Les données, toujours un actif sous-exploité par les entreprises françaises ?

La sous-exploitation des données reste d’actualité pour les entreprises françaises, qui délaisse un tiers de leur patrimoine selon Cloudera. Et l’hybridation des environnements constitue un facteur de complexité supplémentaire.

Les données toujours un actif sous-exploité par les entreprises françaisesLe constat n’est pas neuf. Les volumes de données générés par les entreprises croissent rapidement. Entre 2020 et 2025, cette Data Sphere, telle que la qualifie IDC, passera de 6,7 à 16,1 Zo. La progression s’explique notamment par l’augmentation du nombre de sources.

En 2020, sur la zone EMEA, plus de la moitié des entreprises exploitaient moins de 10 sources. Elles sont plus de 70% à prévoir d’en gérer plus de 10 à l’avenir – dont 40% anticipant le traitement de 20 sources et plus.

L’hybridation IT, une source de complexité sur la Data

Avec une hausse de 10 Zo de données en 5 ans seulement, la tâche s’annonce complexe pour les organisations qui sous-exploitent déjà une grande partie de cet actif. Des progrès ont été réalisés, y compris en France.

Néanmoins, un tiers des données des entreprises françaises ne sont pas utilisées efficacement, d’après une étude de Cloudera. Un facteur de complexification de ces usages résiderait dans les environnements IT.

60% des répondants utilisent un environnement hybride, c’est-à-dire combinant à la fois des systèmes de cloud privé et de cloud public. C’est particulièrement vrai pour les acteurs de l’économie traditionnelle dont l’IT s’est bâtie on-premise avant de s’ouvrir aux offres de public cloud.

Y cohabitent dès lors legacy et nouveaux environnements cloud. Or, en matière de valorisation des données, l’hybridation rimerait avec complexité accrue. 77% des répondants français jugent “difficile de tirer pleinement parti de la valeur des données lorsqu’elles sont stockées dans différents environnements cloud et sur site.”

De quoi freiner l’adoption du cloud et un argument en faveur d’une hybridation accélérée ? 90% des décideurs IT sondés prévoient au contraire de migrer davantage de données sur le cloud durant les trois prochaines années.

Les gains du cloud ne freinent pas l’hybridation accrue du SI

Loin d’y voir un obstacle à la valorisation du patrimoine de données, ils considèrent à 41% la migration sur le cloud comme un vecteur d’amélioration de l’accessibilité des données. Cette option d’externalisation constitue de plus un levier de réduction des coûts (44%) ainsi que d’optimisation du stockage et de la sauvegarde des données (42%).

Pour autant, les réponses traduisent également une volonté d’hybridation. Parallèlement à l’accroissement de la part du cloud, 71% déclarent vouloir rapatrier des données sur site dans les 3 prochaines années.

Si le cloud présente des gains bien identifiés, il s’accompagne aussi d’une prise de conscience des risques inhérents à la migration des données. 56% des décideurs témoignent de craintes liées au vendor locking – découlant entre autres des frais de transfert, de l’adhérence logicielle du fait de l’utilisation de services managés et du manque de portabilité.

De plus, 52% expriment des préoccupations en matière de gouvernance des données et de protection de la vie privée. Enfin, 51% anticipent des problèmes de performance lors du traitement de grands ensembles de données en temps réel.

Le temps réel ne représente pas encore la norme, mais l’ambition progresse. Une étude IDC France pour Confluent évaluait à 74% la part des organisations jugeant le temps réel comme un atout pour leur activité.

Prolifération des outils analytics : effet de bord de la démocratisation ?

Cet objectif ne se concrétisera pas nécessairement par le cloud public – et sans remise en cause néanmoins d’une stratégie cloud first. D’ailleurs, ces dernières années, les chemins de migration sur le cloud se sont diversifiés.

“Avant de prendre des décisions en matière de cloud, il est primordial que les entreprises aient une stratégie de données claire, qu’elles aient une bonne compréhension de leurs données et de leurs cas d’usage”, commente Sophie Papillon, Regional Vice-Président France chez Cloudera.

Les usages de ce patrimoine reposent sur des infrastructures, mais également des outils d’analyse, adoptés notamment comme levier de démocratisation de la Data. Ces solutions se sont multipliées. Hors de tout contrôle ? Suffisamment pour que leur “prolifération” inquiète 63% des décideurs IT. Cloudera en dénombre 5 en moyenne par entreprise.

A cette prolifération s’ajoutent (cause ou conséquence ?) la persistance de silos de données, “un obstacle majeur qui empêche leur organisation de prendre des décisions en temps réel.” Cette situation entraîne une perte financière, préviennent les répondants. Outils d’analyse multiples et silos forment un mauvais combo.

“Les métiers souhaitent exploiter la puissance de l’analyse des données pour obtenir un avantage concurrentiel. Cependant, le déploiement de multiples solutions ponctuelles entraîne une complexité accrue et fragmente les informations”, pointe la dirigeante de Cloudera.