Quelles sont les start-up les plus connectées avec le CAC40 ?

[What’s Next, CIO ? Le détecteur] Dans le cadre de son programme What’s Next, CIO ? Alliancy, en partenariat avec Motherbase, identifie les acteurs majeurs sur les thématiques clés de l’IT d’un marché en transformation. A chaque article, une question et un instantané des tendances récentes, pour vous aider à détecter les signaux qui comptent à long terme.

>> Un article What’s Next, CIO ? L’observatoire des tendances stratégiques et opérationnelles des DSI

La relation complexe entre les grandes entreprises et les start-up est depuis longtemps un axe important de la transformation numérique des organisations. Historiquement peu familiarisés avec ce qui sortait d’une relation client-fournisseur classique, les grands groupes ont multiplié les expérimentations pour mieux intégrer l’innovation apportée par des petites structures agiles. Si les échanges tendent à se normaliser, de nombreuses barrières subsistent au quotidien.

Initié par la Mission French Tech, le programme « Je choisis la French Tech » vise d’ailleurs à doubler le montant de ces achats « grands groupes » dans les startups françaises d’ici 2025. Mais quelles sont les jeunes entreprises de la tech qui ont le plus de facilités à travailler avec les plus grands ? Et s’agit-il vraiment d’open innovation ? Et sur quels axes d’activités se concentrent réellement ces relations ?

Pour répondre à ces questions, Alliancy a demandé à son partenaire Motherbase de se concentrer sur le CAC40 et de nous en dire plus sur les interactions détectées entre ces grands groupes et les 18 000 start-up françaises activement suivies en février 2024 par le spécialiste des écosystèmes d’innovation.

Motherbase nous apprend ainsi que si les entreprises du CAC40 ont établi des liens avec plus de 8200 startups dans le monde, 4209 précisément sont françaises (voir fig. 1). En fonction des domaines d’activités et de spécialités, un grand nombre de ces dernières (2400) sont en relation « exclusive » avec une seule entreprise du CAC40 (les « grappes » de logos en périphérie du graphe). Cependant, d’autres ont su développer des liens avec un nombre plus important de grands comptes (au centre du graphe, la taille des logos étant alors proportionnelle au nombre de liens entretenus).

Figure 1 : Les entreprises du CAC 40 entretiennent des liens avec 4209 startups françaises. Dont 2400 pour la seule année 2023. Ce sont ces liens qui apparaissent sur ce graphe.

En zoomant sur ces start-up « les plus connectées au CAC40 », Motherbase en identifie en particulier 125 qui ont développé des relations avec au moins 5 acteurs au cours de l’année 2023.

Figure 2 : 125 start-up françaises ont su établir des liens en 2023 avec 5 acteurs du CAC40 ou plus (la taille des logos des startups est proportionnelle aux nombre de relations identifiées avec le CAC40 – le nombre de liens apparait dans le cartouche rouge associé à chaque logo de startup).

Parmi ces « championnes » de la relation avec le CAC40, celles qui exercent dans les services BtoB informatiques (IT Services) arrivent en tête et représentent plus d’un quart de ce « top 125 ». Les autres acteurs qui parviennent à nouer des liens avec une masse critique de grandes entreprises exercent dans deux autres domaines clés de la transformation numérique des organisations : les Greentech (10%) et les Ressources Humaines (8%). Ils sont immédiatement suivis par les spécialistes du transport, de la finance et de la formation.

Les entreprises du CAC40 font donc plus largement appel aux startups dans le cadre de la recherche de « prestataires » des services internes. Les démarches d’open-innovation, avec la recherche de futurs « partenaires d’innovation », concernent donc beaucoup moins ces start-up qui se sont placées au cœur de l’écosystème du CAC40. Au contraire, on peut estimer que les jeunes entreprises représentées en tête de notre classement se positionnent dans leurs interactions avant tout comme des prestataires presque comme les autres, avec une composante d’innovation numérique seulement beaucoup plus prononcée.

Qui en tire le plus parti ? Pour composer cette tête de classement, Alliancy et Motherbase se sont appuyés sur l’indicateur CSE développé par Motherbase, qui vise avant tout à évaluer la robustesse des interactions (voir encadré). Une vingtaine d’acteurs se sont démarqués avec des indicateurs dépassant 1,5, seuil sélectionné comme plancher. Nous mettons en avant ci-dessous le Top 10 de cette sélection.

