L’analyse du cycle de vie (ou ACV) repose bien sur des standards

Portée par des normes ISO et des standards européens, l’Analyse du cycle de vie (ACV) appliquée aux systèmes d’information et aux services numériques offre une approche multi-composants, multicritères et multi-étapes. Explications par Frédéric Bordage, créateur du site GreenIT.fr.

L’analyse du cycle de vieA horizon 2030, l’empreinte carbone du numérique pourrait tripler, le trafic de données pourrait être multiplié par six et le nombre d’équipements être supérieur de près de 65 % (par rapport à 2020), si rien n’est fait pour réduire l’empreinte environnementale du numérique, selon la dernière étude de l’ADEME et de l’Arcep publiée début mars 2023.

« La problématique est toujours la même, elle est liée au nombre et à la taille des écrans, ainsi qu’au nombre d’objets connectés. Si nous voulons contenir l’empreinte du numérique en France, il va falloir être plus raisonnable sur les taux d’équipement et allonger les durées de vie. Les projections de ce rapport confortent le fait que nous ne sommes pas sur la bonne trajectoire et confirment l’importance de la sobriété numérique », déclare Frédéric Bordage, créateur du site GreenIT.fr.

Les principales sources d’impact que sont les écrans et les objets connectés sont aujourd’hui clairement identifiées et seule une action de la part du législateur pourra permettre de maîtriser les choses. « Le législateur doit aider le marché à se réguler puisqu’il n’y arrive pas par lui-même. Il est nécessaire de contenir la croissance de la mise sur le marché de ces équipements », ajoute Frédéric Bordage.

L’ACV : une méthode globale

Le récent rapport de l’Ademe et de l’Arcep est le troisième volet d’une série d’études dont la réalisation a été demandée le 6 août 2020 par le Gouvernement. Dans l’étude consacrée à l’évaluation de l’impact environnemental du numérique en France, publiée en janvier 2022, l’approche qui a été retenue est celle de l’ACV (analyse du cycle de vie).

L’ACV repose sur une démarche multi-composants (le numérique est décomposé en trois briques matérielles : les terminaux, les réseaux et les centres de données), multicritères (l’évaluation de l’impact environnemental du numérique se fait à travers 12 indicateurs environnementaux, dont l’empreinte carbone fait partie), et multi-étapes (l’analyse intègre les impacts générés lors de toutes les étapes du cycle de vie, à savoir la fabrication, la distribution, l’utilisation et la fin de vie).

« L’ACV repose sur un cadre légal, méthodologique et technique établi, notamment sur des standards ISO – 14040, 14044, 14048, 14071 – qui existent depuis 2006 pour certains. Le Product Environmental Footprint reprend quant à lui les recommandations écrites par les scientifiques indépendants de la Commission européenne pour dire comment les ACV doivent être réalisées et standardiser ces évaluations au niveau européen. Il existe également des PCR – Product Category Rules – qui sont des recettes mises au point par exemple sur l’article 13 de la loi AGEC pour mettre tout le monde d’accord sur comment quantifier les impacts de la même façon », note Frédéric Bordage.

Une boîte à outils opérationnelle

« La boîte à outils de l’analyse du cycle de vie est donc disponible, elle fonctionne et elle est consensuelle. Nous avons par ailleurs la chance de disposer des facteurs d’impact de la base NegaOctet », commente Frédéric Bordage.

La base NegaOctet est le fruit de travaux de recherche menés par LCIE Bureau Veritas, APL Data Center, GreenIT.fr et DDemain dans le cadre de l’appel à projet Perfecto 2018. Cette base contient 1 500 composants et équipements classés selon quatre niveaux de granularité. À chaque équipement sont associés jusqu’à 30 facteurs d’impacts : de l’épuisement des ressources abiotiques au réchauffement global en passant par l’eutrophisation.

« Le cadre européen de l’ACV est en train de s’imposer partout en Europe. C’est le rôle de la Commission européenne de mettre d’accord l’ensemble des États membres de l’Union européenne. C’est en train d’être imposé en France par l’article 2 de la loi Climat et Résilience, par l’article 35 de la loi REEN, etc. », conclut Frédéric Bordage.