[Tribune] Modèle « data-driven » : comment adresser le fossé culturel entre vos collaborateurs

Daniel Bailey, Vice-président, EMEA, Amplitude, revient sur la problématique de comment aider les dirigeants à adresser le fossé culturel entre leurs équipes afin de développer un état d’esprit « data-driven ».

Daniel Bailey Vice-président EMEA Amplitude

Daniel Bailey Vice-président EMEA Amplitude

Aujourd’hui, une grande partie des entreprises a intégré l’importance d’avoir un modèle dit « data-driven » ou piloté par les données. Ainsi lorsqu’une équipe est pilotée par les données, elle dispose des informations exactes dont elle a besoin pour prendre des décisions clés – et cette capacité génère un énorme potentiel de croissance pour l’ensemble de l’organisation. Mais le défi consiste à créer des cultures axées sur les données au sein des équipes, qu’elles aient un « background » technique ou non.

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Traditionnellement, seuls les data scientists et les ingénieurs disposaient des compétences techniques et de l’expertise nécessaires pour analyser les données, mais cette situation n’est plus viable pour les entreprises qui ont fait du produit leur priorité absolue en termes d’investissement, scrutant la courbe de leur croissance. Dans un contexte marché qui n’a de cesse d’évoluer, les entreprises doivent impérativement fédérer leurs équipes, et ce indépendamment de leur bagage technique, pour créer cette culture de la donnée.

Il n’existe pas de solution miracle pour créer celle-ci. Heureusement, il existe des tactiques et des outils pouvant être mises en place pour combler le fossé entre les techniciens et les non-techniciens et, in fine, devenir une entreprise « data-driven ».

Encourager la culture de l’apprentissage

La première étape du changement est l’éducation aux données. Les dirigeants doivent aider leur organisation à comprendre l’intérêt de s’appuyer pleinement sur les données et aider les équipes non techniques à développer le recours à ces dernières. Il s’agit d’un facteur essentiel pour une démocratisation réussie de celles-ci, c’est-à-dire un processus continu qui permet à tous les membres d’une organisation de travailler la donnée et d’échanger aisément à ce sujet.

Bien sûr, on n’attend pas des commerciaux, marketeurs et autres équipes traditionnellement « non techniques » que tous deviennent des analystes du jour au lendemain. Cependant, tous les membres de l’organisation doivent avoir une bonne connaissance des données. La maîtrise des données ne se limite pas à leur seule compréhension – les collaborateurs doivent aussi comprendre pourquoi leur maîtrise est désormais pertinente même dans le cadre de leurs fonctions les moins techniques. Ils doivent également se sentir à l’aise pour les digérer et les évaluer, et, ainsi, prendre de solides décisions « data-driven ». Les équipes traditionnellement non techniques possèdent déjà les soft skills nécessaires, telles que la pensée créative et critique, la curiosité intellectuelle et la communication. Elles doivent maintenant apprendre à intégrer les données dans l’exercice de ces compétences.

C’est là que la formation et les ressources entrent en jeu. Au-delà de la formation initiale et de l’utilisation pratique des données, les organisations devraient mettre en place des temps de travail en mode « présentiel », où les équipes pourraient venir soumettre leurs interrogations liées aux données. Cela leur permettrait d’entamer des conversations, de poser davantage de questions et de s’investir encore plus dans le processus de prise de décision lié aux données. Il est tout aussi important que les dirigeants investissent dans les moyens à fournir à leurs équipes pour qu’elles deviennent véritablement « data-oriented », et cela veut dire mettre à leur disposition des outils de traitement de données accessibles en libre-service pour s’assurer que leurs efforts de formation portent leurs fruits.

Miser sur des outils conviviaux

Pour les équipes non techniques qui ont peu ou pas d’expérience dans l’analyse et l’interprétation des données, les bons outils sont essentiels à leur réussite.

Pour devenir une organisation « data-driven », toutes les équipes doivent comprendre comment les outils sont utilisés pour collecter, stocker et déplacer les données, comment tirer des enseignements de ces dernières et quelles décisions prendre en fonction de ceux-ci. Mais, selon une étude, seulement 60 % des personnes interrogées pensent que leur entreprise fournit un accès gratuit aux données et aux analyses de manière équitable. Pourtant, 97 % des leaders du secteur pensent que l’accès à l’échelle de l’entreprise est essentiel à la réussite. On ne peut pas s’attendre à ce que les collaborateurs comprennent et travaillent en toute confiance avec les données si les décideurs bloquent les ressources dont ils ont besoin. Une entreprise ne saurait devenir véritablement « data-driven » sans assurer un accès aux données à tous.

Les équipes non techniques n’ont pas seulement besoin d’accéder aux données, elles ont aussi besoin des moyens adaptés pour se les approprier davantage. Les outils en libre-service responsabilisent les collaborateurs en les aidant à travailler la donnée de manière indépendante, facile et efficace, sans avoir à écrire une seule ligne de code. Pour autant, cela ne signifie pas que ces derniers ne disposent pas d’une grande capacité d’analyse. En réalité, de nombreux outils de données en libre-service avec peu ou pas de code peuvent constituer le meilleur pont entre les équipes techniques et non techniques, car ils répondent aux besoins des unes et des autres.

Investir dans une équipe « intermédiaire »

La démocratisation des données n’est pas une fin en soi, mais un voyage qui ne s’achève jamais réellement. Les organisations verront toujours de nouvelles recrues rejoindre leurs équipes, leurs priorités changer et les besoins de leurs clients évoluer. Pour faciliter ce processus, tant pour l’organisation que pour les individus qui la composent, les entreprises devraient envisager la mise en place d’une équipe intermédiaire ou d’un évangéliste interne des données qui peut contribuer à la formation continue et communiquer les besoins des collaborateurs techniques et non techniques.

Cette équipe relai assurerait le lien entre les groupes en ayant une connaissance approfondie des aspects techniques et non techniques de l’entreprise, mais son rôle principal serait de soutenir les efforts continus de démocratisation des données. Au-delà de la formation, l’équipe relai peut créer des référentiels pour les questions courantes, mettre en place des exercices en vue d’accroître la maîtrise des données et aider les équipes à comprendre comment ces données peuvent optimiser leur travail et éclairer les prises de décision..

En période d’incertitude financière, les entreprises peuvent hésiter à investir dans la création d’une équipe relai, d’autant plus que les plateformes « low code » et « no code » s’avèrent efficaces pour faciliter la maîtrise des données. Pourtant, cette dernière offre un avantage qu’aucune plateforme logicielle ne possède : la compréhension humaine. En aidant à combler le fossé et à faciliter les conversations entre ceux qui s’occupent des données et les autres, les équipes de transition atténuent la pression liée à la démocratisation des données et représentent un atout pour l’équipe dirigeante souhaitant être informée en permanence des progrès accomplis.

Dans le contexte économique actuel, la capacité à travailler la donnée est devenue essentielle pour tous les professionnels, quel que soit leur rôle. D’ici 2025, 80 % des initiatives d’analyse de données axées sur les résultats commerciaux seront considérées comme une capacité commerciale essentielle. Les entreprises qui adoptent et encouragent la maîtrise des données et qui prennent des mesures actives pour combler le fossé entre les équipes qui travaillent la data et les autres disposent d’un avantage concurrentiel significatif. En responsabilisant les collaborateurs par la formation, en utilisant les outils les plus appropriés et les plus efficaces en fonction de leur niveau de connaissances et grâce à la mise en place d’une équipe relai, les entreprises pourront amorcer une transition plus fluide vers le modèle « data-driven » et connaître un nouvel élan dans leur croissance.