Le podium 

Swile (CES Index 5,4) – Fintech

Avec près de 1000 salariés et des derniers tours de table qui l’ont fait atteindre le statut de « licorne », Swile est devenue en quelques années un incontournable des « avantages salariés dématérialisés ». Fondée en 2017 par Loïc Soubeyrand, la pépite ne travaille pas seulement avec le CAC40 : elle est connue des salariés de 85 000 organisations, dont de très nombreuses PME. Et son appétit ne concerne pas seulement les titres restaurants : elle a successivement fait l’acquisition du spécialiste des déplacements professionnels Okarito, de sa concurrente Bimpli et de l’entreprise Vee Beneficios au Brésil.

HSL Technologies (CES Index 3,5) – Transporttech

La start-up aixoise, anciennement nommée HySiLabs, séduit en proposant de stocker et transporter l’hydrogène grâce à un vecteur liquide. Une innovation en termes de procédé et de chimie qui permet de profiter de la logistique conventionnelle utilisée par les entreprises pour des énergies fossiles. Durant l’été 2023, HSL Technologies a levé 15 millions d’euros et veut installer des unités pilotes de chargement et de déchargement pour traiter 10 tonnes d’hydrogène par an en 2025… avant de viser les 10 000 tonnes dès 2027.

Yogist Well At Work (CES Index 3,2) – Healthtech

Anne-Charlotte Vuccino n’a pas encore 40 ans, mais en fondant Yogist, elle a montré à quel point la question du bien-être salarié s’était invitée au cœur des très grandes organisations. Son entreprise a en effet fait pénétrer le yoga au cœur des univers « corporate » sous l’angle de la prévention santé au travail. L’innovation réside dans la méthode proposée pour pratiquer les exercices directement au poste de travail, sans besoin de vêtement ou de salle de sport, en visant spécifiquement les travailleurs de l’ère digitale, et en jouant avec les outils habituels de ceux-ci : chatbot, développement des compétences…

Le reste du Top 10 

Pasqal (IT Services) CSE 2,7

Mixity (HRTech) CSE 2,6

Worldcoin (IT Services) CSE 2,2

50inTech (Civictech) CSE 2,2

LightOn (Deeptech) CSE 2,2

Gama – Gaussin Macnica Mobility (Transporttech) CSE 2,1

Altaroad CSE 1,8

Le regard de Guillaume Buffet – Motherbase

Guillaume Buffet - CEO de Motherbase« Comment évaluer la robustesse des relations entre start-up et grands groupes ? L’IA de Motherbase détecte les « interactions » sur les réseaux sociaux entre les startups et 2200 grandes organisations publiques et privées. Elles sont ensuite classées selon le type d’interaction (partenariat, événement, capitalistique ou autre) et le sens du contact : est-ce la startup qui est à l’origine de l’interaction ou est-ce la grande organisation ?

Pour prioriser les interactions les plus significatives d’un lien « fort », il a été choisi de créer un indice qui associe le nombre de liens qu’une startup a établis avec le CAC40 avec la part des liens « entrants » que cette startup cumule avec les grandes organisations. Le CSE index est donc le produit du nombre d’interactions CAC40 multiplié par la part de liens entrants de la startup (liens entrants / total liens). Ce parti-pris vise à valoriser le fait qu’une relation a beaucoup plus de valeur si elle est réciproque ! Par ailleurs, cette méthode permet, entre autres, de marginaliser les start-up qui systématiseraient les mentions d’entreprises du CAC40 dans leurs communications, mais sans aucun retour de la part de ces dernières.

Bien sûr, les interactions sur les réseaux sociaux entre grandes organisations et startups ne sont pas – systématiquement – synonymes de contractualisation. Cependant, Motherbase différencie les liens de type « partenarial », « événementiel » ou « capitalistique », et s’emploie avec le CSE Index à écarter les « sollicitations » de start-up qui ne donnent pas des relations suivies. En croisant l’ensemble de ces critères, l’index d’engagement permet de faire ressortir nettement ces organisations qui nouent des liens nombreux et solides (Index CSE supérieur à 1,5). »