Les audits de SAP face aux bienfaits du SAM

Les récents différents entre SAP et de grands industriels européens renforcent l’intérêt pour les entreprises d’assurer la conformité de leurs licences logicielles via le Software Asset Management (SAM).

Les audits de SAP face aux bienfaits du SAM L’éditeur allemand SAP fait beaucoup parler de lui en ce moment chez ses clients et dans le microcosme français des DSI (Cigref, USF et EuroCIO), tous très mécontents. La raison est simple ! Récemment, l’anglais Diageo, numéro 1 mondial des alcools et spiritueux (vodka Smirnoff, whisky Johnnie Walker…), s’est vu infligé une amende de près de 64 millions d’euros en droits de licence supplémentaires à SAP.

Ce qu’on lui reproche ? D’avoir permis à des utilisateurs de Salesforce d’accéder à des données hébergées dans un système SAP… L’affaire est passée devant un tribunal britannique. Le juge a donné raison à… SAP, considérant que les questions posées relevaient seulement de l’interprétation du contrat. L’affaire est en cours.

Mais les choses ne s’arrêtent pas là et SAP n’en a – a priori – pas fini avec les vendeurs d’alcools ! Début mai, c’est à la bière belge (Stella Artois, Budweiser…) que l’éditeur s’en est pris. Cette fois aussi pour une question de régularisations de licences autour des accès indirects aux données… La facture – encore plus salée – est tombée : 550 millions d’euros seraient réclamés par l’éditeur à la filiale américaine d’AB InBev, le géant mondial du secteur.

S’il ne peut ignorer le mécontentement de ses clients, la réaction officielle de SAP (en date du 10 mars dernier), ne peut être plus claire : « SAP soutient la décision de la justice britannique concernant l’affaire Diageo […). La décision permet aux éditeurs de logiciels de protéger leur actif le plus précieux. » Mais SAP n’est pas le seul éditeur à vouloir facturer ces fameux « accès indirects » aux données via ses produits… Une décision dans le même sens avait été rendue en 2012 dans une affaire opposant l’UMP à Oracle.

« Depuis trois-quatre ans, on voit de plus en plus d’éditeurs agir de la sorte, la plupart des très grands », explique Hervé Le Fell, Country Manager de Snow Software, l’un des premiers développeurs de solutions de gestion des actifs logiciels (SAM/Software Asset Management), avec l’allemand Aspera et l’américain Flexera Software. De quoi rappeler l’importance pour les entreprises de respecter leurs contrats de licences logicielles, à l’aide d’outils performants de gestion de la conformité.

Le SAM devient intéressant à partir de 1 000 postes dans l’entreprise

Si certains grands groupes (EdF, Suez ou Total) disposent d’un SAM Manager, « 60 % des entreprises françaises ne sont pas outillées », poursuit-il. Et ce malgré un contexte où l’on voit se multiplier les fusions/acquisitions et arriver massivement les solutions Cloud…

Maîtriser plutôt que subir

L’exposition à un tel risque ne se justifie plus, insiste-t-il. Et si le SAM (Software Asset Management) a certes un coût, « il apporte non seulement sur le long terme une forme de dissuasion face aux audits éditeurs mais aussi une souplesse dans l’évolution des SI de l’entreprise pour aller vers le cloud ou la virtualisation ».

Dans les pays nordiques ou anglo-saxons, le SAM est d’ores et déjà entré dans les mœurs. Il semblerait que ce soit plus difficile dans les pays latins… De fait, « le SAM amène de la transparence dans l’utilisation de logiciels non-autorisés par exemple, ou encore, dans tout ce que peuvent faire les métiers. Du côté des DSI, ce n’est pas non plus toujours facile de mettre en avant un éventuel delta qui pourrait exister… ». Pour autant, une direction générale ou une DAF a tout intérêt à connaître l’état exact de la conformité de ses licences logicielles comme de ses dépenses informatiques globales, notamment à l’heure où le collaboratif devient la norme et que les licences sur mobiles s’envolent.

Ainsi, le SAM serait intéressant à partir de 1 000 postes dans l’entreprise, selon le spécialiste. Mais, au-delà du nombre de licences souscrites, c’est aussi l’usage qui en fait dont il faut tenir compte, ce que beaucoup auraient tendance à oublier ! « En adaptant la bonne licence au bon usage, on peut aussi faire de réelles économies », conclut-il. Notamment dans le cas de SAP où il existe plusieurs niveaux d’utilisation de leurs solutions.

De son côté, SAP devrait par contre se souvenir des déboires d’Oracle avec la DGAC ou Carrefour… « Des solutions en open source permettent aujourd’hui de s’affranchir de SAP. Plusieurs adhérents du Cigref ont d’ores et déjà engagé des réflexions dans ce sens », vient de rappeler sans ménagement le Club Informatique des Grandes Entreprises Françaises. Un groupe de travail, lancé conjointement par l’USF et le Cigref en février 2016, devrait publier prochainement un livre blanc sur les audits de licences SAP.

Voir aussi l’« Observatoire Software Asset Management (SAM) 2017 : La gestion des actifs logiciels: un impératif pour maîtriser les coûts et réduire les risques de conformité » (IDC France/Flexera Software)

Snow Software

  • Basée en Suède
  • 700 collaborateurs (1 500 attendus en 2020)
  • Présence dans 19 pays sur tous les continents (en France, depuis fin 2014)