et privé. C’est le cas de Schneider Electric (groupe industriel spécialisé en gestion énergétique) qui a souhaité un réseau standalone avec un cloud privé sur son site, c’est-à-dire un réseau fermé et isolé du réseau commercial (qui permet une sécurisation des données ainsi qu’une réduction de la latence).

Le bénéfice en termes de dimensionnement de réseau est important pour les activités b2b et industrielles. Mais cela ne veut pas dire que nous délaissons la 4G car c’est une technologie mature et avancée en matière d’équipements. La 4G peut être par exemple adaptée pour certains cas d’usage dans les usines pétrochimiques ou bien classées Seveso. Les industries qui souhaitent une solution dans l’immédiat doivent se tourner vers la 4G plutôt que la 5G qui reste encore à cette heure en phase d’expérimentation et de co-innovation.  

Qu’est-ce que la 5G offre de plus aux industries ?

Emmanuel Routier. Le remplacement des PMR (réseaux mobiles privés) et réseaux DECT (communications téléphoniques internes) peut bien sûr être réalisé par le biais de la 4G. Mais la 5G offre plus de bande passante en upstream (ce qui remonte vers le réseau). Par exemple, pour la maintenance, certains industriels ont besoin de capter une vidéo en temps réel de leurs machines afin que des professionnels puissent donner leur avis. Dans ce cas d’usage, il est évident que la 5G est plus avantageuse.

C’est ce qui notamment a été choisi d’être expérimenté au site Schneider Electric du Vaudreuil dans l’Eure, avec un cas d’usage sur l’application de la réalité augmentée au travail de maintenance. Pour déployer ce réseau 5G privé et virtualisé. L’Arcep a fourni des fréquences expérimentales et Nokia ses équipements radio. Grâce à ce dispositif AOA (Augmented Operator Advisor), le technicien de maintenance gagne 80% de son temps dans l’analyse des pannes. C’est un avantage considérable car cette tâche prend généralement la moitié de son temps. La 5G est donc très bien positionnée sur ce cas d’usage car elle permettrait d’économiser 3000 heures par an en termes de maintenance. 

Contrôler sa chaîne de production avec la 4G n’est pas vraiment possible car elle n’offre pas d’immédiateté dans la transmission des grandes quantités de données produites en industrie. Passer à la 5G répond donc à ce besoin ainsi qu’à des exigences de sécurité pour protéger les données sensibles, avec des outils de chiffrement par exemple. Cette même technologie offre aussi beaucoup plus de flexibilité et de performance. Les communications sans fil s’avèrent être beaucoup moins contraignantes que le câblage et le wifi et permettent de s’adapter à la crise sanitaire pour limiter les équipes présentes sur site. 

Selon vous, est-ce que le déploiement de la 5G rejoint des objectifs environnementaux, notamment sur la question de la frugalité numérique ?

Emmanuel Routier. La 5G offre un gain énergétique très net par rapport à la 4G. Les antennes 5G ne font pas de diffusion globale mais cible des gains énergétiques en termes de puissance. Cela supporte tout à fait l’engagement d’Orange en tant qu’acteur responsable dans le cadre de son programme “Engage 2025” qui rend l’environnement important dans la mise en œuvre de son plan stratégique. Jusqu’à maintenant, à chaque nouvelle génération de réseaux mobiles, nous avons pu réduire par dix la consommation énergétique. 

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Pour aller plus loin et comprendre en quoi la 5G a un réel potentiel industriel, Alliancy vous propose un résumé de l’émission d’OBS intitulée « Start Walking 5G » et diffusée en ligne le 23 octobre dernier.  

Werner de Laet, Chief Enterprise Officer, Innovation & Wholesale d’Orange Belgium a animé une partie de l’émission « Start Walking 5G » diffusée en ligne le 23 octobre dernier.

Werner de Laet, Chief Enterprise Officer, Innovation & Wholesale d’Orange Belgium a animé une partie de l’émission « Start Walking 5G » diffusée en ligne le 23 octobre dernier.

L’émission commence avec Werner de Laet, Chief Enterprise Officer, Innovation & Wholesale d’Orange Belgium, qui rappelle à quel point la 5G peut être déclinable dans de nombreux secteurs comme la pétrochimie, la logistique ou encore l’automobile. “Nous sommes fiers d’avoir déployé les premiers hubs de co-innovation autour de la 5G », poursuit-il en citant les ports d’Anvers et Hambourg comme exemples modèles.

C’est ensuite autour de Valérie Cussac, Executive Vice President, Smart Mobility Services d’Orange Business Services d’emboîter le pas : « En tant qu’entreprise de services numériques en réseau, Orange Business Services entend proposer des réseaux privés mobiles 5G à l’échelle mondiale, en s’appuyant sur les réseaux 5G européens d’Orange et sur le campus 5G d’Orange dans le port d’Anvers, et s’étendre au-delà du footprint d’Orange. Cela comprend la fourniture de solutions de bout en bout pour une gamme de cas d’utilisation prédéfinis, en tenant compte de la valeur réelle de l’industrie 4.0, et nous sommes impatients d’aider nos clients à numériser leurs opérations mondiales pour améliorer l’efficacité de leurs processus industriels et de leurs structures de coûts ».

Les principaux arguments donn_s par Orange sur le potentiel de la 5G dans l'industrie de demain.

Les principaux arguments donnés par Orange sur le potentiel de la 5G dans l’industrie de demain.

Puis une présentation apparaît à l’écran pour compiler les principaux avantages industriels de la 5G :

  • L’augmentation de la rapidité de la connectivité (des centaines de Mbps par application)
  • La latence réduite à quelques millisecondes
  • Un taux de fiabilité des systèmes atteignant les 99,99% (avec un temps d’arrêt de seulement 32 secondes par an)
  • Une “slicing technologie” qui permet une découpe virtuelle des réseaux en plusieurs tranches et donc de d’allouer des ressources en fonction du type d’usage ou objet en termes de bande passante ou encore de latence
  • Une puissance de calcul accrue (passant de 100 000 objets par km² avec la 4G à plus d’un million avec la 5G)

Orange propose ensuite plusieurs cas d’usage à travers des expérimentations 5G en cours. Il y a d’abord Schneider Electric qui utilise cette technologie pour mieux surveiller et piloter ses machines à distance. Cela permet notamment aux opérateurs de recevoir une vidéo des machines en temps réel et de réduire leur temps de traitement des incidents techniques de 80%. 

Puis, arrive également l’exemple de Borealis, une entreprise chimique autrichienne spécialisée dans la production d’engrais, de polyéthylène et de polypropylène notamment pour le compte de l’industrie automobile et le secteur médical. La 5G y a été implémentée il y a quelques mois pour détecter des incidents grâce à une intelligence artificielle qui tourne dans le cloud. La 5G permet ici de transférer des données de manière sécurisée dans le cloud.