20 ans de « Great Place to Work » et la Tech truste encore le classement

Le nouveau palmarès Great Place To Work met en avant les entreprises qui ont obtenu le célèbre label en 2022. Jullien Brézun, directeur général pour la France note trois faits marquants qui ont changé notre rapport au travail.

Great Place to Work Great Place to Work France a révélé hier soir son nouveau palmarès des « entreprises où il fait bon travailler », avec 93 lauréats pour 338 entreprises participantes. Cette année, le nombre de candidats a bondi de plus de 70% et les entreprises du numérique dominent toujours.

Plusieurs grandes tendances de fond animent les recompositions en cours sur les lieux de travail et d’autant plus depuis la pandémie (voir plus bas), mais une règle, elle, ne semble pas changer :

« Le classement de cette année est encore dominé par les entreprises de la Tech, souligne l’équipe de Great Place to Work : Salesforce, Cisco, Adobe, Livestorm, Plateforme.sh, Open Classrooms, Mailinblack…. Il confirme la percée de belles réussites entrepreneuriales comme Izipizi ou Bleu Libellule. Il voit également la présence remarquable d’entreprises combinant Retail et bien commun : Cultura, Kiabi. Enfin, cette année récompense les efforts continus d’entreprises présentes depuis plus de 10 ans au Palmarès, telles Extia, Accuracy, WL Gore, Décathlon ou Koesio. 

Rappelons que la méthode Great Place to Work consiste à interroger les collaborateurs, à travers une soixantaine de questions autour de la confiance.

Ce « Trust Index » réalise une première sélection, complétée par un audit des pratiques managériales.

Le classement final est réalisé par un algorithme qui prend en compte les écarts de perception entre collaborateurs (en fonction du genre, de l’âge, de l’ancienneté, de la fonction…).

Les entreprises les mieux classées sont celles qui ont la perception à la fois la plus positive et la plus homogène.

Retrouvez le témoignage d’Hélène Bengorine, DRH de La Mutuelle Générale : « Aujourd’hui, un salarié sur 6 assume un rôle de proche aidant et on estime que ce ratio sera d’un sur 4 en 2030. »

Le palmarès Great Place to Work 2022

Entreprises de + de 2 500 salariés

Wavestone prend la première place du classement, suivi de Decathlon qui figure pour la 11e fois au palmarès.

Le groupe SII reste sur le podium en se classant à la 3e position.

Parmi les lauréats 2022 figurent également plusieurs noms bien connus du grand public : DHL Express France (4e), Kiabi (6e) ou encore Cultura (7e).

1 000 à 2 500 salariés

Pour la deuxième année consécutive, Salesforce décroche la 1ère position, suivi par Extia (2e) et Talan (3e).

Trois entreprises font leur entrée dans le palmarès : Sushi Shop (8e), Récréa (9e) et Cdiscount (10e).

250 à 1000 salariés

Cisco Systems France arrive en tête de classement, suivi par le groupe Hilton (2e), qui fait son entrée au palmarès, puis par Adobe (3e).

50 à 250 salariés

W.L. Gore & Associés décroche la première place – et figure pour la 16e année dans le palmarès !

Huit entreprises font leur entrée dans cette catégorie : EPI (3e), Livestorm (4e), Informatica (9e), Grohe France (14e), Izipizi (18e), FBD International (20e), Mailinblack (21e) et Bow Médical (30e).

– de 50 salariés

Logiclever prend la première place, suivi d’eBay (2e) et de Mozoo (3e).

Trois questions à Jullien Brézun, directeur général de Great Place to Work France.

Jullien Brezun, directeur général de l’Institut Great Place to Work France

Jullien Brezun, directeur général de l’Institut Great Place to Work France

Alliancy. Votre label fête ses 20 ans, c’est l’occasion de jeter un coup d’œil dans le rétroviseur : si vous deviez choisir 3 faits marquants autour du travail, dans ces 20 dernières années, quels seraient-ils ?

Jullien Brézun. Je remarque trois grandes tendances de fond, qui ont toutes été catalysées par le Covid. D’abord, la vitesse : l’accélération brutale de la quantité d’informations traitées a développé considérablement l’autonomie des organisations. On le perçoit au niveau des DSI, avec l’explosion des outils, mais aussi dans les DRH avec notamment une aptitude à créer des petites BU autonomes.

Ensuite, la recherche de sens, qui confine parfois à la quête de sens :  le phénomène de Great Resignation aux Etats-Uni, l’inversion du rapport de force salariés / entreprises, concernent de nombreux secteurs et ne sont pas réservés aux « cols blancs ».

Enfin, la montée très forte des enjeux d’inclusion et de diversité : avec en point de mire l’égalité femmes-hommes, poussée par le contexte réglementaire et l’index d’équité.

Ces éléments ont fait revenir sur le devant de la scène un acteur qui avait perdu de sa superbe : le manager intermédiaire. Il a repris du poids et de l’importance, lui permettant de retrouver des lettres de noblesse… qu’il n’aurait jamais dû perdre. Le middle manager est souvent responsable de la qualité de la communication. Il vient orienter l’activité de chacun et donner du sens au travail. Mais il est souvent en souffrance, pris entre des injonctions contradictoires.

Quel serait votre meilleur adjectif pour qualifier le Futur du travail ?

Jullien Brézun. Je parlerais de flexibilisation, voire d’hyperflexibilisation : du contrat de travail, du lieu, de l’action et du temps de travail.

C’est un grand défi pour les entreprises.

Un conseils pour les DRH et managers qui nous lisent ?

Jullien Brézun. Penchez-vous sur le sujet des aidants. C’est le prochain combat à mener. Nous avons ajouté une question cette année : nous demandons aux collaborateurs s’il se trouvent dans une situation d’aidants.

Certains DRH la jugent intrusive. Je pense qu’elle est centrale. La démographie ne ment pas, la population vieillit. De plus en plus de salariés vont devoir jongler entre leurs obligations professionnelles et leur rôle d’aidant, avec toute l’énergie et le temps que cela demande. « Faire l’autruche » n’a jamais été une bonne idée.