[Tribune] Cadre dirigeant en transition professionnelle : pour en finir avec les idées reçues

Selon une étude menée en décembre 2022 par l’APEC, 31% des cadres dirigeants envisagent une transition professionnelle. Entre les nouvelles aspirations nées lors de la crise COVID et les incertitudes sur le marché de l’emploi, de plus en plus de cadres dirigeants s’interrogent sur une éventuelle transition professionnelle et les manières de la traverser avec succès.

Jérôme Marquis et France Lys fondateurs du cabinet Perao

Jérôme Marquis et France Lys, fondateurs du cabinet Perao

Jérôme Marquis et France Lys, fondateurs du cabinet Perao, spécialiste de l’accompagnement des transitions, prennent la parole pour battre en brèche les idées reçues en matière de transitions et partagent dans cette tribune les pièges dans lesquels tombent trop souvent les cadres dirigeants.

Le piège préféré des cadres dirigeants : solliciter son réseau tous azimuts…

Si la peur du vide peut émerger après une rupture professionnelle, cette dernière peut mener à une sollicitation hâtive et frénétique de son réseau. Se précipiter vers ses contacts tous azimuts sans avoir pris le temps de définir précisément sa recherche et sa proposition de valeur est souvent contre productif : entretien mal préparé, rencontres peu stratégiques, discours négatif sur son ancienne entreprise, attitude peu convaincante… Pourtant, le réseau est essentiel : 61% des cadres dirigeants retrouvent une activité professionnelle via ce dernier, raison de plus pour soigner son discours avant d’enchaîner les déjeuners.

A lire aussi : Reconversion vers le numérique : « J’ai essayé et c’était complètement fou »

Le roi des pièges : le mécanisme d’auto-légitimation 

“Je souhaite rester actif(ve)” ; “J’ai envie de commencer”. Parmi les dirigeants que nous rencontrons, nous constatons chez nombre d’entre eux une tendance à l’hyperactivité.  L’intuition et le bon sens nous dictent que pour retrouver une activité, il faut être actif ou active ! C’est le début d’un possible emballement. Si passer d’un poste à responsabilité à une situation d’inactivité peut être perçu comme un facteur de déclassement social, il est surtout urgent… de ne pas agir. Un temps de pause comme rituel de passage est souvent nécessaire pour tourner la page, définir les objectifs de sa recherche, faire le point sur ses motivations et leur adéquation avec les besoins du marché. Une bonne transition commence par une démarche d’interrogation de ses aspirations, des raisons de la rupture professionnelle précédente, afin d’avoir une vision claire sur la direction à prendre et les opportunités à rechercher.

Le piège incontournable : négliger son organisation personnelle, financière et familiale

Un moment de transition professionnelle impacte également sa situation personnelle. Une nouvelle organisation de son temps va devoir se mettre en place. Il est important de partager à son entourage, familial notamment, les réflexions et interrogations autour de sa transition. Faire rapidement le point sur ses finances permettra d’avoir une vision claire, et bien souvent de relativiser le sentiment d’urgence. Enfin, la transition professionnelle et la recherche d’une nouvelle activité prennent du temps : introspection, formations, construction de ses outils de marketing personnel, entretiens réseaux, candidatures, création ou recherche d’une entreprise à reprendre… Ne pas être en poste ne signifie pas ne pas avoir d’activité. Partager clairement à son entourage les moments où l’on est disponible et ceux où l’on se consacre à sa transition est indispensable.

La crème de la crème des pièges : penser que le statut de cadre dirigeant dispense de remettre à jour son profil LinkedIn

Beaucoup de dirigeants font l’impasse sur la mise à jour de leur  profil LinkedIn en situation de transition. Pourtant, même pour des dirigeants de haut niveau, ces outils restent des incontournables, pour les recruteurs d’une part et pour définir son offre de services d’autre part. Compléter son profil, soigner sa description des expériences précédentes, demander des recommandations pour étoffer sa réputation et singulariser son profil. En revanche, rien n’oblige à médiatiser sur les réseaux sa recherche d’emploi ou à clôturer sur Linkedin sa dernière expérience professionnelle dès le jour de son départ  : optimiser sa présentation pour la rendre attractive oui, donner l’impression que l’on est prêt à tout prendre, certainement pas !

La transition professionnelle pour les cadres dirigeants est une période exigeante, de possible perte de repères, où l’envie de bien faire ou d’aller vite peut être votre meilleur ennemi. Etre accompagné dans ce moment important peut être décisif… et c’est paradoxalement aussi l’affaire de l’employeur que vous êtes en train de quitter. Il est très classique d’intégrer des dispositifs de transition (coaching, outplacement, formations) à votre package de départ : n’hésitez pas à aborder ces sujets dans le cadre de la négociation de départ.