Koesio donne une seconde vie aux imprimantes

L’entreprise Koesio – qui a délaissé son ancien nom “C’Pro” en septembre dernier – a progressivement fait évoluer son modèle exclusivement basé sur la fourniture de matériel d’impression vers celui d’une entreprise de services du numérique en tant que telle. L’ESN multiplie les acquisitions en France et vise un milliard d’euros de chiffre d’affaires d’ici deux ans. Erwan Monot, secrétaire général depuis 5 ans et en charge des projets RSE du groupe, présente pour Alliancy comment Koesio souhaite réduire ses émissions carbone de 24 % à l’horizon 2024.

Koesio donne une seconde vie aux imprimantes.

Koesio donne une seconde vie aux imprimantes.

Alliancy. Pouvez-vous définir votre périmètre d’activité ?

Erwan Monot : Koesio compte à ce jour plus de 3000 collaborateurs avec un chiffre d’affaires annuel de 800 millions d’euros. Nous disposons d’un réseau de 180 agences réparties en France, en Belgique et au Luxembourg. Le métier historique de Koesio était celui de l’impression, avant de devenir une ESN depuis une quinzaine d’années. 

Nous fournissons du matériel et des services aux métiers IT d’entreprises ou d’organisations de toutes tailles : des collectivités locales en passant par des grands groupes comme SNCF ou des TPE de moins de 15 salariés. Les 25 premières années ont été consacrées au développement dans la région Rhône-Alpes, puis nous avons multiplié les acquisitions partout en France.

Quels effets de la crise avez-vous constaté ? 

Le marché de l’IT a été porteur car les confinements ont été synonymes d’un grand besoin en informatique. Notre expérience de longue durée avec les constructeurs du secteur nous a permis d’avoir le matériel adéquat pour équiper nos clients. Néanmoins notre activité liée à l’impression a un peu faibli, car le télétravail ne nécessite pas d’impression. 

Nous nous approchons d’un équilibre entre nos activités liées à l’IT et à l’impression et nous visons d’ici 2024 un chiffre d’affaires d’un milliard d’euros. Cet objectif nécessitera encore de poursuivre nos acquisitions. 

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Quelle différenciation avez-vous sur votre marché ?

Notre grand avantage est notre implantation géographique : peu d’entreprises du secteur ont réussi à développer un réseau d’agences aussi étendu que le nôtre. Nous pouvons ainsi facilement accompagner des clients qui ont des bureaux situés dans plusieurs départements à la fois. 

De la même manière, 80 % de nos clients sont des entreprises de moins de quinze salariés. Cela ne veut pas dire que nous ne pouvons pas accompagner des grands comptes – c’est le cas ! – mais ce n’est pas notre cœur de métier historique. Nous ne sommes pas intéressés par les très gros marchés publics ou par les grandes administrations, nous préférons nous rapprocher des acteurs implantés dans les régions françaises et qui font partie intégrante de la vie des entreprises locales.

C’est cette stratégie qui nous vaut aujourd’hui d’être par exemple le plus gros distributeur de Toshiba, Canon ou encore HP en Europe. 

Comment qualifiez-vous l’état de maturité des PME sur les enjeux de transformation numérique ?

Nous n’y sommes pas encore, mais il est clair que la crise sanitaire a accéléré cette transformation car pour pouvoir travailler depuis n’importe où, les flux dématérialisés sont devenus indispensables. Il a fallu mettre en place une nouvelle organisation du travail avec des outils technologiques qui fonctionnent. Nous sommes très impliqués sur le partage des bonnes pratiques en matière de transformation numérique et la route semble encore longue.

La réussite d’un projet IT ne se limite pas à la vente de matériel informatique mais à la manière dont les solutions entrent dans les processus internes d’une organisation, afin qu’elles deviennent un maillon essentiel des usages. Le SI (système d’information) est tellement vital pour la productivité qu’il faut à tout prix qu’il soit bien ficelé avec la vie de l’entreprise.

Qu’en est-il des enjeux de cybersécurité ?

