A Strasbourg, l’écosystème du numérique pose les bases d’une véritable interprofession 

Plus de 150 dirigeants français du numérique se sont réunis à Strasbourg, du 20 au 22 mars 2024, lors d’un événement inédit, organisé par le Cigref en partenariat avec Numeum. L’occasion de poser les bases d’une “interprofession” à même de porter plus efficacement les messages et propositions de l’écosystème aux décideurs politiques, français et européens. 

Marina Ferrari, secrétaire d’Etat en charge du Numérique, présentait le 22 mars dernier trois nouveaux dispositifs visant à renforcer l’offre française et européenne en matière de services cloud. Pour ce faire, la récente nouvelle membre du gouvernement a décidé de se rendre à Strasbourg. L’occasion de s’adresser directement à plus de 150 dirigeants déjà présents dans la “capitale de l’Europe”. Ces directeurs du numérique de grandes entreprises et administrations françaises, avaient rejoint depuis le 20 mars, des dirigeants des principaux acteurs de l’offre numérique, à l’invitation du Cigref et de Numeum pour participer à la première édition des Rencontres Numériques de Strasbourg. En lançant cet évènement, les deux associations professionnelles ont voulu marquer l’ambition de créer un événement de dimension européenne, articulant travaux d’intelligence collective, interventions inspirantes et convivialité. 

Numérique : c’est quoi le progrès ?  

Pendant deux jours et demi, les participants ont ainsi échangé́ sur les implications de la notion de progrès dans le numérique. Transformation des territoires, Europe spatiale, géopolitique, santé… Autant de thèmes abordés par les dirigeants, en présence d’experts tels que le Professeur Jacques Marescaux, président de l’IRCAD (Institut de recherche contre les cancers de l’appareil digestif), Marianne Laigneau, présidente du Directoire d’Enedis, Jean-Paul Mazoyer, DGA du Crédit Agricole, l’historienne Nicole Gnessotto ou encore le député européen Christophe Grudler.  

Les ateliers de cette première Edition des Rencontres ont interrogé́ le sens du progrès face à̀ la course à l’innovation dans les technologies numériques, au travers de huit thèmes couvrant une les nombreux combats à mener pour vraiment mettre le numérique au service de la société et de l’économie. Au sein du Parlement Européen, les directeurs du numérique et les représentants de leurs partenaires de transformation ont planché plusieurs heures en ateliers mixtes sur des thèmes complexes : “Dépasser l’innovation”, “L’intelligence artificielle générative”, “La résilience numérique”, “Croissance et soutenabilité du numérique”, “Pour une géopolitique européenne”, “Penser les futurs du travail”, “Développer les compétences et fidéliser les talents”, “Repenser le dialogue IT-Business »…  

Leurs observations et propositions pour renforcer l’écosystème numérique et marquer la différence de la voie européenne, seront réunies et publiées dans le cadre des Cahiers des Rencontres Numériques de Strasbourg au printemps.  

Marina Ferrari au contact des principaux dirigeants de l’écosystème numérique  

Fort de ces échanges structurants, les 150 dirigeants ont réservé un bon accueil en clôture de l’évènement, à Marina Ferrari, venue les rencontrer à l’espace Grüber du Théâtre national de Strasbourg. La secrétaire d’État chargée du Numérique a en particulier saisi cette occasion pour revenir sur les trois dispositifs qui doivent permettre dè renforcer l’offre française et européenne de services cloud au service de l’autonomie stratégique voulu par le président Emmanuel Macron et de la compétitivité en matière d’intelligence artificielle :  

  • la mise en place du visa de sécurité SecNumCloud opéré par l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) qui vise à identifier et donner davantage de visibilité aux offres dites « cloud de confiance »  
  • la doctrine « Cloud au centre » portée par la Direction interministérielle du numérique (DINUM) dont l’objectif est de promouvoir l’utilisation du cloud par les administrations 
  • le soutien à l’innovation dans le cadre de la stratégie cloud de France 2030, coordonnée par la Direction générale des Entreprises (DGE), afin de permettre le développement de l’écosystème français de fournisseurs de services Cloud 

