Loi NOME : une opportunité plus qu’une contrainte pour les industriels !

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Matthieu Bourgain, Expert en Maîtrise de l’Energie, Automatique & Industrie

Depuis le 1er janvier 2016, l’ère des contrats d’électricité historiques en tarif vert et jaune est révolue ! Cette mutation du marché français a pris du temps mais les résultats sont encourageants même s’il reste encore du chemin à parcourir.

La fin des Tarifs Règlementés de Vente : un virage difficile…

La fin des TRV de l’électricité n’a pas été vue d’un très bon œil par les entreprises concernées, qui ont dû quitter le confort de leur contrat historique. Passer en offre de marché demande un travail conséquent : prévoir les consommations, constituer un dossier d’appel d’offre, comparer les propositions des différents fournisseurs dans un délai extrêmement court, etc.

Cette nouvelle démarche, en plus d’être chronophage, représente un enjeu important pour la compétitivité des entreprises. Selon les secteurs d’activité la facture d’énergie peut représenter jusqu’à 58,5% de la valeur ajoutée (source : CEREN 2014, d’après INSEE et Comptes nationaux annuels). Les acheteurs se voient donc endosser une lourde responsabilité sous peine de pénaliser leur société.

…mais une baisse des factures à la clef…

C’est d’abord la conjoncture qui a permis aux consommateurs de faire de belles économies. En 2015, le coût de l’électricité sur le marché de gros était bas, passant sous le prix de l’Accès Régulé à l’Electricité Nucléaire Historique (42 €/MWh) fin 2014, pour arriver autour de 36 €/MWh fin 2015.
Souscrire une offre de marché a donc permis aux entreprises de réduire leur coût du kWh. Mais les économies ne se sont pas arrêtées là ! Les retours d’expérience ont montré que l’application de la loi NOME a poussé les industriels à remettre en question leur démarche. On a ainsi vu de nombreux exemples d’entreprises, qui n’avaient pas remis en cause leur puissance souscrite depuis plusieurs années, gagner jusqu’à 20% de leur facture en souscrivant la bonne puissance. De nouvelles offres et de nouveaux outils ont d’ailleurs vu le jour sur le marché pour permettre aux acheteurs de négocier au mieux leur contrat.

…et des économies d’énergie

La fin des TRV a également été bénéfique à la transition énergétique. Sur de nombreux sites industriels, une synergie s’est créée entre les acheteurs et les responsables énergie afin de mieux maîtriser leur profil de consommation et préparer ainsi leur capacité d’effacement. De plus, les fournisseurs d’énergie se livrent à une guerre des services pour tirer leur épingle du jeu : audit énergétique, certificats d’économies d’énergie, plan de comptage…

Encore 30% de retardataires !

Malgré l’obligation de l’application de la loi NOME au 31 décembre 2015, la CRE (Commission de Régulation de l’Energie) estime qu’encore 145 000 sites sur 468 000 concernés ne sont pas passés sur une offre de marché, malgré un message largement diffusé à la fois par les fournisseurs et différents relais institutionnels type CCI. En attendant, ces sociétés, souvent de taille moyenne, bénéficient d’un contrat transitoire à un prix défavorable et s’exposent à un risque de coupure d’électricité à partir de juin 2016. Une solution à envisager pour leur permettre de rentrer dans le rang, serait la création d’un groupement d’entreprises afin de minimiser la charge de travail ainsi que les risques.

Les entreprises ont entre leurs mains une réelle opportunité, il ne leur reste plus qu’à la saisir !