Numérique et administrations : le combo détonnant du programme « Entrepreneurs d’intérêt général »

Avec plus de 100 défis relevés et plus de 200 entrepreneurs d’intérêt général recrutés, le programme EIG, qui propose à des professionnels du numérique de développer de nouveaux services pour améliorer le service public, est un réel succès. Tandis que la 6ème promotion a fait sa rentrée, la 5ème organisait fin juin son événement de clôture…

Corine Waroquiers, responsable du programme EIG d’Etalab évoque sa genèse : « Il a été créé fin 2016 à l’initiative de François Hollande et s’est inspiré d’un dispositif similaire lancé aux Etats-Unis en 2012, les « Presidential Innovation Fellows », qui a fait des émules dans d’autres pays comme le Royaume-Uni, l’Allemagne et la Suisse. Son objectif : résoudre des défis d’intérêt général en recrutant et en accompagnant des professionnels du numérique dans l’administration ».

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Les services innovants développés par les EIG en dix mois vont avoir un impact quotidien sur les agents publics ou sur le grand public. « Basegun, par exemple, rend les forces de l’ordre plus efficientes en leur permettant d’identifier des armes à feu à partir de photos, explique Corine Waroquiers. « Grâce à l’outil développé, les citoyens sont préservés des poursuites injustifiées liées aux erreurs de classification. Ils sont également mieux informés sur les armes qu’ils détiennent ».

Sarah Cocher, l’une des EIG du défi, ingénieur des sciences de la donnée, détaille ses avancées. « Basegun est déjà en production en version bêta chez les brigades de gendarmerie du Val d’Oise et le commissariat d’Elancourt, qui nous ont fait plusieurs retours nous permettant d’améliorer l’application. Les prochaines étapes sont l’ajout d’un module d’aide à l’identification des armes factices et d’un module de mesure de l’arme à feu ainsi que de son canon ».

BatID et Smash : de belles innovations pour la 5ème promotion

1 - Cloture 5ème promotion  Copyright : Dinum

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Si ce défi a permis d’accroître la performance des agents publics, d’autres apportent une vraie innovation. « La moitié des défis mènent à la création de solutions innovantes pour les usagers », souligne Corine Waroquiers. Les défis Smash et BatID en sont des exemples parlants. BatID est né de l’association de l’Ademe et du CSTB qui ont demandé aux EIG de créer un référentiel unique du bâtiment.

L’objectif : faciliter le suivi de la politique publique en matière de rénovation énergétique des bâtiments. Une expérimentation avec la Métropole de Toulouse est menée depuis mars 2021. « Sa vocation est de créer une version du référentiel national du bâtiment à l’échelle d’une métropole, explique Elisabeth Talbourdet-Ville, EIG et juriste du numérique. Elle permet de tester les réussites et les limites du modèle de données et des processus envisagés et contribue à la réflexion à l’échelle nationale que nous menons sur la création du référentiel. Les prochaines étapes du défi ? L’adoption d’une définition commune du bâtiment par l’ensemble des acteurs participant au groupe de travail bâti du Conseil national de l’information géolocalisée. « Une version test du référentiel est prévue cette année et nous visons une première version du service numérique courant 2023, à tester avec des communes partenaires, avant un déploiement à l’échelle nationale », précise la juriste.

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2 - Cloture 5ème promotion

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Smash, porté par la direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques du ministère des Solidarités et de la Santé, est un défi capital dans le contexte des accords du Ségur de la Santé. « Il a été mis en place pour développer un outil de simulation de la masse salariale des hôpitaux mais aussi pour mieux étudier et comprendre les carrières et les parcours, explique Jehanne Richet, cheffe du bureau des professions de santé à la Drees.

En effet, les travaux d’évaluation du coût des réformes du Ségur de la Santé ont mis en évidence un besoin d’outils quantitatifs permettant aux directions d’administration centrale sollicitées d’automatiser les chiffrages en réponse aux besoins de projection et d’évaluation ex-ante de la politique salariale de l’hôpital public, de façon rapide et transparente.

Une envie de connaissance plus approfondie des carrières des agents de l’hôpital public et de l’évolution de ces tendances sur les dernières années est également née de ces travaux. « En effet, leur structure et la variabilité des hypothèses possibles sur les décisions des agents en matière d’entrée, de sortie ou de poursuite de leur carrière dans la fonction publique hospitalière expliquent l’essentiel de la variabilité des chiffrages possibles pour une même mesure de politique publique », souligne la DREES.

Développer les partenariats pour trouver des talents

3 - Cloture 5ème promotion

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Les principales briques de base – évolution des effectifs présents en grade, en salaires, création de nouveaux entrants… – sont aujourd’hui en place. « Le gros du travail actuel est une phase de tests pour vérifier qu’elles fonctionnent correctement. Nous travaillons en parallèle sur l’ajout de nouvelles fonctionnalités comme l’inclusion des titularisations et les « CDIsation » ».

Avec ces défis à fort impact, l’Etat compte bien atteindre l’objectif phare de son programme : renforcer son attractivité et proposer des trajectoires professionnelles intéressantes, afin de parvenir à recruter des talents du numérique sur un marché on ne peut plus en tension. « Cette année, 35 % des EIG de la 5ème promotion vont poursuivre dans l’administration avec des CDD, confie Corine Waroquiers. Une autre partie va continuer avec de la prestation de services ».

Toutes les pistes sont étudiées pour trouver des talents du numérique. « Nous cherchons à développer davantage de partenariats avec des écoles, avec des établissements de formation, spécialisés notamment sur les métiers de la data, le plus difficile aujourd’hui étant de recruter des data ingénieurs qui sont des profils rares. En second lieu, nous souhaitons nous ouvrir à des profils en reconversion professionnelle. Ils sont très expérimentés dans d’autres domaines et donc capables de dépasser leur fonction et de faire preuve d’une compréhension globale des besoins de leurs équipes ».