L’ESCP Business School imagine déjà 2026

Le groupe ESCP Business School a lancé en début d’année sa « Phygital Factory » pour accélérer la transformation vers des pédagogies augmentées et innovantes grâce à la co-construction.

Anthony-Hié,-CDIO-de-l’ESCP-Business-School

Anthony Hié, CDIO de l’ESCP Business School, devant la Phygital Factory, qui a nécessité un investissement de plus de 100 000 euros, intégrés au budget global du plan de transformation de 7 millions d’euros (2019-2022), dont 3 millions supplémentaires ajoutés fin 2020.

Dans le secteur du Retail, le mot « phygital » est entré dans le vocabulaire courant depuis déjà quelques années. Dans l’enseignement, c’est une première ! C’est pourtant cette hybridation entre le physique et le digital que défend ardemment Anthony Hié, directeur de la transformation digitale et DSI (CDIO) de l’ESCP Business School, lors de l’inauguration de la nouvelle « Phygital Factory », opérationnelle depuis janvier au sein de cet établissement du XIème arrondissement de Paris.

« Nous voulons créer un lien sans couture entre les cours en présentiel sur nos différents campus et leur diffusion en ligne, comme on le voit dans des secteurs comme la grande distribution ou la restauration rapide. La crise sanitaire nous a fait gagner cinq-six ans sur cette approche d’apprentissage hybride, une évidence pour la continuité pédagogique quel que soit l’endroit où se trouvent nos étudiants », explique-t-il.

Cette « Phygital Factory » n’est donc pas un campus virtuel, mais bien un véritable espace physique d’innovation créatif et de son jumeau virtuel numérique transposé en 2026. Dupliquée dans tous les campus de l’ESCP dans les mois à venir, elle comprend trois salles, dont l’une permet aux professeurs, en toute autonomie, d’enregistrer un cours en intégrant directement leurs supports. Deux autres salles sont dédiées à l’expérimentation et à l’apprentissage de nouveaux outils ou méthodes. Une plateforme technologique, à la croisée des pédagogies numériques et physiques, qui vise à offrir de nouvelles expériences aux étudiants comme aux professeurs et personnels des campus de l’école, tous interconnectés à terme.

Phygital-Factory Ainsi, la Phygital Factory illustre pleinement le projet stratégique de l’ESCP, qui mise sur une approche 20-40, « c’est-à-dire 20 % de numérique au minimum dans chaque cours et 40 % de physique, laissant un choix d’action aux pédagogues, rappelle Frank Bournois, le directeur général de l’école. Mais on voit aussi que certains souhaiteraient du 60-40. »

Si le projet était déjà là avant la pandémie, précise-t-il d’entrée, il a toutefois vu son accélération depuis le printemps 2020. « Nous assistons à de grands changements, analyse le directeur général, autant technologiques que sociaux, autant pour les étudiants que les professeurs ou les personnels. L’ESCP accueille depuis longtemps des élèves étrangers dont la mobilité physique a évidemment été perturbée ces derniers mois… Aussi, sous la contrainte, nous avons capitalisé sur la notion de motilité, c’est-à-dire la capacité de se déplacer, de se préparer, mais sans bouger obligatoirement. Le phygital, ce n’est donc pas de la mobilité virtuelle. La technologie ne se substituera pas à l’expérience étudiant sur nos campus. Car, qu’on soit clair, illustre-t-il, si on lit un livre sur la Grèce, on n’a pas pour autant visité le pays ! D’où notre volonté de sur-activer la notion de mobilité. »

Pour y parvenir, Anthony Hié travaille de concert avec le professeur espagnol José Ramón Cobo, nommé fin 2020 doyen associé responsable de tous les contenus liés à l’innovation dans l’apprentissage, aux aspects pédagogiques et à l’innovation numérique du groupe. « Sur cette phygital factory, nous sommes dans la co-construction technologique et pédagogique, poursuit Franck Bournois. L’outil est un plus qui vient augmenter l’expérience, en gommant les limites entre le physique et le digital. Par exemple, cet affichage dynamique que vous voyez sur le campus est totalement identique dans notre jumeau virtuel en ligne. »

