Smart city : les villes françaises plus efficientes

La smart city, une notion qui fait référence à une ville utilisant les technologies de l’information et de la communication pour accroître son efficacité opérationnelle, diffuser des informations à ses citoyens et améliorer la qualité des services publics, se développe en France. Chaque ville intègre de nouveaux services pour se montrer plus performantes auprès de leurs habitants. Panorama d’initiatives menées en France.

Un seul et unique poste de pilotage des équipements de la ville remplacera les six centres actuels. ©Dijon Métropole

Un seul et unique poste de pilotage des équipements de la ville remplacera les six centres actuels. ©Dijon Métropole

Des tours végétalisées, lumineuses entre lesquelles circulent des véhicules du futur… le concept de smart city renvoie souvent aux dessins futuristes de l’architecte Vincent Callebaut ou aux villes nouvelles de Dubaï aux Émirats arabes unis, de Songdo en Corée ou aux projets d’éco-quartier de Google à Toronto, au Canada. En France, les projets sont pourtant nombreux et portés par des programmes comme Datacity Paris.

Les villes ont en effet à cœur d’intégrer de nouvelles briques technologiques pour fournir des services innovants à leurs habitants. La ville de Lyon s’illustre avec notamment un démonstrateur de smart grid ou son application rassemblant toutes les offres de mobilité disponibles. « Penser l’innovation à l’échelle du territoire et trouver une ligne directrice n’est pas simple, il faut évoluer d’une politique de collectivité à une politique des besoins », souligne le parlementaire Luc Belot, auteur d’un rapport sur la smart city.

Quel que soit leur projet – open data, mobilité ou gestion de l’énergie – les villes veulent toutes exploiter au mieux les données pour être plus fluide, sécurisée et performante. « Ce qu’il faut, c’est apporter à chaque habitant un service concret au bon moment », estime Olivier Crouzet, directeur opérationnel à Vinci Énergies. Pour lui, le qualificatif de smart city est donc accessible à toutes les communes mais ces dernières doivent élaborer un plan sur-mesure.

« L’énergie est l’un des premiers postes de dépense »

 Par l’intermédiaire de sa marque Omexom, le groupe énergétique travaille avec la ville de Marmagne, dans le Cher, sur un projet de démonstrateur sur de l’autoconsommation collective. Neuf bâtiments équipés de panneaux photovoltaïques sont intégrés dans le projet et visent à déterminer quand stocker l’énergie ou la consommer, et pour quelle utilisation. « Les villes ont toutes des impératifs concernant leur budget de fonctionnement et l’énergie est l’un des premiers postes de dépense, l’éclairage public représente 40% de la facture d’une ville », note Olivier Crouzet, envisageant déjà de mettre à disposition des habitants des bornes de recharge de véhicules électriques pour un plein en dix minutes grâce au stockage des énergies renouvelables. Le maire de la ville, Aymar de Germay, se réjouit de l’initiative : « Le projet a de l’avenir car il est facile de le mettre en place en milieu rural, il intègre une dimension sociétale avec une économie en circuit court et la maîtrise du coût de l’énergie est un enjeu central pour les villes. »

A Chartres, Vinci Énergies capitalise sur son application City App, visant à faciliter l’accès aux services communaux et à apporter des informations prédictives, après avoir rendu l’éclairage public communiquant. Grâce au BIM, la ville est modélisée avec l’apport d’informations comme les places de livraison accessibles le week-end ou l’emplacement des bornes de recharges des véhicules. La Métropole de Rouen teste de son côté un système couplant régulation de trafic, dispositifs d’information aux riverains et modèle de quantification et de diffusion des polluants atmosphériques. L’intelligence artificielle et le big data s’imposent ainsi dans la structuration des territoires.

Une vision globale de la Métropole

La ville de Dijon s’est par ailleurs alliée à Bouygues Énergies et Services, Citelum, Suez et Capgemini pour mettre au point en un an un poste de pilotage unique destiné à coordonner l’ensemble des équipements urbains (feux de circulation, éclairage ou vidéo protection). « Les villes ont l’habitude de gérer leurs services en silos, cette initiative vise au contraire à connecter les 24 communes de la métropole pour obtenir une vision globale et une meilleure gestion de l’espace public », explique Magali Le Coze, experte Smart City et pilote de la réalisation de Dijon Métropole. L’ensemble du nouveau réseau de communication sera sécurisé par un protocole spécifique, une authentification pour l’accès et une traçabilité.

Réunissant les six centres de pilotage actuels au sein d’une même entité située dans les locaux de la Métropole, le nouveau centre mènera à de nouvelles façons de travailler. « Il apportera également de nouveaux services, telle qu’une application permettant de signaler tout accident ou des problèmes de voirie à remonter à la commune », précise Magali Le Coze, se réjouissant d’une assistance aux citoyens en temps réel. Une rénovation des équipements, caméras de surveillance ou éclairage par exemple, sera effectué. « Il faut réfléchir à ce que les gens attendent vraiment, dans certaines villes la priorité est la sécurité », observe Carmen Munoz-Dormoy, directrice générale de Citelum. La smart city offre ainsi des opportunités aux communes pour améliorer des axes de vie, le prochain enjeu qui les attend sera la sécurisation des données.

Rennes engagée dans une démarche d’urbanisme numérique

La ville de Rennes utilisera une maquette 3D pour organiser ses services. ©EuroRennes

Avec « Virtual Rennes », la ville bretonne s’engage dans une démarche d’urbanisme numérique. Elle vient d’intégrer dans son fonctionnement une maquette en 3D pour coordonner, avec différents acteurs dans une réflexion collaborative, la rénovation et la planification des bâtiments, des réseaux de services publics, des systèmes de mobilité et des infrastructures. « Les initiatives en matière de ville intelligente permettent d’anticiper et de planifier les zones urbaines pour les rendre plus résilientes et plus agréables à vivre », affirme Olivier Ribet, vice-président industrie des Hautes technologies chez Dassault Systèmes, qui lui a fourni la solution 3DEXPERIENCity.

>> Cet article fait partie du dossier Smart city : la voie pour réinvestir la ville