Green IT : la maturité des entreprises stagne

Dans le contexte environnemental actuel (canicules, feux de forêt, crise du secteur énergétique…), de plus en plus d’entreprises cherchent à quantifier les impacts environnementaux de leur SI afin d’identifier les leviers d’actions possibles. Un objectif auquel la septième édition du Benchmark Green IT répond.

Cette nouvelle édition du Benchmark Green IT, menée par le collectif Green IT, le Club Green IT, Espelia et Resilio, vise à quantifier les impacts environnementaux du système d’information de dix organisations privées et publiques, situées en France et à l’international, ainsi que la maturité de leurs équipes (c’est-à-dire leur capacité à mettre en œuvre des bonnes pratiques pour réduire ces impacts).

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Après un recul en 2020 et 2021, la maturité des organisations repart à la hausse sur plusieurs domaines comme la gouvernance (38%), la gestion du poste de travail

(56%) et de ses outils et usages (51%). En revanche, la maturité concernant les centres informatiques chute à 36%.

Cette baisse s’explique par la présence, dans l’échantillon de cette étude, de centres informatiques situés sur des sites industriels peu ou pas optimisés et également par la forte externalisation des hébergements qui fait perdre l’organisation en maîtrise des indicateurs de suivi. La maturité globale stagne à 45%.

Tableau niveau de maturité_1

À ce jour, toutes les organisations ne disposent pas d’un.e responsable Green IT à temps plein pour organiser l’ensemble des actions et suivre leur impact dans le temps, mais pour certaines le poste a été créé au cours de l’année 2022 et n’est donc pas considéré dans cette étude concernant l’année 2021.

Des recommandations concrètes

Compte tenu des principaux résultats de cette étude, le Benchmark Green IT avance un certain nombre de recommandations visant à réduire les impacts environnementaux d’une organisation par grand domaine du système d’information.

1. Poste de travail : attention au deuxième écran

Le deuxième écran externe est une catastrophe d’un point de vue environnemental s’il s’agit d’une technologie LED / OLED. En revanche, l’impact du deuxième écran est nettement moindre s’il s’agit d’un écran LCD. Lorsqu’un salarié est équipé d’un ordinateur portable et de deux écrans externes 24 pouces LED / OLED, les écrans contribuent entre deux tiers et trois quarts des impacts environnementaux du poste de travail (selon l’indicateur d’impact observé).

Il est donc crucial d’éviter de généraliser le deuxième écran, à fortiori LED / OLED, sauf lorsque c’est absolument nécessaire. La difficulté réside dans le fait que presque tous les écrans vendus aujourd’hui sont basés sur la technologie LED.

2. Impressions : favoriser le papier recyclé Blue Angel ou FSC

Bien que le domaine de l’impression ne soit pas le plus impactant dans l’empreinte, en raison de la forte diminution des équipements et des impressions, le taux de papier recyclé est plutôt à la baisse (41%). Le choix du papier a un effet sur la consommation d’eau douce ainsi que sur d’autres indicateurs d’impacts liés à la pollution des écosystèmes aquatiques (eutrophisation, etc.).

Pour diminuer l’impact, l’achat de papier 100 % recyclé non blanchi écolabélisé Blue Angel ou FSC est préconisé. En 2021, un papier recyclé de qualité ne pose plus aucun problème technique (poudrage, déchirement, etc.) pour les imprimantes récentes.

3. Téléphonie : donner une seconde vie aux smartphones

La téléphonie n’apparaît pas une source importante d’impacts à l’échelle du système d’information d’une entreprise. En revanche, le smartphone est devenu le symbole de l’obsolescence programmée, mais aussi de la lutte contre cette pratique avec les succès grandissants du reconditionnement. Il est donc intéressant d’inciter les utilisateurs à prendre soin de leur smartphone professionnel pour qu’il puisse avoir une seconde vie.

Quant aux téléphones fixes, la baisse entamée l’année dernière se poursuit. Il est désormais courant de ne plus déployer de poste téléphonique fixe et de le remplacer par un softphone. Cette bonne pratique limite les impacts environnementaux associés à la fabrication. Elle apporte aussi plus de confort aux utilisateurs. Il convient désormais de décommissionner le parc vers les filières de reconditionnement.

4. Organisation de la DSI : déplacements et télétravail

L’énergie primaire est majoritairement mobilisée sous la forme de carburant pour automobile. Cette mobilisation se traduit par d’importantes émissions de gaz à effet de serre. On ne peut donc pas réduire les émissions de GES du système d’information sans agir au niveau des déplacements des collaborateurs de la DSI. Mettre en place un Plan De Mobilité (PDM) consiste à jouer sur la quantité et la qualité des kilomètres parcourus par les salariés de la DSI et les prestataires. Deux approches sont particulièrement efficaces : covoiturage à plus de deux passagers par berline et transports en commun.

Quant au télétravail, il peut apporter plus de confort aux salariés tout en réduisant les impacts associés aux déplacements. Il faut cependant mettre en œuvre les conditions techniques le permettant et s’assurer qu’il ne déclenche pas d’effet rebond (Accroissement de l’équipement numérique, augmentation des trajets personnels, surconsommation énergétique au domicile, recours intensif à la visioconférence…).

Cette étude se basant sur une méthodologie ACV (analyse du cycle de vie) simplifiée de type screening, les calculs sont effectués à partir de données secondaires issues de la base de données NegaOctet qui, elle-même, se base sur la méthodologie ISO 14040-44 et la méthodologie Product Environmental Footprint (PEF) conseillée par la Commission Européenne.