Et de rappeler un autre enjeu fondamental lié à l’innovation : « Plus nous allons vers du numérique, plus nous avons des standards et de l’individualisation. Ainsi, plus nous aurons de capsules d’enseignement dans notre librairie (contenus multipliés par 3 en un an), plus nous l’adapterons à la multiplicité. Dans une école, la notion de traçabilité joue, insiste-t-il. Avec le numérique, nous allons pouvoir faire une évaluation plus fine des élèves et personnaliser leurs parcours (ou Adaptive Learning). » Un domaine dans lequel l’ESCP Business School souhaite devenir leader, en créant notamment cette librairie en ligne de modules de cours réutilisables dans différents parcours pour les élèves.

Une plateforme d’open innovation ouverte aux start-up EdTech

Le groupe ESCP Business School a lancé en début d’année sa « Phygital Factory » La Phygital Factory s’inscrit totalement dans le plan de transformation numérique 2019-2022 (appelé So’School) intégrant 47 projets, dont par ailleurs le déploiement massif de classes hybrides (150 à ce jour basées sur des systèmes et caméras innovantes) ; la mise en place d’une plateforme d’open innovation ouverte à tous, des étudiants aux externes (openeo.escp.eu, lancée ce jour également) et le déploiement ce printemps d’un Digital Workplace, un intranet dédié aux étudiants qui favorise notamment la collaboration (leur choix s’est porté sur Jalios).

« Cette transformation 360° englobe plusieurs aspects, rappelle Anthony Hié. C’est un tout qui touche les étudiants, les profs, mais aussi le staff sur tous nos campus*. A tous les niveaux, nous devons développer la culture digitale, co-construire les innovations pédagogiques et adapter la technologie au service de la stratégie et des usages. D’où également cette plateforme d’open innovation que nous lançons en ligne officiellement ce jour car nous ne voulons pas non plus rester entre nous, mais nous ouvrir pour trouver des idées et des solutions ailleurs. »

Anthony Hié tient particulièrement à cette logique d’intelligence collective : « Nous voulons sortir les innovations qui vont aller dans les salles de cours », tel le dispositif SmartProjector de la start-up Adok, testée dans la Phygital Factory, capable de transformer n’importe quelle surface en écran tactile. « On peut aller autant vers le micro-learning  l’hybride learning ou l’ultra learning, poursuit-il… On souhaite adapter les systèmes pour qu’ils suivent le profil des étudiants afin de proposer des nouveaux parcours en s’appuyant sur l’écosystème. On veut accueillir des start-up de l’EdTech dans cet espace pour co-construire ! ».

L’école teste ainsi à la mise en place au sein du campus de beacons, des balises Bluetooth low energy qui envoient, via une appli développée avec DigiSchool, des informations auprès de ceux qui le souhaitent, que ce soient des visiteurs lors des journées portes ouvertes, des étudiants (planning, plans…) dès leur entrée sur le site.

Toutefois, si le CDIO souhaite un maximum d’interactions dorénavant au sein de la Phygital Factory, la situation sanitaire freine encore ses ambitions. Actuellement, seulement 20 % des élèves sont présents sur le campus, et seulement entre 15 et 20 % des professeurs sont ouverts à ces nouvelles technologies. Créer de l’engagement à tous les niveaux est donc un enjeu majeur pour l’équipe de direction : l’une des nouvelles plateformes mises en place (So’Cooc) vise à acculturer au digital via des modules de Social Learning. Une autre (So’Use) cible plus particulièrement la conduite du changement avec son catalogue de services accessible en ligne.

 

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L’ESCP Business School compte 130 professeurs internes et 500 vacataires, 7 140 étudiants en formation initiale et 5 000 en formation continue, et 300 collaborateurs pour les fonctions support, dont une quarantaine pour l’équipe IT d’Anthony Hié.