Au sein de la DSI des Jeux olympiques, le défi de l’attractivité pour recruter dans la dernière ligne droite   

À moins de six mois du début des Jeux olympiques de Paris 2024, la DSI de l’évènement poursuit sa croissance. Le recrutement de plusieurs centaines de personnes aux profils techniques est encore attendu dans cette dernière ligne droite. Avec la promesse pour les recrues de participer à un projet aussi unique qu’éphémère. Alain Nguyen, DSI adjoint de Paris 2024, revient pour Alliancy, sur les priorités des mois à venir pour cette DSI atypique. 

Dans cette dernière ligne droite de recrutement avant l’événement, quels sont les profils que vous allez privilégier ? 

Alain Nguyen : Nous privilégierons des profils plus techniques, dotés d’une tête bien faite. Ils occuperont des rôles très structurés, avec moins de place pour la créativité. Nous visons des ingénieurs ou de jeunes ingénieurs possédant des compétences en gestion de réseaux mobiles et fixes, et qui comprennent les enjeux liés à la prestation de services sur des sites et à la gestion d’incidents. Le sens du service est primordial. Il est essentiel de distinguer ce qui est important de ce qui est urgent. Tous ceux ayant une appétence technique et capable de se mettre à la place des utilisateurs seront les bienvenus pour contribuer aux JO. Le délai est court avant le début de l’évènement. Les nouveaux arrivants devront donc s’adapter rapidement à l’organisation. 

En termes de dimension, comment va évoluer votre service à l’approche des Jeux olympiques ? 

AN : Actuellement, nous sommes environ 300, dont la moitié est composée d’externes. Au moment des Jeux Olympiques, nous serons près de 1000. Mais de nombreux collaborateurs qui n’appartiennent pas directement à la DSI de Paris 2024 feront partie intégrante du processus technologique. L’écosystème atteindra probablement plusieurs milliers de talents, en incluant tous les partenaires. 

Quelles sont les caractéristiques clés de votre DSI en termes de compétences ? 

AN : Nous avons des ingénieurs, ainsi que des profils issus d’écoles de commerce spécialisés en gestion des SI. C’est une DSI relativement jeune, avec une moyenne d’âge d’une trentaine d’années, un tiers des collaborateurs vivant actuellement leur première expérience professionnelle. Mais nous voyons aussi arriver des spécialistes venus d’autres compétitions internationales, certains ayant même participé aux Jeux de Londres en 2012. Cela crée un environnement très international. Au sein de l’organisation Paris 2024, il y a notamment une forte communauté d’une cinquantaine de Brésiliens, ce que je trouve assez impressionnant. 

Quelles sont les motivations qui poussent les candidats à vous rejoindre ? 

AN : C’est l’opportunité de participer à un projet unique, en recherchant un sens et pour suivre un projet majeur jusqu’à son aboutissement. C’est aussi un environnement passionnant où l’on découvre le monde du sport sous toutes ses facettes. Il faut aimer les défis, et bien que cela ne soit pas évident au départ, on acquiert de nombreuses compétences nouvelles. Personnellement, j’ai approfondi mes connaissances sur le RGPD et la protection des données. J’ai aussi appris ce que signifie faire de la politique en entreprise… Ce sont des compétences utiles dans toutes les directions d’entreprises et bénéfiques pour l’avenir. 

Dans une DSI atypique comme la vôtre, qu’utilisez-vous comme méthodes de recrutement qui diffèrent d’une entreprise classique ? 

AN : Nous avons tenté des approches différentes, comme le recrutement sans CV. Nous nous sommes appuyés sur la direction des ressources humaines, qui souhaitait donner sa chance à des personnes1 en position moins favorable. Le résultat est mitigé, avec parfois un manque de compétences clés. Pour le reste, nous nous fions classiquement à l’intuition, car nous sommes un projet relativement jeune. Il est également important de convaincre en expliquant clairement les attentes et en rassurant ceux qui prennent un risque en quittant un poste stable pour un projet éphémère. Contrairement à d’autres secteurs très médiatisés, le monde des Jeux n’attire pas forcément tous les talents de l’IT. Nous sommes en concurrence avec des entreprises offrant sécurité de l’emploi et salaire confortable. Certains hésitent à nous rejoindre, même s’ils sont passionnés de sport, en raison de cette incertitude. Cela ne nous empêche pas de maintenir notre niveau d’exigence très élevé.

Après la livraison des Jeux, l’organisation IT va être amenée à disparaitre rapidement, comment organisez-vous cet “après” ? 

AN : Après les Jeux, en septembre-octobre, nous ne serons déjà plus que 80. Nous anticipons donc cette diminution très forte de nos effectifs. Nous travaillons également sur l’héritage des Jeux, en transmettant nos travaux et réflexions à des fédérations, que ce soit sur les aspects du numérique responsable ou de la cybersécurité. Il ne s’agit pas seulement de transmettre, mais d’enseigner à des entités disposant de peu de moyens traditionnellement, pour qu’elles s’améliorent nettement. Nous réfléchissons aussi à la façon dont notre expérience peut être utile à d’autres comités d’organisation, en leur transmettant ce que nous n’avions pas au début du projet. Quand nous avons commencé le projet, nous sommes partis de zéro. Il a fallu tracer une route en partant d’une feuille blanche.