Sur la partie cybersécurité, il faut être humble car personne ne peut se targuer aujourd’hui d’avoir les meilleurs outils ou logiciels pour assurer une sécurité totale de son SI. Quand bien même vous avez les meilleurs logiciels du marché, cela n’empêchera pas un collaborateur de cliquer sur une pièce jointe frauduleuse d’un email. D’autant plus que les mesures de sécurité peuvent aussi nuire à l’agilité : la double authentification peut par exemple s’avérer très contraignante.

Tous les logiciels des fournisseurs connus embarquent un niveau de sécurité assez suffisant mais il s’agit aujourd’hui d’accentuer la sensibilisation pour éviter les mauvaises pratiques. Ma conviction sur le sujet c’est que si une entreprise est réellement ciblée, des failles seront exploitées quoiqu’il arrive. 

Notre président Pieric Brenier a récemment parlé publiquement de ces cyber-risques et il se trouve que, depuis son changement de nom en septembre, Koesio s’est rendue plus visible et est devenue plus sujet au risque d’attaque. 

Privilégiez-vous les offres technologiques souveraines ?

Lorsque nous faisons l’acquisition de nouvelles entreprises, ces dernières ont déjà leurs partenaires technologiques de longue date et l’objectif n’est pas de s’en défaire, même si ces hébergeurs ou fournisseurs ne sont pas européens. Ce qui fait notre différence c’est la connaissance de nos ingénieurs des solutions disponibles et sur la meilleure manière de les déployer en fonction des usages. En revanche, nous avons bien nos propres datacenters basés en France, avec une sécurisation des données optimale et un niveau d’équipement et de disponibilité satisfaisants. 

Vous venez de recevoir le prix de la meilleure Initiative RSE de la part d’Eben-Lexmark…

Oui, nous avons reçu cette distinction pour notre projet “Eole” de construction d’un centre de reconditionnement des machines d’impression à Valence. Ce chantier a été lancé en novembre 2020 avec un investissement de 5 à 6 millions d’euros. Nous faisons également un travail de récupération de pièces détachées pour les utiliser sur des opérations de maintenance dans notre parc en France. Ces activités existent déjà localement mais rien n’est réellement structuré à l’échelle nationale.

Nous récupérons du matériel vieux de 4 à 5 ans qui doit passer par un circuit de recyclage pour cause d’obsolescence technologique. Nous explorons également les pistes possibles pour recommercialiser du matériel avec un potentiel de seconde vie. Cela peut permettre à plus d’entreprises d’acheter des machines d’occasion.

En parallèle, pour réduire notre bilan carbone, nous travaillons aussi sur l’isolation énergétique de nos bâtiments ainsi que l’électrification de notre flotte automobile. Ce dernier point dépend grandement de l’usage, sur le choix du véhicule et la présence de bornes de recharge sur le territoire. Il faut prendre en compte ces spécificités car il est compliqué d’expliquer à un technicien du jour au lendemain de trouver une borne pour sa voiture électrique alors qu’il utilise déjà une station-service à essence près de chez lui depuis plusieurs années.

34% des ordinateurs possédés par les entreprises à travers le monde n’ont pas la performance requise pour supporter la mise à jour Windows 11, lancée par Microsoft en octobre dernier… Est-ce que ces cas d’obsolescence concernent-ils le marché de l’impression ?

Je n’ai pas vu de rupture technologique majeure sur le marché du copieur. La dernière était celle de la dématérialisation et des imprimantes connectées. Mais la recherche aujourd’hui vise davantage la conception de machines de moins en moins gourmandes en énergie et de moins en moins coûteuse en maintenance. 

Le projet Eole s’intéresse lui surtout à la mécanique et non pas forcément aux carte-mères ou logiciels. En réalité, les entreprises arrivent à conserver des imprimantes plus de dix ans mais pas les ordinateurs.

Le business model du réemploi est-il rentable ?

C’est rentable, il y a une réelle valeur ajoutée à faire des économies en achetant plus de pièces d’occasion et non neuves. Nos offres de matériel reconditionné s’inscrivent dans le frémissement actuel autour des sujets durables et la prise conscience notamment sur l’impact carbone du numérique. 

Depuis mars 2021, un nouveau décret oblige les collectivités territoriales à inclure 20% de matériels reconditionnés dans leur projet d’équipement informatique. Avec Eole nous avons un coup d’avance sur la concurrence pour proposer une offre adaptée à cette réglementation.