[Edito] Cloud souverain : 2024, année zéro

L’intelligence artificielle générative (IAG) va continuer à dévorer le monde en 2024. Un bref coup d’œil au CES à Las Vegas, grand-messe de l’innovation mondiale, suffit d’ailleurs à le confirmer. En la matière, la lutte de la France et de l’Europe pour rester dans une course au sein de laquelle elles ont déjà pris beaucoup de retard, inquiète. Comme toujours. De quoi rappeler les errements connus lors de la conquête du cloud, dans les années 2010. Or, il s’avère que l’année 2024 pourrait être aussi celle du cloud, justement. 

D’une part, parce que la valeur de l’IAG viendra sans conteste de son exploitation dans le cloud, qui en sera donc l’un des moteurs clés. Mais surtout car les prochains mois devraient fixer le sort de l’EUCS, le fameux schéma européen de certification des clouds. Ce dispositif, véritable clé de voûte des ambitions de l’UE pour instaurer des clouds de confiance et des clouds souverains, est au centre d’une sourde bataille depuis deux ans 

Son déploiement est d’ailleurs à dénombrer au rang des grands absents de ce début d’année, alors que la fin 2023 avait été promise par ses architectes comme une échéance clé sur le chemin de son adoption. On pensait la France, l’Allemagne et les Pays-Bas tombés, plus ou moins, d’accord autour d’un compromis. C’est à un revirement notable que l’on a en réalité assisté. L’absence d’annonce ne présage rien de bon sur l’avancée des négociations, alors que se profilent en juin des élections européennes parmi les plus clivantes de ces dernières années. Elles sont de nature à paralyser les gouvernements sur les questions multilatérales structurantes. En privé, des dirigeants du numérique français s’inquiètent désormais d’un silence qui leur paraît aussi assourdissant que de mauvais augure. Leur principale crainte ? Celle d’un EUCS vidé de sa substance…

L’enjeu d’une forte protection vis-à-vis des législations extraterritoriales dans le plus haut niveau de la certification est en effet le sujet qui fâche : c’est une condition essentielle pour la France et au contraire une ligne rouge pour plusieurs autres pays menés par les Pays-Bas. 

Le sujet est d’autant plus observé en France que l’adoption d’un schéma européen obligerait mécaniquement à l’abandon de celui que l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi) a fait émerger pour l’Hexagone : SecNumCloud. Des entreprises et des administrations de secteurs sensibles appellent de leurs vœux depuis des années l’apparition d’alternatives de confiance, rendues possibles ces derniers mois sous le regard vigilant de l’Anssi. Pour les alternatives en question, dont NumSpot, la dernière en date, un EUCS médiocre qui remplacerait le gage SecNumCloud serait un sérieux coup porté aux investissements prévus et à ceux déjà consentis.  

Nombreux sont ceux qui associent cette année leurs vœux avec l’expression de leurs attentes pour 2024, et tout particulièrement dans notre écosystème numérique. Pour Alliancy, nos espoirs vont comme toujours vers un numérique qui change la donne en matière d’impact environnemental de nos sociétés et dont la responsabilité en matière d’inclusion est également pleinement assumée.  

À ces deux piliers s’ajoute évidemment celui de la confiance. Et en la matière, nous pourrions avoir le vœu très simple de voir émerger, envers et contre toutes les errances politiques, un schéma EUCS ambitieux, qui donne le ton après une décennie cloud perdue en Europe.