Marina Ferrari a mis en avant le fait que ces actions déjà engagées sont aujourd’hui complétées par un effort constant de l’Etat en faveur de l’ouverture concurrentielle du marché cloud, aux niveaux européen, à travers les règlements sur les marchés numériques, sur la gouvernance des données, et sur les données. C’est aussi le cas au niveau français, avec le projet de loi “Sécuriser et réguler l’espace numérique” par exemple. La secrétaire d’Etat a par ailleurs annoncé aux dirigeants du numérique que 27 nouvelles entreprises ont été sélectionnées pour le dispositif d’accompagnement des éditeurs cloud à la sécurisation et à la qualification au visa de sécurité SecNum Cloud. Ce dispositif vise d’une part à élever le niveau de sécurité des offres SaaS (Software as a Service) ou PaaS (Platform as a Service) développées par des start-ups et PME et d’autre part, à faciliter l’accès à la qualification afin d’accroître la diversité d’offres SecNum Cloud.  

Elle a en outre confirmé le lancement, le 21 mars dernier, du projet important d’intérêt européen commun (PIIEC), pour un montant de 2,6 Md€ d’investissement dont 1,2 Md€ de fonds publics. Ces investissements bénéficieront à trois projets portés par les acteurs européens Atos, Orange Business et Amadeus, tous trois présents aux Rencontres Numériques de Strasbourg. Marina Ferrari a enfin annoncé le lancement d’un nouvel appel à projets de France 2030, opéré pour le compte de l’État par Bpifrance, destiné aux entreprises qui souhaitent proposer une offre de cloud et d’IA répondant aux besoins spécifiques de l’État.  

« Le nouvel élan que nous donnons à la stratégie cloud montre notre détermination à poursuivre sur le chemin de la souveraineté numérique par l’innovation et le développement d’offres compétitives, en lien avec une politique de commande publique volontariste, et en veillant à la protection des données sensibles des citoyens, des administrations et des entreprises », a déclaré Marina Ferrari dans son discours. Elle a reconnu que l’accélération numérique que nous connaissons fait naître de vives inquiétudes auxquelles il est nécessaire de répondre. “Pour réussir, il est nécessaire d’oeuvre collectivement” a-t-elle souligné, en insistant sur l’enjeu de l’échelle européenne.  

Après sa prise de parole, la secrétaire d’Etat est restée échanger avec les dirigeants lors du cocktail déjeunatoire qui les a réunis à l’espace Grüber, permettant aux entreprises de venir l’aborder directement. 

Les perspectives ouvertes par les Rencontres Numériques de Strasbourg 

A l’issu des échanges Véronique Torner, Présidente de Numeum, et Jean- Claude Laroche, Président du Cigref, se sont félicités de la réussite des premières Rencontres Numériques de Strasbourg. « Fédérer l’écosystème est indispensable pour construire et porter une vision commune et impactante de la filière numérique en France et en Europe. Ces Rencontres Numériques de Strasbourg, organisées par le Cigref en partenariat avec Numeum, font désormais clairement partie de cet agenda » a indiqué Véronique Torner.  

  • La décision a été prise de reconduire en 2025 une deuxième édition des Rencontres, avec toujours la même exigence de disponibilité, de prise de hauteur et de niveau d’échanges stratégiques collectifs. Les deux organisations professionnelles ont également lancé un triple appel aux dirigeants et décideurs du numérique, qui traduit l’ambition coconstruite au cours de ces trois jours : 
    “Soyons audacieux dans la recherche et le développement de solutions numériques de progrès”
  • “Soyons responsables dans notre appropriation de l’innovation technologique”  
  • “Soyons européens en plaçant les valeurs d’attention au corps social et de protection de l’environnement au cœur de nos métiers numériques” 

Jean-Claude Laroche a laissé entrevoir ce à quoi pourrait conduire un tel appel. En profitant de “l’espace de confiance et de la qualité des relations d’estime” permis par les échanges entre les dirigeants à Strabourg , l’idée de créer une véritable “interprofession” du numérique, capable de se faire bien mieux entendre au niveau français et européen, a fait son chemin. De premières occasions pour ce travail d’influence commun se présentent d’ailleurs, alors que le Cigref et Numeum ont évoqué le fait de s’adresser ensemble très prochainement au ministère de l’éducation nationale, afin de relever les enjeux majeurs de compétences du secteur.