La France veut « accélérer » la réindustrialisation

Avec l’annonce du projet ProLogium ce jour à Dunkerque par le président Emmanuel Macron, l’industrie est à l’honneur ! Les annonces s’enchaînent depuis hier et se poursuivront encore lundi, lors du sommet Choose France à Versailles, en présence de nombreux dirigeants français et internationaux.

Devant de nombreux acteurs de l’industrie française, le président de la République a dévoilé le 11 mai les grands axes du projet de loi « Industrie verte », qui sera présenté mardi prochain en Conseil des ministres, et les mesures pour mettre en œuvre cette accélération, financements publics à la clé.

Pour réindustrialiser la France à grand pas, Emmanuel Macron a dévoilé notamment un budget de 700 millions d’euros pour installer les formations au plus près des étudiants, notamment dans des plus petites villes et dans les métiers de l’industrie en tension.

Le président souhaite également la mise en place de procédures simplifiées pour les nouvelles implantations industrielles. Aujourd’hui établis entre 17 et 18 mois, selon le chef de l’Etat, ceux-ci doivent passer à 9 mois « entre le moment où on tope […] et le début des travaux». Ce changement doit être réalisé en «mettant en parallèle toutes les procédures», plutôt qu’en les réalisant les unes après les autres, a-t-il expliqué.

Compétitivité investissement europe

Il a promis, par ailleurs, un investissement de 1 milliard d’euros, via la Banque des territoires, pour « mettre à disposition (des industriels qui souhaitent s’implanter dans les territoires) des sites prêts à l’emploi ».

Le chef de l’Etat compte aussi créer un « crédit d’impôt pour l’industrie verte » pour soutenir les investissements dans les énergies considérées comme vertes. Et ce uniquement sur les secteurs précis de l’éolien, des batteries, des pompes à chaleur et des panneaux solaires.

Cette mesure, prise en réaction au protectionnisme américain et à son Inflation Reduction Act (IRA), devrait déclencher 20 milliards d’investissements sur le territoire national d’ici à 2030, selon Emmanuel Macron. « C’est ce qui nous permettra de diminuer massivement les importations d’équipements ou de composants stratégiques venant d’autres pays, qui en bénéficient », a-t-il souligné en citant la Chine et les Etats-Unis.

Dans le même esprit, le président français a indiqué que les aides d’Etat seraient désormais fléchées vers les batteries et les véhicules électriques produits en Europe, afin de favoriser la production sur le continent. Un principe applicable également pour la commande publique qui se voudra plus « responsable ». Emmanuel Macron a ainsi affirmé que les commandes publiques allaient prendre en compte les critères environnementaux « pour les produits clés de la décarbonation », comme les éoliennes et les pompes à chaleur, dès juillet 2024 au lieu de 2026.

Le Dunkerquois, royaume de la batterie

Vendredi, cette fois en déplacement à Dunkerque, pour officialiser l’implantation d’une nouvelle usine de batteries automobiles, le président de la République a confirmé qu’à l’avenir, l’industrie française « devra être décarbonée, respectueuse de la biodiversité, numérisée et transformée ». Au menu : l’arrivée du taiwanais ProLogium, dont le CEO Vincent Yang est présent à ses côtés. Soit un investissement de 5,2 milliards d’euros d’ici à 2030 avec 3 000 emplois à la clé. « On vient de signer par ailleurs avec XTC et Orano » pour la production de matériaux de cathodes pour les batteries lithium, soit 1,5 milliard d’euros d’investissement et « 1 700 emplois » supplémentaires. « On a mis le paquet ces dernières semaines », se félicite-t-il.

« Un véritable écosystème pour les batteries se développe dans le nord de la France », a salué un vice-président de ProLogium, Gilles Normand, à plusieurs agences de presse. Trois autres projets de gigafactories y sont déjà annoncés, transformant progressivement cette terre, longtemps en voie de désindustrialisation, en vallée de l’électrique en France.

Les projets attirés depuis 2017 par le Dunkerquois « permettront la création ou le maintien d’environ 16 000 emplois sur dix ans alors que la ville a perdu près de 6 000 emplois industriels en 20 ans », a fait valoir l’exécutif.

Une fois encore, comme la veille, Emmanuel Macron a défendu son idée de « pause réglementaire » en Europe pour soutenir la réindustrialisation. « Je préfère avoir des usines qui appliquent nos normes, plutôt que des normes sans usines. »

Après un passage par Aluminium Dunkerque, où il a annoncé des milliards d’euros d’investissements et la création de milliers d’emplois, le président s’est rendu dans le centre de la ville, où l’attendaient de nombreux manifestants.

Lundi 15 mai, de nouveaux investissements étrangers seront annoncés lors de la 6ème édition du Sommet Choose France, à Versailles.

« Le véritable problème ? déclarait le président à nos confrères du Point est d’avoir de bons emplois et de bons salaires, puis la progression des salaires durant la carrière. Et ces emplois, ces « bons » emplois, ce sont des emplois industriels. »